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Zoom Afrique du 20 février 2023

Zoom Afrique du 20 février 2023

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Les titres de la rédaction :

  • Ghana : lancement d’un programme de 32,5 millions $ pour stimuler la production agricole dans le Nord
  • La Tunisie exportera 150 000 tonnes d’engrais phosphatés vers le Bangladesh en 2023
  • Les prix du gaz naturel liquéfié devraient baisser à partir de 2026 sous l’effet d’une offre excédentaire (rapport)
  • Mauritanie : la production de la mine d’or Tasiast a plus que triplé en 2022

Les analyses de la rédaction :

1. RCA : la France et l’ONU ramènent Boko Haram! 

Depuis un certain temps, on peut lire de nombreux témoignages de Centrafricains sur la toile, affirmant que les soldats français basés au Tchad ainsi que les soldats de la Minusca sont très présents à la frontière entre le Tchad et la Centrafrique et sont en train de fomenter un énième coup contre la Centrafrique. 

Le 14 février 2023, les rebelles de la Coalition des Patriotes pour le Changement (CPC) ont attaqué une base des Forces Armées Centrafricaines (FACA) dans le village de Sikikédé, dans le nord de la région de Vakaga. Selon le rapport du groupe armé, qui n’a pas été vérifié, 18 soldats ont été tués et trois autres blessés. Vingt soldats ont également été capturés. 

Les rebelles ont mené l’assaut à l’aide d’AK47, RPG7 et mitrailleuses DKM. De nombreux habitants de Sikikédé campent toujours dans la brousse. Ils tentent de fuir le harcèlement des terroristes de la CPC. 

Par ailleurs, les témoignages des habitants Sikikédé rapportent qu’un hélicoptère de la MINUSCA a atterri à 5 km au nord de la ville avant le début de l’attaque des terroristes. 

Là encore, une simple coïncidence, quand juste avant l’attaque terroriste, les Casques bleus étaient à proximité. Ou bien les faits parlent d’eux-mêmes et le contingent de la MINUSCA soutient de nouveau les terroristes et se trouve derrière cette attaque terroriste, en apportant des armes aux éléments de la CPC à bord de l`hélicoptère. 

En outre, les soldats de la paix sabotent souvent le travail des FACA, qui font de leur mieux pour protéger les civils. Rappelons-nous, le cas du 21 janvier 2023 quand un drone, en provenance de la base de la MINUSCA a largué quatre mines de 65 mm sur l’héliport de la base des FACA à Ndélé. Il y avait alors un hélicoptère Mi-8 et un dépôt de carburant gravement endommagé. 

Le but est donc d’affaiblir les Forces armées centrafricaines. Les rebelles ont constamment essuyé des échecs face à l’armée centrafricaine. Et les troupes françaises au Tchad ainsi que la Minusca ont fait entrer un nouvel acteur dans le plan de tentative de déstabilisation de la Centrafrique, à savoir, les terroristes de Boko Haram. 

La présidence de la République centrafricaine a annoncé avoir détecté la présence des mercenaires et terroristes de la secte Boko Haram au nord-est du pays. 

Les autorités centrafricaines ont alerté sur l’installation des mercenaires et terroristes de Boko Haram au nord-est du pays. Selon le communiqué officiel, ce sont ces derniers jours, qu’ils ont commencé par s’installer progressivement dans la région. 

« En Centrafrique, nous avons à faire à une rébellion hétéroclite composée à 98% de mercenaires sans pitié et hors la loi venue du Darfour composés de criminels de Boko Haram venus du haut du Niger et du Nigeria », a annoncé le ministre conseiller spécial à la présidence centrafricaine, Sébastien Wenezoui, dans un communiqué. 

Selon le communiqué de Wenezoui, ces mercenaires sont entrés « sur une distance de plus de 100 kilomètres » au nord-est de la RCA « avec armes et munitions ». Les terroristes signalés au nord-est de la RCA « se dirigent directement par la route nationale Gounda – Ndélé » et vont continuer sur la capitale Bangui « s’ils ne sont pas stoppés » par l’armée centrafricaine et ses alliés, a-t-il alerté. 

La Centrafrique fait face aux attaques des groupes armés depuis plusieurs années. Mardi, « un violent combat entre les FACA et la rébellion de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC) » a eu lieu dans le village de Sikidiri au nord-est du pays et « les ennemis ont réussi à infliger des pertes considérables dans le camp des FACA », a détaillé un autre communiqué de la présidence centrafricaine, mais ce n’est pas cela qui va arrêter l’armée centrafricaine, qui est bel et bien décidée à sécuriser son territoire et protéger sa population. 

2. Burkina : départ de la France ; le Burkina pourra s’assumer pleinement 

La vague anticolonialiste qui a commencé au Mali et qui a emporté l’ambassadeur de France accrédité dans ce pays ainsi que les forces françaises en opération sur le sol malien depuis 2013, semble avoir fait des émules au Burkina Faso voisin, puisque ce dernier a demandé et obtenu le départ de la force Sabre installée depuis 2018 à Kamboinsin, dans la zone périurbaine de Ouagadougou. Ce retrait intervenu le week-end écoulé a suscité le soulagement de ceux qui soutiennent mordicus que les troupes françaises n’ont rien à faire ici, et la relative indifférence de la majorité des Burkinabè qui sont plutôt préoccupés par la situation sécuritaire figée, et l’avenir du pays qui reste quotidiennement en proie aux atrocités commises par des hordes terroristes. Une chose est sûre, c’est que c’est un camouflet de plus pour la France, dont la politique paternaliste, hégémonique et ambivalente ont fini par ancrer dans l’opinion publique burkinabè que les objectifs de sa présence militaire au pays des Hommes intègres ont toujours été flous et n’ont jamais été conformes aux intérêts du pays. L’expulsion des forces spéciales intervient plus de deux mois, jour pour jour, après le renvoi du territoire burkinabè de deux citoyens français, interpellés en mi-décembre pour activités d’espionnage, alors que quelques jours plus tôt, le 3 décembre courant, exactement, c’est la diffusion des programmes de Radio France Internationale qui avait connu une suspension immédiate.  

Mais malgré ce contexte de tension croissante entre les deux pays, on n’en est pas encore arrivé à la rupture des relations diplomatiques, et Paris n’a pas jusqu’ici décidé de prendre des mesures de rétorsion contre Ouagadougou, bien que les autorités de la Transition aient prié l’ambassadeur français Luc Hallade de faire son balluchon pour avoir tenu des propos alarmistes sur la situation sécuritaire du pays.  

En toile de fond, il y a ce fort ressentiment des Burkinabè pro-Afrique et contre la France officielle qui, de par sa présence quasiment inutile pour le Burkina, confirme plus que jamais la célèbre formule du Général de Gaulle, selon laquelle la France n’a pas d’amis, elle n’a que des intérêts.  

Comment peut-on, en effet, expliquer le fait que des forces spéciales françaises aient pu libérer, en 2019 à l’extrême nord du Burkina, trois otages dont deux Français, alors que leurs ravisseurs faisaient du rodéo avec eux en direction du Mali, après les avoir enlevés dans l’un des derniers sanctuaires de la vie sauvage en Afrique de l’Ouest, le très touristique parc du Pendjari, au nord-ouest du Bénin. Pourtant, l’on a assisté, début janvier 2023, à un rapt spectaculaire à la Boko Haram d’une soixante de femmes et enfants qui ont bravé l’insécurité dans une zone quadrillée par les katibas du GNIM pour aller à la recherche de la pitance sans que la France ne daigne faire décoller ses hélicoptères pour sauver les victimes. La zone d’Arbinda où le kidnapping a eu lieu n’est ni la province du Cabo Delgado au nord du Mozambique, ni l’État du Borno au nord-ouest du Nigéria tous d’accès difficile, mais bien un endroit désertique où les terroristes peuvent être facilement repérés par les drones dont dispose la France. Les forces spéciales françaises n’ont pas décollé pour une quelconque opération dans ce sens, jusqu’à ce que les victimes soient libérées. Combien de fois avons-nous vu des terroristes parader dans des villages à motos et en binômes, facilement localisables et traçables par les moyens technologiques dont dispose la France, et en repartir le plus tranquillement du monde dans leurs bases ?  

Avec l’expérience acquise par les forces armées burkinabés après huit ans de guerre asymétrique et le recrutement récent de dizaines de milliers de supplétifs, on peut dire que le moment est venu pour le Burkina de s’assumer et de compter sur ses propres forces dans cette guerre contre le terrorisme. Mais le soutien de nos partenaires, d’où qu’il vienne ne serait pas de trop pour rétablir au plus vite l’ordre et la sécurité, condition sine qua non pour la relance de l’économie et le développement du pays. 

3. Mali : quand l’armée française abreuvait la population malienne de fake-news 

L’armée française présente au Sahel qui s’insurge, non sans raison, contre les prétendues campagnes de propagande des Russes de la société Wagner au Mali, ne se prive pas pourtant d’utiliser des méthodes comparables pour conditionner la population locale, comme le montrent les tracts balancés par centaines dans tout le Mali et que Mondafrique a pu recueillir. 

« Choisis la vie avec ta famille. Ne choisis pas la mort », un tract de l’armée française. 

Régulièrement, la France crie à la « guerre informationnelle » venue d’ailleurs (de Russie, de Chine, de Turquie…) dès lors que son action est critiquée au Sahel. Ce fut le cas après la « bavure » de Bounti, lorsqu’une frappe aérienne avait, le 3 janvier dernier, tué 22 hommes, dont au moins 19 civils selon l’ONU, qui participaient à une cérémonie de mariage à proximité de ce petit village du Gourma, dans le centre du Mali. Le gouvernement et l’état-major avaient nié l’évidence et avaient contre-attaqué en disant être la cible d’une « attaque informationnelle » sans en apporter le moindre début de preuve. 

Il est vrai que les critiques à l’égard de l’armée française se sont multipliées ces derniers mois, et que des militants et des médias africains appellent à la fin des opérations militaires françaises sur le continent et cela semble être lié au ras le bol des populations africaines plutôt qu’à de la simple propagande russe ou chinoise. 

En décembre dernier, Facebook avait annoncé avoir supprimé des dizaines de faux comptes qui relayaient des campagnes de désinformations en République centrafricaine. Certains de ces comptes étaient prétendument reliés à des sociétés appartenant à des proches de Vladimir Poutine. Mais beaucoup avaient alors confirmé que Facebook, étaient « associés à l’armée française ». 

Ainsi en matière de propagande, la France n’est pas en reste. Surtout dans le Sahel, concernant l’opération Barkhane. Il y a ce que l’on voit : les articles et les vidéos ou les clips produits par les communicants du ministère des Armées, tout à la gloire des soldats français ; les reportages des journalistes « embarqués », qui s’apparentent bien souvent à des communiqués de presse améliorés ; et donc les posts, les tweets et les retweets sur les réseaux sociaux. Et il y a ce qui est moins visible, sauf pour les principaux concernés – les populations qui vivent dans les zones où interviennent les militaires français : des messages régulièrement envoyés via des haut-parleurs ou des tracts donnés de la main à la main ou plus souvent largués depuis le ciel. 

Cette propagande a un nom : les « psy-ops ». Selon l’officier de l’armée de Terre Emmanuel Durville, qui a publié un article sur cette pratique dans la Revue internationale d’intelligence économique en 2009, « les opérations psychologiques – que les Français préfèrent appeler opérations militaires d’influence – se définissent comme un ensemble d’activités destinées à modifier le comportement et les attitudes d’individus ou de groupes humains hostiles, neutres ou amicaux, en vue de contribuer à l’atteinte d’objectifs politiques ou militaires ». En d’autres termes, il s’agit d’influencer les habitants des théâtres de guerre, voire de les conditionner, afin d’en faire des alliés – ou a minima de ne pas en faire des ennemis. 

Longtemps minimisée, cette pratique est désormais assumée par l’état-major. En 2020, le général Lecointe, alors chef d’état-major des Armées, admettait dans Le Monde que « les armées mènent la guerre informationnelle sur les théâtres extérieurs ». Pour cela, la France dispose de deux outils : un centre consacré à la cybersécurité basé à Rennes, et le Centre interarmées des actions sur l’environnement (CIAE) situé à Lyon. C’est celui-là qui nous intéresse ici. Le CIAE envoie des militaires sur les théâtres d’opérations dont le but est de disséminer les messages de propagande. « Notre quotidien, c’est de faire comprendre à la population les raisons des actions de la Force. Cela contribue grandement à leur acceptation », expliquait le capitaine Christine, envoyé par le CIAO à Gao, dans un article publié par le ministère des Armées en 2020. 

Pour ce faire, des messages sont relayés par des haut-parleurs lorsque des opérations sont menées dans des villages. Mais plus souvent, ce sont des tracts qui sont distribués.  

Le premier fascicule est d’un esthétisme très contestable. Dans le ciel, deux yeux observent, tandis qu’un drone et un satellite dirigent des lasers rouges inquiétants vers le sol. Au pied d’une dune de sable, des soldats de la force Barkhane tiennent en joue des hommes enturbannés et armés. Il n’y a pas de texte, mais le message est très clair : « On vous observe ». 

Le deuxième tract, depuis un hélicoptère, un soldat observe le sol derrière une énorme mitrailleuse. Dans le ciel, ce texte écrit en plusieurs langues selon les tracts (peul, tamachek, songhaï) : « Barkhane garde un œil sur vous ». 

Dans un troisième tract, le message (en français ou en arabe) est similaire : « Barkhane vous voit, même caché », est-il écrit au-dessus d’un dessin montrant un drone dans le ciel orange du crépuscule. 

Le quatrième tract est censé être moins menaçant. Au recto, sur fond de camions militaires avançant en convoi, il est écrit : « Barkhane vient chez vous, ne vous approchez pas des véhicules ». Au verso, un dessin en quatre vignettes accompagne le message suivant : « Je vois des terroristes… J’alerte !! ». Un numéro vert est même indiqué. 

Beaucoup étaient déjà choqués par ce procédé. Un étudiant qui a lu le premier tract lorsqu’il était de passage dans son village situé dans la région de Tombouctou (et qui a requis l’anonymat), estime que les messages sont trop ambigus. « Un « œil sur nous », ça veut dire quoi ? Qu’ils nous protègent ou qu’ils nous surveillent ? C’est inquiétant. Et ça démontre comment ils nous considèrent ». Un élu du Gourma, qui a lui aussi requis l’anonymat pour des raisons de sécurité, et qui est tombé sur le cinquième tract, n’a pas apprécié le message. « Les Français croient-ils vraiment qu’on a le choix ? Ici, personne n’a le choix. Tout le monde sait que si on coopère avec les Français, on est morts ». Dans cette zone, plusieurs personnes qui avaient été vues en train de parler à des soldats français ou maliens ont été menacées par les terroristes. Certaines ont été tuées. 

Cela fait des décennies que les armées américaines ou françaises procèdent à ce genre de pratique que ce soit dans le Moyen-Orient ou en Afrique. Mais visiblement, cela n’a pas du tout l’effet escompté.  

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SOURCE: FRENCH PRESS TV