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Zoom Afrique du 17 octobre 2022

Zoom Afrique du 17 octobre 2022

Actualité en Afrique :

  • Hydrocarbures : le retrait envisagé de TotalEnergies en RCA, pourrait-il profiter à Tradex S.A. ?
  • Dialogue politique au Niger : un comité ad’ hoc mis en place pour réfléchir sur la révision des textes organiques du CNDP
  • Au Mali, le chef de la junte reçoit un projet de nouvelle Constitution
  • Le Gabon reste le pays le plus riche d’Afrique (CERMF)

 

Analyses de la rédaction :

1. La France montre sa peur face aux panafricanistes ! 

Depuis le 14 octobre dernier, l’activiste suisso-camerounaise, Nathalie Yamb, est considérée comme étant “indésirable” en France. En effet, les autorités françaises l’ont déclarée persona non grata en France. Il est reproché à cette dernière “d’encourager le recours à la violence” contre des symboles de la présence française en Afrique. En outre, la Suisso-Camerounaise serait le relais de la “propagande pro-russe" diffusée depuis le continent africain. À priori, l’on peut trouver incongru que la France, « patrie des droits de l’Homme », interdise d’entrée et de séjour sur son territoire, une personne pour ses idées. Mais si la France en est arrivée là, c’est que, quelque part, elle doit avoir de nombreuses craintes. 

Le texte de l'arrêté, qui était resté confidentiel pendant neuf mois, jusqu'à ce qu'il soit formellement adressé à Nathalie Yamb, lui reproche notamment les "diatribes récurrentes qu'elle profère contre la France et ses autorités et dans lesquelles elle cautionne, voire encourage, le recours à la violence à l’encontre des symboles de la présence française en Afrique", selon RFI. 

L'arrêté du ministère français de l'Intérieur reprocherait également à cette dernière, sa proximité avec l'ancien président ivoirien Laurent Gbagbo, ainsi que l'ancien président de l'Assemblée nationale ivoirienne, Mamadou Koulibaly. 

L'arrêté indique également qu'au "regard à la haine profonde qu’elle entretient à l’égard de la France qu’elle exprime très régulièrement par des propos virulents diffusés et relayés via des services de communication au public en ligne qui bénéficient d’une large audience, il est à craindre que sa présence en France provoque de graves troubles à l’ordre public". 

Il est à rappeler que la politicienne suisso-camerounaise avait vécu en Côte d'Ivoire à partir de 2007. Elle s'était engagée aux côtés de Mamadou Koulibaly, chef du parti Liberté et démocratie pour la République (Lider). 

En 2019, elle avait été expulsée du pays vers la Suisse après avoir été déclarée « persona non grata ». 

Les pays occidentaux et surtout la France sont en panique face à l’Afrique. Leurs comportements néocoloniaux sont systématiquement dénoncés et ils n’arrivent plus à cacher leur mépris contre les Africains. S’attaquer à des activistes panafricanistes de cette façon, alors que la France prétend constamment être “le pays des droits de l’Homme” et le pays de la “liberté d’expression” montrent la panique au sein de l’Élysée, qui a entièrement perdu le contrôle de la situation en Afrique. L'Afrique se libère de ses chaînes, et peu importe si Paris et ses alliés sont dans le déni ou pas, la réalité est bien là. Le sentiment pro-Afrique a pris le dessus ! 

 

2. Comment l’Occident a poussé l’Afrique à distance de la Russie

Lors d’un vote lors de l’Assemblée générale de l’ONU, plusieurs pays africains ont décidé de sortir de leur neutralité et de voter contre la Russie. Un choix dû à la pression américaine, constante depuis le début du conflit en Ukraine. 

Mercredi, lors de l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies (ONU) à New York, 143 pays ont voté en faveur d’une résolution déclarant « illégale » l’annexion de quatre régions ukrainiennes. Seuls cinq pays s’y sont opposés, dont aucun Africain. Mais à la différence des derniers votes à l’ONU, les pays africains ont, pour une partie d’entre eux, évité de s’abstenir pour voter en faveur de la résolution. 

Refusant de voter pour la condamnation de l'opération militaire russe en Ukraine, le Maroc, le Sénégal ou encore l’Angola et Madagascar avaient préféré s’abstenir précédemment pour les uns, ne pas se présenter au scrutin pour les autres. Une neutralité compréhensible, s’intégrant pleinement au sein d’une stratégie de non-alignement historique de la part de l’Afrique qui avait déjà subi de plein fouet la première Guerre froide. 

  • Macky Sall sort de sa neutralité 

Cette fois, plusieurs pays africains, jusqu’ici neutres, ont opté pour un vote contre la Russie. Ainsi, le Gabon a voté en faveur de la résolution, comme Rabat qui avait à l’époque ne pas voter. Se contentant de suivre « avec inquiétude et préoccupation l’évolution de la situation entre l’Ukraine et la Fédération de Russie ». Pour le Sénégal, le choix est plus étonnant : président en exercice de l’Union africaine, Macky Sall est passé d’une abstention logique à un vote en faveur de l’Ukraine. 

Washington a mis la pression depuis plusieurs semaines sur l’Afrique. Notamment lors d’une tournée en Afrique de l’Est effectuée par la diplomate américaine Linda Thomas-Greenfield, qui avait affirmé que les pays africains pouvaient « acheter des produits agricoles russes, y compris des engrais et du blé », mais que les États-Unis refuseraient tout engagement sur le long terme avec la Russie. Ainsi, l’Ouganda a dû renoncer à l’achat de carburant russe. Mais le pays de Museveni s’est cependant abstenu, comme l’Algérie, le Togo, le Burundi, le Soudan du Sud et le Soudan. 

  • Lobbying américain 

Encore plus étonnamment que le Sénégal, l’Érythrée s’est-elle abstenue de voter, là où elle déposait généralement à l’ONU des bulletins en faveur de Moscou. Seule l’Afrique australe a finalement tenu sa ligne, celle du non-alignement, en s’abstenant : l’Afrique du Sud, la Namibie, la Tanzanie, le Zimbabwe ou encore l’Eswatini ont tous évité de se prononcer. 

Enfin, du côté du Mali ou de la République de Centrafrique, réputés proches de la Russie, ainsi que du côté de la Guinée, ils ont également opté pour l’abstention. Quant au Burkina Faso, qui vient de subir un nouveau coup d’État, il n’a pas pris part au vote. 

Ce n’est donc pas une révolution, mais les pays africains ont semble-t-il, pour certains, revu leurs positions respectives. Le résultat d’un intense lobbying américain. Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, avait, quelques jours avant ce vote à l’ONU, indiqué que « l’heure est venue de s’engager au nom de l’Ukraine. Elle n’est plus aux abstentions, aux paroles apaisantes ou aux équivoques sous le prétexte de la neutralité. Les principes fondateurs de la charte des Nations unies sont en jeu ». Un message adressé, à demi-mot, à l’Afrique. 

 

3. Burkina : Traoré officiellement président ! 

C’est fait, et c’est désormais officiel ! Le capitaine Ibrahim Traoré qui a dirigé le coup d’Etat du 30 septembre dernier, a été choisi par les participants aux assises nationales organisées en fin de semaine dernière, pour présider aux destinées du Burkina Faso jusqu’au 24 juillet 2024. Il a su monter les marches quatre à quatre de l’école primaire au Palais présidentiel, a été, pour ainsi dire, adoubé, après avoir réussi à coups d’arguments ad hominem, à récupérer les clés d’un pays en très mauvais état, du lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba. Les dernières semaines de règne de ce dernier, rythmées par une litanie de griefs, ont poussé le capitaine d’artillerie à « prendre ses responsabilités » comme on le dit dans le jargon militaire, avec le soutien déterminant d’une frange du peuple burkinabè qui supporte mal la relation séculaire avec la France et qui exige des nouvelles autorités qu’elles se tournent vers la Russie afin de doter le pays de moyens qui lui permettront de « traquer les terroristes jusque dans les chiottes », pour reprendre les mots de Vladimir Poutine. 

Pour le moment, on ignore encore si le capitaine Ibrahim Traoré va exaucer les vœux de cette jeunesse consciente. Mais le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il se retrouve entre le marteau et l’enclume, puisqu’il sera sévèrement critiqué quel que soit le choix qu’il va opérer entre les deux puissances rivales. Un véritable casse-tête chinois dont le président de la Transition aurait pu se passer au moment où « tout est urgent » dans ce pays profondément polarisé, et pendant que les terroristes ont déjà tissé leur toile sur plus de la moitié de notre territoire. S’il veut réellement mener la barque à bon port et rester crédible aux yeux de ses compatriotes, le capitaine Traoré devra éviter de commettre l’erreur fatale de s’acoquiner avec des individus prétendument patriotes qui ne visent en réalité que leurs propres intérêts, et tout faire pour s’affranchir des groupes de pression d’où qu’ils viennent, qui pourraient parasiter son pouvoir et dévoyer les nobles objectifs qui sont jusqu’ici les siens, notamment la libération du pays du joug des groupes armés.

A vrai dire, ce ne sera pas chose simple, car, entre impératifs sécuritaires et risques de convulsions sociales avec le drame humanitaire que vivent des régions entières du pays, la ligne de crête est étroite pour le natif de Kera dans la Boucle du Mouhoun, et les vingt-et-un mois qui nous séparent de la fin de cette transition pourraient être particulièrement éprouvants pour lui-même et pour tout le monde si, à Dieu ne plaise, les groupes armés poursuivent leur œuvre de balkanisation du pays. Déjà, et comme un pied-de-nez au nouveau locataire de Kosyam, les terroristes se sont cruellement signalés dans le Centre-Nord en perpétrant une attaque contre le détachement militaire de Silmagué quelques heures seulement après la confirmation du capitaine et homme de terrain comme président du Faso pour le reste de la Transition.  

Les Burkinabè attendent des actes plus forts pour croire en la capacité du nouvel homme fort à être à la hauteur des enjeux et des défis.  

Un assaut meurtrier dont le bilan provisoire faisait état de 4 militaires et 8 Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) tués sur le coup, suivi dès le lendemain d’autres incursions dans d’autres localités du pays comme à Markoye dans l’Oudalan et à Dargo dans le Namentenga. Pas de répit ou d’état de grâce donc pour Ibrahim Traoré qui doit tout de suite démentir la boutade d’Alphonse Karr selon laquelle « plus ça change, plus c’est la même chose », en bandant les muscles à travers une opération foudroyante de reconquête du territoire, pour démontrer à ceux qui en doutent encore, qu’il n’y a pas que des officiers de pacotille dans l’armée burkinabè, cantonnés à un rôle cérémoniel à Ouagadougou alors que le reste du pays brûle. Il l’a, en tout cas, promis et a déjà posé des actes qui rassurent, comme l’autorisation donnée illico presto au Programme alimentaire mondial, de larguer des vivres dans les villes sinistrées de Djibo, Pama, Tankoualou et Tin Akoff, entre autres. Sans oublier sa présence au mémorial Thomas Sankara, samedi dernier, pour la célébration du 35e  anniversaire de l’assassinat du héros de la Révolution, marquée par sa réception, des mains des héritiers politiques de ce dernier, du trophée qui symbolise en quelque sorte le passage de témoin entre lui et le défunt président. Tout cela est bien beau, mais les Burkinabè, quoique soulagés par le départ de Damiba, sont devenus incrédules et attendent des actes plus forts pour croire en la capacité du nouvel homme fort à être à la hauteur des enjeux et des défis « himalayesques » en termes de protection des populations et de sécurité alimentaire et territoriale, auxquels le Burkina Faso fait face. Cela dit, on remarque que pour ce qui est du prochain gouvernement et de l’Assemblée législative de Transition, le même nombre de ministres et de députés a été maintenu, bien que cette fois-ci, on a réussi à faire croire à ceux qui ne savent pas lire entre les lignes, que les futurs « parlementaires » travailleront « cadeau », puisqu’ils ne percevront que les indemnités de session. Seulement voilà, les sessions sont devenues permanentes au terme de l’article 18 de la nouvelle Charte, et les nouveaux…élus de Dieu n’auront pas à grommeler puisqu’ils auront une indemnité journalière pendant toute la durée de leur mandat ; ce qui peut représenter une belle cagnotte pour des gens censés exercer un mandat gratuit. Le Burkina espère que tous ces détails ne resteront pas en travers de la gorge de la majorité des Burkinabè, que des questions subsidiaires ne viendront pas polluer cette nouvelle transition et que les priorités ne vont pas changer de préséance juste pour satisfaire les appétits gargantuesques de tous ces « petits mangeurs de haricot » qui graviteront autour de la table du roi. 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV