Les titres de la rédaction :
Les analyses de la rédaction :
1. Le déclin de la francophonie en Afrique
Pendant que les réseaux françafricains s’inquiètent de la montée en puissance de la Chine, de la Russie ou encore de la Turquie sur le continent africain, tout en maintenant une posture ouvertement arrogante vis-à-vis des États d’Afrique, les amis anglo-américains de Paris la surclassent dans la tranquillité, sans que l’élite française soit capable d’y faire quoi que ce soit.
Alors que l’Elysée et le Quai d’Orsay s’obstinent à maintenir une ligne d’approche ouvertement arrogante et néocoloniale vis-à-vis des pays africains, Paris continue de se mentir quant aux véritables raisons du rejet de sa politique par les populations africaines, mais également de plus en plus par des gouvernements qui écoutent les aspirations de leurs citoyens.
Le récent exemple en date: l’interdiction par les autorités du Mali avec effet immédiat de toutes les activités des ONG françaises. Le tout après une énième provocation hexagonale, et toujours sur un ton condescendant.
Ce que Paris semble largement oublier, c’est qu’au moment où il tente de sauver son fameux projet de la Francophonie, l’avenir de la langue française se trouve précisément en Afrique. Sachant que plus de la moitié des locuteurs francophones à l’échelle mondiale habitent justement le continent africain et selon une étude de l’Organisation internationale de la Francophonie – l’Afrique représentera vers 2050 environ 85% des francophones du monde.
Il est donc évident que le maintien d’une posture qui provoque un large rejet populaire n’est certainement pas l’approche la plus intelligente, mais tellement caractéristique de l’élite hexagonale contemporaine, axée complètement sur Washington.
En parlant justement de Washington, mais également de Londres, pendant que les pseudo-spécialistes hexagonaux dans la pure arrogance qui les caractérise, tentent à se moquer des projets linguistiques et culturels russes comme chinois sur le continent africain – les «fidèles» alliés anglo-américains poursuivent activement le déclassement du français en Afrique.
Et cela, également dans la pure tradition d’arrogance qui caractérise l’élite politico-médiatique hexagonale qui oublie d’indiquer que la Chine est dans le Top 4 mondial pour le nombre d’étudiants étrangers accueillis sur son territoire, de trois places devant la France. Tandis que la Russie accueille un nombre de-facto similaire d’étudiants étrangers que l’Hexagone…
Dans tous les cas et au lieu de chercher à nouveau les raisons de ses échecs dans la faute des Africains, des Russes, Chinois ou Turcs – l’élite française ferait bien mieux à changer de stratégie et surtout de mentalité. Et peut-être parfois regarder un tant soit peu les actions de ses amis anglo-américains. Peut-être alors que les échecs répétés diminueront, mais ce ne sera certainement pas pour demain.
En attendant et alors que les sentiments hostiles à la politique hexagonale en Afrique aient atteint le summum, l’obstination de Paris à se considérer « supérieurs » aux autres en perdant des positions économiques, culturels et stratégiques à l’échelle internationale n’arrangeront en rien les choses. Et fort probablement beaucoup plus rapidement même que prévu.
Mikhail Gamandiy-Egorov
2. RDC: les combats contre le M23 reprennent !
Dans l’est de la RDC la trêve aura été de courte durée. Cinq jours après la mise en place d’un accord de cessez-le-feu entre les forces gouvernementales et les rebelles du M23, de nouveaux combats ont eu lieu.
C’est à Kirima, à une centaine de kilomètre de Goma que les échanges à l’arme lourde ont été signalés par les deux parties jeudi 1er décembre. « Depuis le matin, des combats ont repris entre les FARDC (les forces armées de RDC) et le M23 à Kirima. Les rebelles ont traversé le pont en direction de Kibirizi après les combats d’avant-hier à Kishishe », a témoigné le président de la société civile de la région concernée, Bambo. Durant les combats à Kishishe, de nombreux civils aurait été tués.
La cessation des hostilités entre l’armée nationale et le groupe rebelle avait été décidée lors d’un sommet à Luanda le 23 novembre. Le M23 devait aussi se retirer des zones conquises ces derniers mois dans la province du Nord-Kivu mais aucun retrait n’a été observé depuis le weekend dernier et ils ont même profité de l’occasion pour attaquer l’armée congolaise et les civils.
Une source sécuritaire a accusé les rebelles du M23 d’avoir violé le cessez-le-feu et de « continuer à piller et à se battre ». Des responsables locaux ont révélé que ces combats ont suscité la panique auprès de la population. « La population a commencé à fuir », a indiqué Julson Kaniki, responsable de la société civile de Kibirizi.
En attendant, des milliers de personnes ont manifesté, jeudi, dans deux villes de l’Est de la République démocratique du Congo pour dénoncer l’inaction de la communauté internationale et la force est-africaine après la violation du cessez-le-feu par les rebelles du M23 qui gagnent du terrain à une vingtaine de kilomètres de la ville de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu.
Un mini-sommet organisé le 23 novembre à Luanda sous la médiation du Président angolais Joao Lourenco avait donné jusqu’à dimanche dernier aux rebelles du M23 pour se retirer des zones conquises depuis juillet dernier.
Les dirigeants avaient menacé de mobiliser la force est-africaine, dont des éléments kényans sont déjà à Goma, pour déloger les rebelles. Le M23 a rejeté ces conclusions.
Des milliers de fidèles catholiques avec à leur tête des prêtres, religieuses et le gouverneur de la province du Sud – Kivu, ont manifesté dans les rues du chef- lieu Bukavu, chantant des cantiques religieux. Les cours ont été suspendus dans plusieurs écoles catholiques de la ville.
Dans la ville voisine de Goma, des centaines d’habitants ont manifesté pour protester contre le Rwanda, qu’ils accusent de soutenir le M23. La manifestation a été organisée par la synergie des mouvements citoyens.
« Le peuple congolais dit non à la création d’une zone tampon », pouvait – on lire sur une pancarte tenue par un manifestant.
« Non à la complicité de la communauté internationale contre la RDC », soulignait une autre affiche.
Les manifestants reprochent aux puissances occidentales et aux Nations unies de ne pas condamner le Rwanda et de maintenir pour la RDC un système de notification préalable à l’achat de certains types d’armes, ce que le gouvernement assimile à un embargo. Le cortège des manifestants a assiégé la base logistique de la MONUSCO (Mission onusienne en RDC) où il a été dispersé par la police. Des médias locaux ont fait état de violences contre les journalistes.
Dans la capitale Kinshasa, les autorités de l’Eglise ont annoncé que les cloches des paroisses retentiront du 1er au 03 décembre à 20h00 avant les marches des catholiques prévues le 4 décembre contre le M23. Elles partiront de toutes les paroisses après la messe.
Cette résurgence du M23 a provoqué des tensions entre Kinshasa et Kigali qui s’accusent mutuellement de soutien de groupes armés. Après avoir suspendu les vols de la compagnie Rwandair, la RDC a expulsé, fin octobre dernier, l’ambassadeur du Rwanda. Mais les discussions avec des groupes rebelles n’ont jamais rien donné sinon, ils auraient respecté leur part du marché en se retirant de l’Est de la RDC.
3. Burkina: Ouaga demande des armes à Paris
Au Burkina Faso, après la tentative de coup d’État contre le président Traoré, le Burkina se tourne vers la France, mais pas comme attendait Paris.
Le Premier ministre burkinabè, Apollinaire Kiélem de Tembela, a demandé à la France « des armes et des munitions » pour les supplétifs de l’armée qui l’aident dans sa lutte contre les terroristes, selon un article de son service de communication.
Lors d’une rencontre mardi avec Luc Hallade, ambassadeur de France au Burkina Faso, le Premier ministre a « souligné que les efforts des partenaires doivent se focaliser sur les aspirations profondes du peuple burkinabè, un peuple engagé à se défendre pour la liberté, contre la barbarie et le terrorisme ».
« C’est en cela que se justifie le lancement de l’opération de recrutement de 50.000 Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) », les supplétifs de l’armée, a-t-il expliqué, ajoutant : « La France pourrait aider cette résistance populaire en fournissant des armes et des munitions et en prenant également en compte la prise en charge financière des braves combattants ».
Aux « inquiétudes » de M. Hallade « quant à l’impossibilité pour les ONG françaises installées au Burkina Faso, de se déplacer sur le terrain pour leurs activités », M. Kyelem de Tembela a répondu : « C’est la raison pour laquelle vous devez nous aider à avoir le matériel nécessaire pour venir à bout du terrorisme ».
« Les Burkinabè cherchent une bouée de sauvetage pour leur pays et si cette bouée de sauvetage doit provenir d’un autre pays autre que la France, pourquoi pas ? », a-t-il ajouté.
Le Premier ministre burkinabè a également affirmé lors de cette rencontre que « cela fait six ans que le Burkina Faso est acculé et ça n’émeut personne ». Il a estimé que la France « a fait montre d’une sollicitude différente quand il s’agit de venir en aide à l’Ukraine dans le récent conflit qui l’oppose à la Russie ».
À l’issue de sa rencontre avec M. Kyélem de Tembela, Luc Hallade avait estimé que tout le monde avait « intérêt » à ce que le Burkina en proie à la violence terroriste « reste debout ».
Mais ce qui gêne la France c’est bien ce qui suit.
Cette demande d’aide aux VDP « est faite de manière répétée, que ce soit par lui (le Premier ministre) ou par d’autres autorités » et « c’est une doléance qui reste sur la table », selon une source diplomatique française.
« Mais la question qui se pose pour nous c’est : si vous avez besoin d’aide dans la lutte contre le terrorisme, pourquoi ne faites-vous pas appel aux forces spéciales (françaises) qui sont basées à Kamboinsin (près de Ouagadougou) et qui sont disponibles pour intervenir ? La seule condition de l’intervention c’est que vous nous sollicitiez », a-t-elle ajouté.
Selon cette source, « on accuse la France de ne pas aider, mais quand il y a un outil qui est immédiatement disponible et à priori efficace pour une intervention » auquel « on ne fait pas appel, c’est très complexe ».
Les VDP sont des burkinabés qui ont décidé de prendre les armes et d’aider l’armée nationale à venir à bout des terroristes. Mais les médias français ont toujours dénigré cette initiative populaire.
Après les nombreuses aides que la France et ses alliés ont apporté à l’Ukraine, en déversant pour des millions et des millions de dollars d’armes et de munition, beaucoup de pays africains se sont demandés pourquoi il n’y a pas la même mobilisation concernant l’Afrique, alors que beaucoup de puissances occidentales ont prétendu que le terrorisme en Afrique pourrait sans aucun doute se rabattre en Europe. Mais cela n’a pas été le cas. Au lieu de déployer des troupes militaires qui s’installent dans les pays africains, pourquoi ils ne se contente pas de donner des armes et des munitions pour laisser les armées africaines sécuriser leur territoire eux-mêmes ?