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Les analyses de la rédaction :
1- OTAN : le Sénégal avertit
Cet adjectif « agressé » que le président sénégalais, Macky Sall a lancé, mardi 25 octobre, pour qualifier l’Ukraine, cela fait quelques heures que les médias mainstream en ont fait leurs choux gras, criant à un « virage anti Russie » du Sénégal. Au fait, c’est dans un contexte plus large dominé par le vote du 12 octobre de Dakar à l’AG de l’ONU contre le rattachement de quatre régions ukrainiennes à la Russie que ces mêmes médias tentent de prouver par A plus B que l’Afrique, "après quelques hésitations du début, aurait fini par s’aligner sur l’Ukraine en particulier et sur l’OTAN en général" face au "méchant loup" russe.
Et pourtant, à titre de chef de l’UA, le président Macky Sall n’a pas eu pour l’air trop pro-OTAN ce lundi 24 octobre quand il a dit :
« L'Afrique n'est pas contre l'Ukraine, il ne faut pas qu'on ait l’impression que les Africains sont insensibles à la situation de l’Ukraine. Ce n'est pas ça du tout. Mais les Africains disent qu’au même moment où l’Ukraine est en guerre, est envahie, est agressée, l'Afrique est permanemment agressée par le terrorisme. Nous sommes en 2022, nous ne sommes plus pendant l’ère coloniale. Nous sommes en 2022, donc les pays, même s'ils sont pauvres, sont d'égale dignité. Il faut qu’on traite leurs problèmes avec le même respect. »
Sur invitation de Vladimir Poutine, le Président @Macky_Sall, Président en exercice de l’@_AfricanUnion a quitté Dakar ce jour pour se rendre en Russie.Accompagné du Président de la Commission de l’#UA @AUC_MoussaFaki, le Président s’entretiendra demain à Sotchi avec SEM Poutine. pic.twitter.com/B54pvaJalI
— Présidence Sénégal (@PR_Senegal) June 2, 2022
Macky Sall est-il sur le point de définir de nouvelles règles de jeu Occident/Afrique à travers le prisme d’une guerre otanienne en Ukraine qui tend vraisemblablement à s’enliser ? En effet, et dès l’entrée de jeu, Sall rappelle à la bonne mémoire de quelque 50 pays atlantistes dont un grand nombre sont des ex-puissances coloniales qu’on est bel et bien au 21 ème et non plus au 19 ème ou 20 ème siècle et que par conséquent, la politique de l'Afrique se décide dans les capitales africaines et non pas à Paris, à Bruxelles, à Londres ou encore à Berlin et à Rome. Et surtout qu’il n’est pas question que les peuples souverains africains renoncent à leurs propres intérêts pour préserver ceux de l’Occident; fini l’époque où les "Blancs" enrôlaient les "Noirs "à l’effet de s’en servir à titre de bouclier humain, tout en ayant le culot de faire toute une littérature autour ce crime en la truffant de termes comme « maquis » ou « soldats sénégalais » !
C’est d’ailleurs au nom de la même logique éminemment patriotique, panafricaniste et souverainiste, que le président Sall fait un parallèle entre la guerre contre le terrorisme en Afrique d’une part et la guerre OTAN/Russie en Ukraine de l’autre. Et comment? A vrai dire, l’Aqmi, Daech et autres créatures des services secrets occidentaux qui frappent depuis 2012, 2013 le Sahel et dont l’action tend depuis cette même date à s’étendre vers la côte avec plus ou moins de succès, Sall et avec lui tous les Africains le savent, mêmes s'ils ne le crient pas sur les toits, ont bien profité aux puissances occidentales, à leurs multinationales. Sans eux, jamais les Atlantistes n’auraient pu mettre la main sur l’uranium du Niger, ni sur l’or du Mali, ni non plus sur les minerais du Burkina Faso. Sans eux, l’Africom aurait été depuis longtemps contraint de plier bagage au Sénégal. Et en dépit de ses larges profits qui ont été faits sur le dos de milliers de morts, de blessés, de mutilés et d'exilés africains en une décennie de guerre anti terroriste, cet Occident qui est à l'origine de tous ces malheurs, ose encore demander aux Africains de faire des sacrifices en renonçant au blé et au gaz russe, en rejetant les offres militaires de la Russie. Alors la guerre en Ukraine, reconnaissons à Sall et à tous les Africains le droit de n’y voir que le « pendant » anti slave du coup dit « lutte anti terroriste » que l’Occident a inventé en Afrique dès 2012, et ce, dans le strict objectif d’y imposer son occupation militaire et partant de décupler en 10 ans le pillage des richesses africaines.
📢🇸🇳 La 8ème édition du Forum International de Dakar sur la Paix et la Sécurité en Afrique se déroulera les 24 et 25 octobre 2022. Le thème retenu est "l’Afrique à l’épreuve des chocs exogènes : défis de #stabilité et de #souverainetés" !# FDD2022 pic.twitter.com/cxGiIlgpOb
— DakarForum (@DakarForum) August 4, 2022
La question qui se pose d'emblée est la suivante : cette guerre anti Russie en Ukraine où celle-ci fait les frais de l’expansionnisme de l’Occident, un peu comme les pays africains le font en Afrique, le continent noir est-il tenté d'en faire une opportunité?
Le forum international de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique que Dakar parraine depuis deux jours nous pousse à prendre au sérieux cette hypothèse surtout que c’est un forum où l’Afrique affirme que sa sécurité, c’est à elle et à elle seule d’en décider et que des partenaires dans la lutte anti terroriste, ce devrait rester dans le domaine de ses choix et non pas de ses obligations. Puis une Europe colonialiste enlisée face à la Russie cela pourrait signifier moins d'ingérence européenne en Afrique moins d’immixtions de tout genre. C’est à peu près là le sens de cet appel qu'a lancé le président de l’UA quand il a réitéré au cours du forum sur la paix et la sécurité, son appel à ce qu’un siège soit accordé à « l'Afrique » au sein du G20 ou encore au sein du Conseil de sécurité des Nations unies. Or cet appel pourrait-il, dans la foulée de la guerre en Ukraine, devenir une exigence?
Et si la guerre en Ukraine avait fourni cette occasion historique pour que les règles du jeu Occident/Afrique changent une bonne fois pour toutes ? C’est sous cet angle que semblent voir les choses désormais les Africains et les propos du président Sall en portent la preuve. En effet, parallèlement au forum interafricain sur la sécurité, le Sénégal a annoncé avoir rejoint, ce mardi 25 octobre, le Forum des pays exportateurs de gaz (Gas Exporting Countries Forum/GECF), une organisation intergouvernementale visant à défendre les intérêts des principaux pays exportateurs de gaz naturel. L’adhésion de Dakar, qui aura un statut d’observateur dans une première étape, à ce forum appelé également « l’OPEP du gaz » a été avalisée par la 24e conférence ministérielle du GECF qui se tient au Caire. Rappelons que le GECF compte 11 pays membres à part entière : 5 en Afrique (Algérie, Egypte, Guinée équatoriale, Libye, Nigeria) ; 2 au Moyen-Orient (Iran, Qatar) ; 3 en Amérique du Sud (Bolivie, Trinité-et-Tobago, Venezuela), en plus de la Russie. Ces pays détiennent ensemble 72 % des réserves mondiales prouvées de gaz naturel, 43 % de la production commercialisée, 55 % des exportations par gazoduc et 50 % des exportations de gaz naturel liquéfié (GNL).
A quoi rime un Sénégal qui décide d’adhérer au plus fort de la guerre de l’énergie une OPEP anti Occident ? L’ère du colonialisme a définitivement révolu.
2- Haïti : la Russie gagne !
Le peuple haïtien a eu raison du projet de l’intervention militaire des États-Unis ?
La proposition des États-Unis encourageant le déploiement rapide d’une force militaire internationale en Haïti est sur le point d’échouer après qu’aucun pays ne s’est porté volontaire pour fournir des troupes, par peur de la population haïtienne.
Les responsables de l’administration Biden débattent de l’opportunité d’abandonner la résolution américaine, diffusée parmi les membres du Conseil de sécurité de l’ONU, à moins qu’un partenaire étranger n’intervienne et n’offre des troupes dans les prochains jours.
Le renversement potentiel est un revers diplomatique pour la Maison Blanche, qui espérait rassembler une force étrangère armée qui serait soutenue par l’équipement, la formation et le soutien logistique des États-Unis.
Mais les États-Unis n’ont jamais offert leurs propres forces, suscitant la frustration de leurs partenaires. Plusieurs pays du Conseil de sécurité ont exigé qu’un plan concret soit préparé par écrit avant le vote sur la résolution. En outre, la Russie et la Chine ont toutes deux ouvertement exprimé leurs préoccupations au Conseil de sécurité concernant le déploiement de forces étrangères en Haïti.
Les pays du monde entier ont jusqu’à présent rejeté la proposition. La France a fermé la perspective de fournir des troupes au début des discussions, et le Canada a exprimé à plusieurs reprises sa réticence à fournir des forces terrestres, malgré l’envoi par avion de plusieurs véhicules blindés en Haïti ces derniers jours et l’appel des pays à faire un don à un fonds pour aider la Police nationale d’Haïti.
Le Brésil – concentré sur ses propres élections nationales à venir à la fin du mois – a exprimé son scepticisme et les responsables américains se sont demandé si la CARICOM, la communauté caribéenne de 15 membres dont Haïti est membre, avait la capacité à elle seule de faire une différence significative sur le terrain. Une manière de dénigrer encore une fois la communauté régionale. « Il n’y a eu aucun progrès pour que les partenaires se portent volontaires », a déclaré une source proche du dossier, s’exprimant sous le couvert de l’anonymat pour parler franchement. « Personne n’intervient ».
Le bloc régional a été en discussion avec des responsables canadiens et haïtiens ces derniers jours au sujet de l’envoi de troupe militaire. Lors de l’examen du projet, les membres veulent des éclaircissements sur la composition des troupes et le mandat d’une telle force. Le Canada est perçu comme le partenaire le plus susceptible de diriger un déploiement rapide.
Mais on ne sait toujours pas quel serait le mandat d’une telle force. Les questions varient en termes de taille, de durée et de risque de la mission, qui pourrait inclure la levée du siège du terminal pétrolier de Varreux ou la sécurisation d’un couloir humanitaire en protégeant la distribution de l’aide dans tout le pays.
Quoi qu’il en soit, la majorité des citoyens disent non à l’éventuelle intervention militaire étrangère. Selon eux, c’est un moyen d’aider le Premier ministre Ariel Henry à consolider son pouvoir.
Entre autres, les étudiants de l’Université d’État d’Haïti, le Bureau des avocats internationaux, ainsi que plusieurs acteurs politiques condamnent la décision du gouvernement d’Ariel Henry de solliciter une intervention des forces étrangères en Haïti.
« On souhaite que l’actuel premier ministre illégal démissionne », a récemment déclaré la vice-présidente de l’organisation communautaire Maison d’Haïti (Montréal), Chantal Ismé.
« Qu’il y ait une coopération qui soit respectueuse de la dignité et de la souveraineté d’Haïti. Mais qui ait aussi accès aux besoins réels d’Haïti. Il faut aller écouter avant de donner de l’aide. »
Après l’assassinat du président haïtien, Jovenel Moïse, Washington n’a toujours pas réussi à prendre le contrôle du pays.
Depuis plusieurs semaines, l'île est traversée par d’importantes manifestations qui demandent la démission du Premier ministre Ariel Henry. Celui-ci, perçu comme étant un véritable pantin des États-Unis dans l’île, a fait appel à une intervention étrangère pour réprimer la mobilisation.
Depuis 2018 au moins, le pays est régulièrement paralysé par des grèves et des manifestations massives qui vont bien au-delà du coût de l’essence. Parmi les revendications, on retrouve notamment la fin de l’ingérence des États-Unis et des autres puissances impérialistes et, depuis quelques mois, la démission du Premier ministre Ariel Henry, non élu, corrompu et pion des États-Unis.
Au cours du 21e siècle, les États-Unis et la France ont orchestré un coup d’État militaire contre le premier président démocratiquement élu du pays. Suite à cela, les Nations Unies ont établi le programme de la MINUSTAH officiellement pour ramener la stabilité en Haïti. En réalité, il s’agissait d’une occupation militaire qui s’est déroulée de 2007 à 2014 et a soumis le peuple haïtien à des crimes obscènes, dont des centaines de cas d’abus sexuels contre des enfants.
Les Haïtiens ont montré à maintes reprises qu’ils sont prêts à se battre pour leurs revendications économiques et l’émancipation du joug impérialiste. Aucune intervention des impérialistes dans le pays, pas même les soi-disant interventions humanitaires. La réalité, c’est que le peuple haïtien continue sa lutte pour préserver sa souveraineté et son intégrité et que les États-Unis veulent envoyer des troupes militaires pour exterminer la population qui ne courbe pas l’échine devant Washington ! Mais la population haïtienne ne baisse pas les bras !
3- l'Ethiopie met en garde les USA !
Cette semaine, le Conseil conjoint des partis politiques éthiopiens a exhorté les pays de l’ONU et l’Union européenne à corriger leur position sur les sanctions contre Addis-Abeba et à soutenir le peuple éthiopien sur le chemin de la paix.
« La position des puissances étrangères, en particulier les Nations unies et l’Union européenne, visant à imposer des sanctions à l’Éthiopie porte préjudice aux citoyens innocents du pays et il est inacceptable de s’ingérer dans les affaires intérieures d’un pays souverain », ont-ils déclaré dans une déclaration commune relayée par l’agence de presse ENA.
Ils ont appelé « fermement » les pays occidentaux à « jouer leur rôle pour apporter la paix et la stabilité à l’Éthiopie en fournissant une logistique et un soutien professionnel adéquat au processus sans violer la souveraineté du pays ». Le gouvernement éthiopien a accepté une invitation de l’Union africaine à tenir des pourparlers de paix ce 24 octobre. Le ministre des Affaires étrangères Demeke Mekonnen a assuré que le pays « est prêt » à ce que ces négociations se déroulent en Afrique du Sud. Avant la réunion du Conseil de sécurité de l’ONU sur l’Éthiopie qui devait avoir lieu vendredi, le haut représentant de l’Union européenne pour la politique étrangère, Josep Borrell, a expliqué sur son profil Twitter officiel qu’il soutient la déclaration du secrétaire général de l’ONU, António Guterres. Borrell faisait référence aux déclarations de Guterres dans lesquelles il a prévenu que la situation dans le pays « devient incontrôlable » après que le gouvernement du pays africain a anticipé de nouvelles attaques pour reprendre le contrôle des aéroports de la région du Tigré, dans le nord. Pour M. Guterres, « il n’y a pas de solution militaire » à un conflit dans ce pays où « les civils paient un prix horrible », les zones résidentielles étant, dans de nombreux cas, la cible de ces attaques incessantes.
De son côté, le gouvernement éthiopien a mis en doute les déclarations de M. Guterres. Ainsi, le représentant permanent de l’Éthiopie auprès de l’ONU a expliqué sur son profil Twitter officiel que cette position de la part du secrétaire général était « injustifiée ». En marge de la réunion du Conseil de sécurité des Nations unies, le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine a également tenu une session au cours de laquelle le secrétaire d’État américain Antony Blinken a exprimé sa « grave préoccupation » face à l’intensification des combats dans le nord du pays. Outre le gouvernement, le peuple éthiopien montre également sa position par rapport aux ingérences occidentales dans les affaires intérieures de l’Éthiopie.
Plusieurs villes d'Éthiopie ont organisé des rassemblements anti-occidentaux. Ces manifestations auraient été organisées par les collectivités locales pour soutenir la dernière offensive du gouvernement fédéral dans la guerre en cours dans la région du Tigré. Des centaines de milliers de personnes à travers le pays ont répondu présentes à l'appel du gouvernement et de ses partisans. Un manifestant a passé un message pour l'Occident : « Ce que je veux transmettre à l'Occident, c'est que nous voulons la paix et l'amour. Nous ne souhaitons la mort de personne, tous les peuples sont nos semblables. Nous ne souhaitons pas subir l'ingérence de qui que ce soit, nous pouvons gouverner notre pays en toute souveraineté. »
De nombreuses personnes ont déployé des banderoles exhortant les États-Unis de cesser de soutenir le Front de libération des peuples du Tigré (TPLF), Le gouvernement reproche plus ou moins ouvertement aux pays occidentaux, États-Unis en tête, de s’ingérer dans ses affaires internes.
Dans cette perspective, le maire adjoint d'Addis Abeba a déclaré devant les manifestants : « Pour que le pays et le peuple soient civilisés, nous vous avions demandé de soutenir les projets de développement, ne soyez pas un sponsor de guerre, telle est la voix de toute l'Éthiopie. » Cette manifestation s'inscrit dans l'espoir de pourparlers entre le gouvernement éthiopien et le groupe rebelle du TPLF pour mettre fin à la guerre qui fait rage dans la région. En effet, les propos tenus par les Occidentaux ne tiennent jamais compte des nombreuses exactions commises par les rebelles du TPLF. Avant même que le conflit militaire ne débute entre Addis Abeba et les rebelles du TPLF dans la région du Tigré en novembre 2020, le gouvernement éthiopien, à de nombreuses reprises, tenté d’entamer des pourparlers avec les rebelles afin de calmer la situation qui était déjà très tendue suite aux rébellions du groupe qui voulait l’indépendance de la région du Tigré. Les dirigeants du TPLF ont à chaque fois refusé les pourparlers avec Addis Abeba. Le conflit armé a débuté lorsque le groupe rebelle du TPLF a attaqué une base fédérale de l’armée éthiopienne afin de prendre des armes et des munitions pour attaquer le reste du pays. À ce moment-là, le gouvernement éthiopien a demandé à la population civile de quitter la région pour que l’armée fédérale puisse éradiquer les rebelles pour les empêcher de “marcher sur Addis Abeba” vu que c’était leur but ultime. L’Occident n’a jamais fait aucune déclaration concernant le début du conflit. L’hypocrisie occidentale exaspère le peuple éthiopien qui continue de manifester pour faire stopper les ingérences occidentales dans les affaires internes du pays.