Le ministère iranien des Affaires étrangères a convoqué, ce lundi 28 novembre, l'ambassadeur d'Allemagne à Téhéran, Hans-Udo Muzel, après que le Conseil des droits de l'homme de l'ONU s’est réuni jeudi 24 novembre à la demande de Berlin et a adopté une résolution contre la République islamique d’Iran.
Le directeur du département Europe de l'Ouest du ministère iranien des Affaires étrangères a communiqué à l'ambassadeur d'Allemagne la vive contestation de l’Iran à l’égard des propos interventionnistes et infondés des autorités allemandes.
L'Allemagne et d'autres pays européens qui suivent aveuglément la politique des sanctions unilatérales des Etats-Unis contre l'Iran – ce qui est une grave violation des droits du peuple iranien – ne sont pas aptes à déposer des plaintes en matière de droits de l'homme, a-t-il ajouté.
De son côté, l'ambassadeur allemand Hans-Udo Muzel s’est dit prêt à transmettre le plus tôt possible les griefs des autorités iraniennes à son gouvernement.
Plus tôt en novembre, Téhéran avait convoqué l'ambassadeur d'Allemagne pour des propos « interventionnistes et irresponsables » du chancelier allemand en faveur des récentes émeutes provoquées par l'Occident en Iran.
Des émeutes ont éclaté en Iran à la mi-septembre après la mort de Mahsa Amini. La jeune femme de 22 ans s'est évanouie dans un poste de police de Téhéran et a été déclarée morte trois jours plus tard à l'hôpital. Un rapport officiel de l'Organisation iranienne de médecine légale a conclu que la mort d'Amini avait été causée par une maladie plutôt que par de prétendus coups à la tête ou à d'autres organes vitaux du corps.
Par ailleurs, s’exprimant lors de sa conférence de presse hebdomadaire ce lundi sur la résolution du Conseil des droits de l'homme contre l'Iran, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Nasser Kanaani, a déclaré: « Comme l'Iran l'a officiellement annoncé, Il ne s'engagera dans aucune coopération, quelle qu'elle soit, avec le comité politique appelé comité d'enquête ».
« Nous condamnons l’instrumentalisation hâtive des mécanismes des droits de l'homme pour faire pression sur des pays indépendants, car cela ne contribuera pas à la promotion des droits de l'homme et ne conduira qu'à l’affaiblissement du statut et des mécanismes internationaux », a-t-il réaffirmé.
En allusion au fait que le mercredi 30 novembre coïncide avec la Journée annuelle du souvenir dédiée à toutes les victimes de la guerre chimique, le porte-parole de la diplomatie iranienne a rappelé que « le régime de Saddam Hussein n'a pas hésité à utiliser des armes non conventionnelles et des bombes chimiques contre l’Iran ».
« Selon les documents de l'ONU, le régime Baath était coupable de l'attaque contre l'Iran. Cependant, pendant la guerre, plusieurs Etats occidentaux, y compris le gouvernement allemand, ont livré des substances chimiques au régime de Saddam bien qu’ils savaient que ce dernier ne les utiliserait pas à des fins industrielles mais pour fabriquer des bombes chimiques », a-t-il indiqué.
Soulignant que de nombreux crimes ont été commis contre des citoyens iraniens et irakiens, Kanaani a ajouté que 80 % des gaz chimiques irakiens ont été produits à l'aide d'entreprises allemandes.
Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères a souligné que l'Iran faisait partie des pays qui avaient subi beaucoup de dommages malgré son impartialité.
« Malgré les avertissements de l'ONU, les entreprises allemandes figuraient parmi les principaux fournisseurs d'armes au régime agresseur du Baath contre l'Iran, selon de nombreux rapports », a-t-il conclu.