Partout, les Roms « restent confrontés à des niveaux choquants de privation, de marginalisation et de discrimination », selon l’Agence européenne des droits fondamentaux.
Conditions de vie déplorables, sombres perspectives à l’école et au travail : la situation des Roms ne s’est pas améliorée en dépit des objectifs fixés par l’Union européenne (UE) pour faciliter leur intégration, selon un rapport rendu public mardi 25 octobre.
Partout, ils « restent confrontés à des niveaux choquants de privation, de marginalisation et de discrimination », note dans un communiqué le directeur de l’Agence européenne des droits fondamentaux (FRA), Michael O’Flaherty. Les décideurs politiques nationaux devraient déployer « tous leurs efforts pour lutter contre cette situation intolérable ». Le document, fondé sur près de 8 500 entretiens avec des Roms dans dix pays européens, dont la Croatie, la République tchèque, la Grèce, la Hongrie, l’Italie, le Portugal, la Roumanie, l’Espagne, la Macédoine du Nord et la Serbie, évoque « des progrès insuffisants et bien trop lents ».
Les données ont également été collectées en Bulgarie et en Slovaquie par les autorités locales avec le soutien de la FRA.
Selon la FRA, institution basée à Vienne, 80 % des Roms vivent toujours dans la pauvreté, à comparer à une moyenne de 17 % dans l’UE. Plus de la moitié vivent dans des logements insalubres dépourvus d’installations sanitaires correctes et 22 % n’ont pas d’eau courante. Leur taux d’emploi n’était que de 43 % en 2020, bien en deçà de la moyenne européenne de 72 %.
Les femmes roms ont une espérance de vie de 71 ans et les hommes de 67 ans, contre 82 et 76 ans pour l’ensemble de la population.
Dans l’éducation, les chiffres sont dramatiques : 71 % des jeunes Roms quittent prématurément le système éducatif, une proportion qui n’est que de 10 % pour les 18-24 ans dans l’UE. Parmi ceux qui sont scolarisés, de nombreux enfants âgés de 6 à 15 ans se trouvent dans une école ségréguée (52 % contre 44 % en 2016), en particulier en Slovaquie et en Bulgarie, avec presque aucun changement entre 2016 (42 %) et 2021.
Seuls deux Roms sur cinq âgés de 20 à 64 ans (43 %) ont un travail rémunéré –y compris un travail à temps plein, un travail à temps partiel, des emplois ponctuels, un travail indépendant ou un travail occasionnel– ou ont travaillé au cours des quatre dernières années, alors que la moyenne de l’emploi européen est de 72 % pour 2020. Les résultats restent inchangés depuis la dernière enquête en 2016.
Dans certains pays, comme la Hongrie et l’Italie, les perspectives d’emploi se sont améliorées et ont atteint l’objectif de l’UE d’au moins 60 % de Roms dans le travail rémunéré.
L’emploi était beaucoup plus rare pour les femmes roms que pour les hommes, car seulement 28 % des femmes roms âgées de 20 à 64 ans avaient un emploi en 2021.
Notamment, un Rom sur trois âgé de plus de 16 ans (33 %) s’est senti victime de discrimination parce qu’il était Rom lorsqu’il a cherché un emploi au cours des 12 derniers mois précédant l’enquête.
En moyenne, le nombre de Roms victimes de discrimination lors de la recherche d’un emploi a doublé par rapport à 2016 (de 16 %).
Tout en déplorant le manque de « réelles améliorations en matière de lutte contre la discrimination », les résultats de l’enquête indiquent « une évolution positive dans la lutte contre le harcèlement et la violence motivés par la haine ».
Malheureusement, une proportion considérable de Roms dans l’UE continue d’être confrontée à des niveaux élevés de discrimination dans divers domaines de la vie parce qu’ils sont Roms.
On estime que jusqu’à 12 millions de Roms, voyageurs et gitans vivent en Europe. Ils obtiennent des scores faibles sur toutes les mesures sociales clés du chômage, des revenus et de l’accès aux soins de santé. Ils ont été victimes de crimes à caractère raciste dans toute l’Europe au cours des dernières décennies.