Le Brésil a limogé son ambassadeur en Israël, Gerson Menandro Garcia de Freitas. Le renvoi du général de Freitas indique un changement de politique de Brasilia envers l'entité sioniste.
Le ministre brésilien des Affaires étrangères Mauro Vieira a démis de ses fonctions l’ambassadeur Gerson Menandro Garcia de Frietas en Israël et a ordonné son transfert, ont rapporté les médias brésiliens.
Il s'agit de l'une des premières mesures prises par le nouveau président Luiz Inacio Lula da Silva qui a battu l’extrême droite Bolsonaro lors des élections présidentielles du 30 octobre, mettant fin au règne de l’extrême droite sur le Brésil et ramenant le soutien public du Brésil à la Palestine.
Proche allié de l’ancien président brésilien Jair Bolsonaro, ce général à la retraite a été nommé à son poste en 2020 dans le but de renforcer la coopération sécuritaire avec Israël, comme l'a écrit le site d’information israélien, Walla.
« Quand il était président, Bolsonaro a largement changé la politique étrangère de son pays, et adopté une position plus pro-israélienne que ses prédécesseurs », note Walla, « Il a même changé le modèle de vote du Brésil dans les organisations de l’ONU concernant les questions israélo-palestiniennes. »
Le ministre Mauro Vieira a effectivement limogé de Frietas de son poste peu après qu’il est devenu le plus haut diplomate du pays.
Le nouveau ministre des Affaires étrangères Mauro Vieira a mentionné la question palestinienne dans son discours d’investiture, affirmant que le Brésil « reprendra sa position traditionnelle et équilibrée maintenue pendant plus de sept décennies » et soutiendra la solution de deux États « complètement viables, coexistant côte à côte en toute sécurité avec des frontières internationalement reconnues ».
L’abandon par le nouveau gouvernement brésilien de la politique étrangère pro-israélienne de son prédécesseur et l’annonce par le Chili de l’ouverture d’une ambassade dans les territoires occupés de la Palestine, ont suscité l’espoir en Amérique latine d’un changement des positions régionales sur le conflit israélo-palestinien.
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Juste un jour après que le président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva a pris ses fonctions le 1er janvier, le Brésil a annoncé un changement radical dans sa diplomatie.
Le 5 janvier, lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU pour discuter de la visite provocatrice du ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, dans l’enceinte de la mosquée Al-Aqsa à Qods, la délégation brésilienne a déclaré que l’acte était « profondément alarmant » et pourrait jeter de l’huile sur le feu de la violence dans la région.
Il s’agit d’une transformation majeure de la politique brésilienne étant donné que l’ancien président de droite Jair Bolsonaro était un allié fidèle d’Israël et prévoyait même de déplacer l’ambassade de son pays de Tel-Aviv à Qods; l'idée qu'il a abandonné après les protestations des pays arabes qui ont mis en péril le commerce brésilien avec le monde arabo-musulman.
La nouvelle diplomatie brésilienne a été proclamée quinze jours seulement après que le président de gauche du Chili, Gabriel Boric, a dévoilé son projet de transformer le bureau de représentation de son pays dans la ville palestinienne de Ramallah en ambassade.
Il a révélé son intention lors d’une célébration de Noël le 21 décembre au Club Deportivo Palestino, une organisation sportive sociale créée par des immigrants palestiniens en 1920.
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Pendant des années, les communautés d’Amérique latine se sont réunies pour dénoncer l’occupation de la Palestine par Israël. La forte solidarité avec la Palestine sur le continent a poussé les gouvernements à dénoncer les exactions d’Israël.
Le Chili compte la plus grande communauté palestinienne du monde en dehors du Moyen-Orient, comprenant environ 500 000 personnes.
« Nous ne pouvons pas oublier une communauté qui souffre d’une occupation illégale, une communauté qui résiste, une communauté qui voit ses droits et sa dignité violés chaque jour, et que c’est absolument injuste », a déclaré Boric.
Le lendemain, la ministre chilienne des Affaires étrangères, Antonia Urrejola, a réaffirmé le plan de l’ambassade, mais n’a pas fourni de calendrier.
Les experts voient la décision de Boric comme une invitation aux autres pays d’Amérique latine à emboîter le pas. « Ce n’était pas seulement une action visant à intensifier les relations entre les deux pays [Chili et Palestine] et à reconnaître pleinement le droit du peuple palestinien à l’autodétermination, c’était aussi un geste qui peut être imité par d’autres dirigeants régionaux », a précisé l’analyste politique Jaime Abedrapo à Arab News.
Jaime Abedrapo a déclaré que le ministère chilien des Affaires étrangères avait progressivement avancé vers un tel plan au fil des ans et que de larges segments de la société soutenaient l’annonce de Boric, y compris des politiciens de droite.
Selon lui, le fait que le Brésil adhère à nouveau à l’agenda de Lula pour le Moyen-Orient est très pertinent compte tenu de l’importance du pays en Amérique latine.