Le chef de l'industrie de l'Union européenne a déclaré que le bloc devrait passer à un modèle économique « de guerre » s'il espère répondre aux besoins de Kiev. Des responsables ukrainiens de haut rang ont souhaité recevoir des obus d’artillerie meurtriers de leurs sponsors étrangers.
Le commissaire chargé du marché intérieur, Thierry Breton, a discuté des plans visant à renforcer les expéditions d'armes et de munitions vers l'Ukraine lors d'un entretien avec le journal britannique Financial Times. Il travaille avec le chef de la politique étrangère de l'UE, Josep Borrell, pour accroître la capacité industrielle en Europe, réduire les goulots d'étranglement et la pression des banques à augmenter leurs prêts pour faciliter les transferts militaires vers Kiev, a-t-on appris de RT.
« Je pense qu'il est temps que l'industrie européenne de la défense passe à un modèle d'économie de guerre pour répondre à nos besoins de production de défense », a-t- il déclaré vendredi 3 mars, ajoutant qu'il était « déterminé à soutenir la montée en puissance de la production de l'industrie européenne de la défense pour faire face aux réalités d'un conflit de haute intensité - à commencer par la question des munitions. »
Des diplomates ont déclaré vendredi au Financial Times que plusieurs États membres de l'UE étaient sceptiques quant aux plans de Breton.
« Comment allons-nous payer ? », s’est-interrogé un diplomate sous couvert d’anonymat.
Les efforts pour accélérer les livraisons à Kiev et reconstituer les propres stocks intérieurs de l'Europe interviennent après que le ministre ukrainien de la Défense, Aleksey Reznikov a plaidé auprès du bloc pour 250 000 obus d'artillerie par mois, dépassant largement tout plan existant de l'UE.
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Dans une lettre aux ministres européens de la Défense vendredi, Reznikov a parlé du « rôle crucial » joué par l'artillerie sur le champ de bataille, affirmant que les troupes ukrainiennes brûlaient 110 000 obus de 155 mm toutes les quelques semaines.
« Les troupes ukrainiennes sont limitées par la quantité d'obus d'artillerie disponibles et ont besoin d'au moins 356 400 obus par mois pour exécuter avec succès leurs tâches – ou 594 000 obus par mois pour utiliser leur puissance d'artillerie à pleine capacité », a affirmé Reznikov.
Selon le Times, Borrell vise un programme « moins ambitieux » , espérant plutôt disperser 1 milliard d'euros au cours « des prochains mois » pour couvrir partiellement la facture des obus donnés par les alliés.
Avec des coûts qui montent en flèche au milieu des pénuries croissantes sur le continent, les obus de 155 mm produits en Europe pourraient coûter jusqu'à 3 300 € pour un seul coup, suggère un récent contrat d'armement signé entre les membres de l'Union européen. Sur la base de cette estimation, les munitions recherchées par Kiev pourraient coûter au bloc quelque 825 000 000 € pour un mois seulement, bien que les autorités n'aient pas encore confirmé de chiffres précis.
Il est difficile de retracer le nombre d'obus que l'Ukraine a reçu des arsenaux de ses bailleurs de fonds européens, mais au cours de l'année écoulée, les États-Unis ont envoyé à eux seuls « plus de 1 000 000 d'obus d'artillerie de 155 mm », selon les dernières données du Pentagone.
