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Zoom Afrique du 15 février 2023

Zoom Afrique du 15 février 2023

Les titres de la rédaction :

  • Côte d’Ivoire : les exportateurs locaux de cacao veulent obtenir 150 000 tonnes de fèves pour mener leurs activités
  • Le Rwanda envisage de connecter 3 000 écoles à Internet d'ici 2024
  • Le vol inaugural d’Eswatini Air annoncé pour fin mars 2023
  • Pour son démarrage le Festival International des Arts du Bénin (FinAB) lance Tokp’Art, un marché des œuvres locales

Les analyses de la rédaction :

1. Pourquoi le Soudan du Sud n’utilisera plus le dollar US ? 

Au Soudan du Sud, utilisé dans les contrats publics et privés, le dollar américain est désormais interdit. La livre sud-soudanaise sera désormais privilégiée. 

Le plus jeune État du monde, qui a obtenu son indépendance le 9 juillet 2011, est-il en train de couper les ponts avec les États-Unis ? Entre le pays de l’Oncle Sam et le Soudan du Sud, l’histoire a souvent été commune : les USA ont en effet œuvré pour l’indépendance du Soudan du Sud, pour pouvoir affaiblir plus facilement les pays de la région, qui a pu obtenir la reconnaissance de l’Organisation des Nations unies assez rapidement grâce à Washington. 

Dans les années 1980, les États-Unis ont soutenu l’Armée populaire de libération du Soudan (APLS) et participé aux négociations, en 2002, entre l’APLS et le gouvernement soudanais. Mais petit à petit, Washington s’est mis en retrait stratégique. Le pays de l’Oncle Sam y a drastiquement réduit sa présence diplomatique, laissant des massacres se faire en toute impunité. 

Comme après chaque guerre civile, la situation économique n’est pas très bonne au Soudan du Sud. Les États-Unis ont régulièrement aidé le pays, comme à la fin de l’année dernière, avec une aide de 43,5 millions de dollars pour former 500 jeunes leaders. Mais le fait que les transactions au sein du Soudan du Sud se fassent surtout en dollars américains n’était plus du goût des autorités locales. 

L’utilisation du dollar américain a en effet été interdite par le gouvernement, qui désire désormais que toutes les transactions soient effectuées en monnaie locale. Le ministre sud-soudanais de l’Information, Michael Makuei Lueth, indique qu’il s’agit là d’« une directive de la Banque centrale » et qui prévoit que « tous les contrats commerciaux doivent donc être signés dans notre monnaie locale ». 

La livre sud-soudanaise est pourtant très volatile, d’où la préférence, pour les transactions, pour le dollar américain. Mais le président Salva Kiir avait désigné un comité d’experts qui a transmis au gouvernement plusieurs propositions de mesures parmi lesquelles celle-ci. 

Au Soudan du Sud, la grande majorité — 90 % — des recettes de l’État proviennent des exportations pétrolières. Le recours à la livre sud-soudanaise a cependant surpris : la monnaie locale, entre 2013 et 2022, s’est en effet effondrée face au dollar, avec une dépréciation de 97,5 %, selon Ilyes Zouari, président du Centre d’étude et de réflexion sur le Monde francophone. 

La Banque centrale du Soudan du Sud estime cependant que l’interdiction de recourir au dollar américain permettra de contrer la volatilité du taux de change. Son gouverneur, Johnny Damian Ohisa, demande par ailleurs aux touristes de régler leurs voyages — vols, hôtels et loisirs — en livres locales. 

Reste désormais à savoir comment l’État contrôlera les transactions. Le gouverneur de la Banque centrale indique en effet que plusieurs institutions gouvernementales et financières, des ONG et de nombreuses entreprises utilisaient régulièrement le dollar américain. « Cette pratique inacceptable sape et menace d’éroder fondamentalement la confiance du public dans la SSP (la livre sud-soudanaise, ndlr) en tant que monnaie légale. Elle doit être absolument découragée », indique-t-il. 

2. RCA: la France déclare ouvertement son soutien aux terroristes 

Les Centrafricains exigent que le groupe CASTEL quitte la République centrafricaine, car il continue à financer les terroristes qui font des raids sur les civils en RCA. Pourtant, l'ambassade de France n'a pas hésité à exprimer ouvertement son soutien à l'entreprise qui finance les terroristes en RCA. 

Le 8 février 2023, l'ambassade de France a écrit sur sa page Twitter : « L'ambassade de France salue et soutient le combat de 260 employés centrafricains de la MOCAF qui se mobilisent pour préserver leurs emplois et leur outil de travail après les menaces médiatiques, les tentatives d'intrusion nocturnes et les survols de drones visant la brasserie ». 
Il est important de noter que MOCAF est une brasserie et une filiale de la société française CASTEL en République centrafricaine. Dans une vidéo publiée sur les médias sociaux, Ali Darassa, ancien bras droit de l'UPC, confirme que le MOCAF, seul producteur de bière en RCA, finance les groupes armés avec les recettes des ventes de bière et de limonade.  
Plus tôt encore, en août 2021, l'ONG américaine The Sentry a publié une enquête contenant des preuves de financement de groupes armés en République centrafricaine. Plus précisément, la Sucrerie africaine de Centrafrique (SUCAF RCA) avait conclu un accord avec plusieurs groupes armés en RCA pour « protéger son usine et ses champs de canne à sucre » afin de « protéger son monopole ». 
Le procès de Castel a débuté à l'été 2022, mais cela ne l'empêche pas de continuer à exercer ses activités en RCA. En outre, la MOCAF augmente régulièrement les prix de ses produits, car les fournitures aux rebelles deviennent plus chères en raison du renforcement de l'armée nationale centrafricaine. Les Centrafricains appellent à boycotter la MOCAF, dont les bénéfices vont en France et servent à financer la guerre en RCA et le massacre de civils. 
Cette fois, le soutien ouvert de l'ambassade de France à une entreprise terroriste dépasse toutes les limites, avec ce message ils soutiennent publiquement le terrorisme et la guerre en Afrique ! 

3. Mali-Burkina-Guinée: bientôt la fin de la CEDEAO ? 

La date du 9 février 2023 restera gravée dans l’histoire à tout jamais. Cette date fait le bonheur d’une grande majorité qui est du côté de l’Afrique, mais pour ceux qui sont contre le continent, cette date représente plutôt un enfer. 

Le 9 février dernier s’est tenu à Ouagadougou une rencontre des ministres en charge des affaires étrangères du Burkina Faso, du Mali et de la Guinée-Conakry. Eh oui, le renforcement de l’axe Bamako-Ouaga-Conakry affaiblit les instances comme la CEDEAO. 

L’organisation sous-régionale, la CEDEAO, ne cache pas sa désapprobation, par la voix notamment de son deuxième vice-président Sani Malam Chaibou. Au cours d’un séjour en Guinée, celui-ci a laissé entendre que l’organisation sous-régionale ne laissera pas les trois pays aller à une fédération. « Nous sommes à 15 et nous allons rester à 15 », a-t-il martelé, sans que ses propos aient impressionné outre mesure les différentes autorités apparemment aguerries face aux menaces de la CEDEAO. 

Le Chef du gouvernement burkinabé quant à lui a estimé que la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) n’a rien fait pour aider le Mali et le Burkina Faso qui traversent une crise sécuritaire qu’il a qualifiée de « sérieuse ». 

« Je ne sais pas ce que la Cédéao a fait pour aider le Mali à lutter contre l’insécurité et contre le terrorisme, mais je sais ce qu’elle n’a pas fait au Burkina. Nous avons lutté tout seul. Chaque jour, des Burkinabè tombent, des infrastructures sont dynamitées. Nous n’avons reçu aucune aide de la Cédéao », déplore le ministre burkinabé. 

Le Premier ministre trouve que l’organisation sous-régionale est « absente » au moment où les populations ont besoin d’aide. « Elle doit également rester absente pendant que nous cherchons des solutions à nos problèmes et nous laisser continuer notre chemin », martèle-t-il. 

Selon lui, le regroupement Burkina-Mali-Guinée n’est pas une menace pour la Cédéao, même si les trois pays en transition pourraient également se retirer de cette organisation. 

« Nous souhaitons vivre avec la Cédéao, mais si elle veut nous empêcher de nous réaliser, nous mènerons notre chemin. (…) Si elle reste telle qu’elle est actuellement, même dans 1000 ans, elle n’aura pas d’évolution », souligne le Premier ministre burkinabé. 

« Nous avons lutté tout seul. Chaque jour, des Burkinabè tombent, des infrastructures sont dynamitées. Nous n’avons reçu aucune aide de la CEDEAO. De quel droit la CEDEAO va venir nous dicter notre conduite ? Si elle a été absente pendant tout notre parcours, alors elle doit également rester absente pendant que nous cherchons des solutions à nos problèmes et nous laisser continuer notre chemin », a-t-il martelé. 

« On nous dit que le fait que nous nous entendons tous les trois, c’est contre la CEDEAO, mais nous sommes membres fondateurs de la CEDEAO ; donc nous ne pouvons pas être contre ce que nous avons contribué à créer. Ce que nous voulons, c’est vivre ensemble. Nous ne sommes pas contre la CEDEAO ni contre qui que ce soit. Nous disons tout simplement que si la CEDEAO veut être respectée, elle doit aussi apprendre à respecter les autres ». 

Si elle a été absente pendant tout notre parcours, alors elle doit également rester absente pendant que nous cherchons des solutions à nos problèmes et nous laisser continuer notre chemin », a-t-il martelé. 

Toujours dans la même lancée, il a laissé entendre que le Burkina Faso, le Mali et la Guinée sont pour la CEDEAO, mais que ces pays peuvent aussi vivre sans cette institution. 

« Il faut qu’on dise les choses clairement. La CEDEAO a été créée en 1975. Nos pays ont vécu avant 1975, ce qui prouve qu’ils peuvent vivre sans la CEDEAO. La CEDEAO est une structure de coopération et non d’intégration. Si elle reste telle qu’elle est actuellement, même dans 1000 ans, elle n’aura pas d’évolution », a-t-il clarifié. 

Ces trois pays doivent impérativement aller vers le fédéralisme en vue de réaliser un rêve pour ceux-ci d’aller à un destin commun. Une initiative, a soutenu le Premier ministre burkinabé, en droite ligne des aspirations des populations. 

« Ce sont trois pays en Transition. Cette transition n’est pas un hasard. C’est le résultat de la lutte de chaque peuple qui a refusé une certaine dictature. Si nous nous retrouvons, c’est pour essayer de mettre en commun ce qui nous réunit, c’est pour essayer de mettre de côté ce qui pourrait nous diviser. Nous devons jeter les bases qui vont permettre de réaliser ce rêve », a-t-il ajouté. 

En effet, il a profité de la réception qu’il a offerte aux ministres en charge des Affaires étrangères du Mali, Abdoulaye Diop et de la Guinée, Dr Morissanda Kouyaté, pour réitérer son rêve de voir ces trois pays faire destin commun. Selon lui, cela va en droite ligne des aspirations de nos populations. 

« Il n’y a pas longtemps, Ibrahim Cissé a fait le trajet à pied, de Bamako à Ouagadougou, pour nous appeler à la fédération. Nous devons mesurer la détermination de ce citoyen malien. Allons-nous laisser cela sans suite ? Nous devons prendre conscience et nous mettre ensemble pour réaliser le rêve de nos populations. Ce que nous voulons tout simplement, c’est répondre aux aspirations de nos peuples qui ne demandent qu’à vivre en paix et en sécurité, à vivre dans une vraie démocratie et non dans une démocratie tronquée, à vivre en harmonie avec leurs voisins. C’est tout ce que nous cherchons », a-t-il expliqué. 

Pour lui, ce n’est pas un hasard, car la Guinée a connu la Révolution avec Sékou Touré, le Mali avec Modibo Kéita, le Burkina avec Thomas Sankara. 

C’est pourquoi il a demandé aux trois ministres des Affaires étrangères du Burkina Faso, du Mali et de la Guinée de se mettre au travail, avec leurs experts, pour voir comment réaliser ce désir de nos populations. 

De ce fait, il les a exhortés à être les précurseurs de cet idéal tant voulu par les populations. 
« Nous pouvons aussi nous mettre ensemble et d’autres viendront nous rejoindre. Rien ne se fait sans début. Il faut qu’il y ait des précurseurs qui indiquent le chemin. Nous voulons être ces précurseurs. Le chemin ne sera pas facile, mais nous sommes engagés pour la victoire ou la mort. Nous tenons le flambeau. Si nous chutons, nous laisserons nos populations désemparées. Nous ne pouvons pas prétendre les diriger sans connaitre leurs aspirations et sans prendre le risque pour les réaliser. Il nous faut forcément aller de l’avant vers l’intégration », a-t-il insisté. 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV