Au Royaume-Uni, le Brexit et les augmentations des taux d’intérêt ne feront que provoquer l’inflation et la hausse des prix des denrées alimentaires tout en poussant le pays vers la récession économique, a averti un haut responsable de la Banque centrale d’Angleterre.
Lors de sa première interview depuis son adhésion au comité de politique monétaire (MPC), Swati Dhingra, prévient que l’inflation n’est pas la plus grande menace pour l’économie — car « le ralentissement est là ».
En tant que nouvelle membre de la Banque d’Angleterre, responsable de la fixation des taux d’intérêt, Dhingra estime que l’économie britannique se dirige vers une récession longue et douloureuse alors que le Brexit aggrave la situation.
S’adressant à The Observer, Swati Dhingra, qui a rejoint le comité de politique monétaire (MPC) de neuf membres en août dernier, a déclaré : « Vous voyez une récession beaucoup plus profonde et plus longue avec des taux beaucoup plus élevés. C’est ce dont je pense que nous devrions tous nous inquiéter... »
Avant la prochaine réunion du MPC le 15 décembre, les économistes de la City (université de Londres) parient que le cycle de resserrement le plus agressif de la Banque d’Angleterre depuis des décennies doit encore se poursuivre, alors qu’elle se bat pour éliminer une inflation de 11 %.
Plus loin dans ses propos, elle a indiqué : « Je pense que, étant donné que les gens font des comparaisons avec les précédents chocs pétroliers et les dommages qu’ils ont causés à l’économie, cela devrait donner à réfléchir pour des gens comme moi aux dommages qui se produisent déjà en termes de niveau de vie des gens ».
« Je ne pensais pas que j’entendrais parler de la pauvreté énergétique et de la pauvreté des enfants dans ce pays », a fait remarquer l’universitaire de la London School of Economics (LSE).
Plus de preuves sur les dommages sont apparues la semaine dernière à la suite d’une étude menée par des experts de la London School of Economics, montrant que le Brexit avait ajouté près de 6 milliards de livres sterling aux factures alimentaires des Britanniques au cours des deux années précédant la fin de 2021. Dhingra affirme que les coûts énergétiques sont de loin le principal contributeur à l’inflation des aliments et des boissons, ayant atteint son taux le plus élevé depuis 1977, mais le Brexit est également un facteur.
Selon elle, les ménages aux prises avec des factures alimentaires et énergétiques en hausse ont commencé à se serrer la ceinture. Le PIB a diminué de 0,2 % au troisième trimestre et devrait encore baisser pour un deuxième trimestre consécutif au cours des derniers mois de 2022 — la définition technique d’une récession.