Les exportations de gaz russe vers l'Europe via des gazoducs ont chuté à un niveau post-soviétique en 2022, son plus gros client ayant réduit ses importations en raison du conflit en Ukraine et d’un important dommage infligé au pipeline Nord Stream, issu des explosions mystérieuses.
L'Union européenne, traditionnellement le plus grand consommateur de pétrole et de gaz de la Russie, parle depuis des années de réduire sa dépendance à l'égard de l'énergie fossile russe, mais Bruxelles est devenue sérieuse à ce propos, après que le Kremlin a envoyé des troupes en Ukraine en février.
Le directeur général de la société Gazprom, Alexei Miller, un allié de longue date du président Vladimir Poutine, a déclaré que les exportations de la société russe en dehors de l'ex-Union soviétique atteindraient 100,9 milliards de mètres cubes cette année.
Cela représente une baisse de plus de 45 % par rapport à 185,1 milliards de mètres cubes en 2021 et comprend les livraisons à la Chine via le gazoduc Power of Siberia, par lequel Gazprom a fourni 10,39 milliards de m3 l'année dernière.
La Russie a accusé le personnel de la marine britannique d'être à l'origine des explosions, une allégation qui a été rejetée par Londres.
Les exportations de gaz russe via le gazoduc Nord Stream 1 ont totalisé un record de 59,2 milliards de mètres cubes l'an dernier.
Les 100,9 milliards de mètres cubes d'approvisionnement en gazoducs russes, que Gazprom définit comme des exportations vers « l'étranger lointain », ou en dehors de l'ex-Union soviétique, sont l'un des plus bas depuis l'effondrement de l'État soviétique en 1991.
L'un des précédents creux post-soviétiques des ventes de gaz de Gazprom à "l'étranger lointain" était de 117,4 milliards de mètres cubes en 1995, selon Gazprom Export.
« La production de gaz naturel de Gazprom est passée de 514 milliards 800 millions de mètres cubes en 2021 à 412 milliards 600 millions de mètres cubes en 2022, Selon Miller.
Selon l'organisme gouvernemental Rosstat, la production russe de GNL a augmenté de près de 10 % en janvier-novembre pour atteindre 29,7 millions de tonnes.
Et la Russie a réussi à compenser la baisse des importations de gaz vers l'Europe par la hausse des prix de l'énergie, ses recettes budgétaires provenant du pétrole et du gaz ayant bondi de plus d'un tiers au cours des 10 premiers mois de l'année.
Entre temps, l’agence de presse IRNA rapporte que « le montant des exportations de Gazprom et sa production ont diminué après avoir réduit ou arrêté ses exportations énergétiques à destination de certains grands consommateurs en raison de leur refus de payer le prix du gaz en roubles. »
En mars, le président Poutine a adopté une loi selon laquelle les clients de l’énergie fossile russe devaient payer le prix du gaz exporté en rouble. La décision du maître du Kremlin était en fait une réponse aux sanctions occidentales.
Dans ce cadre, l'Union européenne a décidé de mettre fin à sa dépendance aux combustibles fossiles d'ici 2027, dans le cadre de sanctions occidentales plus larges contre la Russie à la suite de son opération militaire en Ukraine.
Le 21 février 2022, le président russe a durci le ton contre le laxisme occidental à l’égard des préoccupations sérieuses du Kremlin dans le domaine de sécurité, procédant en représailles à reconnaître l'indépendance des Républiques de Donetsk et Louhansk dans la région du Donbass en Ukraine.
Trois jours plus tard, le jeudi 24 février, Poutine a lancé une vaste opération militaire russe sur le territoire ukrainien, qu'il a qualifiée d' « opération spéciale ».
Les pays occidentaux et les Etats-Unis à leur tête ont en contrepartie imposé un nouveau train de lourdes sanctions contre Moscou et mis des milliards de dollars d'armes et d'équipements militaires sophistiqués à la disposition de l’armée ukrainienne.