Les États-Unis s'opposent aux efforts de la chaîne de télévision qatarie Al Jazeera qui a annoncé ce mardi 6 décembre avoir remis au bureau du procureur de la Cour pénale internationale (CPI) un dossier incriminant l'armée israélienne pour la mort de sa journaliste vedette palestino-américaine Shireen Abou Akleh, tuée en mai. « Nous nous y opposons », a réagi Washington.
« Nous nous y opposons », a déclaré le porte-parole du département d'État, Ned Price, réitérant les objections des États-Unis aux enquêtes impliquant Israël. « La Cour pénale internationale doit se concentrer sur sa mission principale », consistant selon eux à être « le tribunal de dernier recours pour punir et dissuader les crimes atroces ».
La demande de la chaîne Al Jazeera auprès de la CIP est déposée six mois après sa mort, période pendant laquelle l’équipe juridique d’Al Jazeera a mené une enquête complète et détaillée sur l’affaire et a découvert de nouvelles preuves basées sur plusieurs témoignages oculaires, l’examen de plusieurs éléments de séquences vidéo et des preuves médico-légales.
Vêtue d'une veste de presse, Abou Akleh, 51 ans, a été assassinée d'une balle à la tête alors qu'elle couvrait un raid militaire israélien sur un camp de réfugiés à Jénine, dans le nord de la Cisjordanie occupée le 11 mai. Plus tard, de brutales forces spéciales israéliennes ont attaqué le cortège funèbre de Shireen Abou Akleh sortant de l'hôpital Saint-Joseph.
L'armée israélienne a seulement reconnu « une forte possibilité » d'avoir tué « accidentellement » la journaliste.
Le régime de Tel-Aviv a refusé d’ouvrir une enquête criminelle sur cet assassinat. Il a par ailleurs déclaré qu’il ne fournirait aucune coopération avec une telle enquête.
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Washington s'oppose depuis longtemps aux efforts menés par les Palestiniens pour dénoncer les exactions israéliennes auprès des organismes internationaux, y compris les Nations unies et la CPI. Il utilise toujours son droit de veto pour bloquer les résolutions anti-israéliennes au sein de l’ONU.
Les États-Unis ne soutiennent pas seulement Israël sur la scène internationale mais ils lui fournissent également un programme annuel d'assistance militaire d'une valeur de près de 4 milliards de dollars, lui permettant de développer ses plans de colonisation des territoires palestiniens.
De nouvelles preuves et une vidéo montrent que la journaliste palestinienne et ses collègues ont été directement visés dans un « meurtre délibéré » par les forces d’occupation israéliennes, lit-on dans le communiqué de la chaîne Al-Jazeera.
« L'affirmation des autorités israéliennes selon laquelle Shireen a été tuée par erreur dans un échange de tirs est totalement infondée. Les preuves présentées au Bureau du Procureur (OTP) confirment, sans aucun doute, qu'il n'y a pas eu de tirs dans la zone où se trouvait Shireen, autre que les forces d’occupation israéliennes lui tirant directement dessus », ajoute-t-il.
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Les preuves montrent que ce meurtre délibéré faisait partie d’une campagne plus large visant à cibler et faire taire Al Jazeera.
Al Jazeera réitère son engagement à saisir la justice pour Abou Akleh et à explorer toutes les voies pour garantir que les auteurs soient tenus responsables et traduits en justice.
« La demande soumise à la CPI est présentée dans le contexte d'une attaque plus large contre Al Jazeera et des journalistes en Palestine », a déclaré Rodney Dixon KC, un avocat d'Al Jazeera, faisant référence à des incidents tels que l’attentat à la bombe contre le bureau de Gaza du réseau le 15 mai 2021.
« Ce n'est pas un incident unique, c'est un meurtre qui fait partie d'un schéma plus large sur lequel l'accusation devrait enquêter pour identifier les responsables du meurtre et porter des accusations contre eux », a-t-il indiqué.
De multiples enquêtes menées par des organisations indépendantes et des médias ont déjà conclu que Shireen Abou Akleh avait été délibérément tuée par les forces israéliennes.
L'armée israélienne, qui occupe la Cisjordanie depuis 1967, a reconnu pour la première fois en septembre qu'il y avait « une forte possibilité » pour qu'elle ait été tuée « accidentellement » par l'un de ses soldats qui visait des suspects identifiés comme des hommes armés palestiniens.
Les responsables palestiniens et la famille d'Abou Akleh estiment qu'elle a été tuée délibérément par les forces israéliennes.
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De nombreux témoins et enquêteurs de l'attaque ont également rejeté les allégations d'Israël, affirmant qu'il n'y avait pas de combattants palestiniens dans les environs lorsque le meurtre a eu lieu.
La famille de Shireen Abou Akleh a déposé mi-septembre une plainte officielle auprès de CPI concernant sa mort, en mai dernier.
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