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Comment les Geran-2/Shahed-136 ont crée une ligne de feu entre Odessa, Ochakov et Krivoy Rog ?

Un essaim de Shahed-136 au large d'Odessa, le 27 septembre 2022.

Et si ce retrait de quelques milliers de soldats russes de Liman à Donetsk, que la presse atlantiste qualifie ce dimanche 2 octobre et d’un ton moqueur de « débandade » de Poutine « à peine 24 heures après qu’il eut placé quatre régions ukrainienne dont Donetsk sous la parapluie nucléaire russe », « débandade » - qui soit en passant se serait produit « au terme d’une opération-éclair ayant impliqué pas moins de 500 super-officiers US/GB » -, n’était qu’un « leurre » ? L'hypothèse pourrait paraître bien saugrenue si on se fie aux propos des experts militaires otaniens qui décrivant Liman comme étant « un carrefour stratégique, logistique pour les forces russes vers le Donbass », ne cessent depuis 24 heures et à travers des analyses foisonnant que ce retrait ferait écho à un « tare systémique bien ancien » à savoir « l'absence d'un système de communication russe au niveau tactique ».

Les plus généreux de ces commentateurs réajustent un tout petit peu cette allégation en affirmant que cette absence est certes vraie mais elle s’ajoute surtout à la crainte « paranoïaque » de Moscou des systèmes d’interception de l’OTAN, genre StarLink de Space X, qui aurait littéralement détourné Internet et Ondes courtes en faveur du camp anti Russie et partant, aurait poussé l’étant majeur russe à se passer de tout ce qui a un rapport de près ou de loin avec le concept même de communication moderne (tablettes, smartphones, radios, systèmes de navigation par satellite, de terminal informatique) pour ne se contenter que du « blocknote » et du « crayon graphite » ou à la limite des radio R-159.

Liman perdue, l’armée russe tombera-t-elle dans un état communicationnel encore plus primitif que ce que nous décrit l’OTAN ou ce tapage médiatique autour de la chute de Liman et du tort logistique et communicatif qu’elle ferait à la Russie dans les jours et les semaines à venir reflète une panique déguisée ?

Pourquoi toute l'OTAN s'est mobilisée contre le Shahed-136 ?

Des informations en provenance du front de combat US-OTAN-Russie nous conduit plutôt vers la deuxième piste dans la mesure où d’un combat périphérique essentiellement concentrée sur Donetsk et Lougansk, là où l’OTAN s’agit désespérément, l’armée russe passe désormais son action dans la profondeur ukrainienne avec un objectif ultra stratégique très claire : couper l’Ukraine de la mer Noire comme elle l’avait coupé de la mer d’Azov.  

Et disons très clairement, elle le fait à la faveur de ses Geran 2/Shahed 136 qui disposent, dixit les experts de l’OTAN, « d’espèce de microcircuits qui les rendent de surcroît invulnérables aux systèmes de guerre électronique aussi sophistiqués que Sky CNTL ». 

Et comment ? Dans la nuit de 1er au 2 octobre, des essaims de drones ont pris d’assaut des installations militaires ukrainiennes à Krivoy Rog dans la région de Dnepropetrovsk, cet aérodrome d’où était parti une alerte de raid aérien. « Le 27 septembre, la partie ukrainienne avait déjà été ciblé à Krivo Roy pour cause de sortie aérienne anti russe, y compris sur la ligne de contact dans la région de Zaporozhye. Et bien qu’ayant perdu déjà des avions, sa base à Krivoy Rog restait bien active. Or la frappe de Geran 2/Shahed-136 du 27 septembre, a littéralement mis hors service l’aéroport. Les hangars d’avions les locaux utilisés par le personnel technique et le service de carburant, et la tour de contrôle y ont été détruits.

Cette nuit du 2 octobre, une antenne relais satellite semble avoir été pulvérisé par les drones, affirme la presse spécialisée russe. Du ciblage récurrent des capacités communicatives-satellitaires de l’OTAN à coup de drones ? A n’en pas douter. Mais quel en est l’objectif ?

C’est la presse russe qui en cite la raison :

« Depuis l’apparition des drones iraniens dans les combats, l’action militaire s’amplifie au cœur de l’Ukraine sans qu’il soit nécessaire de l’appuyer par un déploiement de troupes terrestres ou des unités blindées. Au fait, un mois après être entrés en service, les drones Geran-2 sont devenus l'un des principaux types d'armes de haute précision utilisées par l'armée russe pour frapper des cibles militaires au plus profond des défenses ennemies, ce qui aide substantiellement à déconnecter les QG ennemis de leur principal centre de commandement.

(…) Une ligne de feu « dronesque » vient ainsi d’être crée par Geran-2 qui s’étend entre les ports d’Odessa et d’Ochakov où se situent deux sites navals de l’Otan d’une part, et Krovoy Rog, son principal site aérien et satellitaire de l’autre.

C’est ainsi que « l’armée de drone russe » s’en est prise dans la nuit du 26 au 27 septembre, soit trois jours après avoir pulvérisé l’aérodrome de Krivoy Rog, à deux ports que sont Odessa et Ochakov. Une attaque simultanée impliquant à la fois 40 drones de type Geran-20 et Lancet-3 et dont la mission consistait à détruire les lignes d’attaque et de défense « portuaires » anti russe.

Et de poursuivre : « 20 Geran-2 ont pulvérisé la 66e division d'artillerie de la 406e brigade des Forces armées ukrainiennes, détruisant des pièces d'artillerie et un dépôt de munitions composés de Giacint-B, de D 20 et de Howitzer italiens, paralysant ainsi la force d’infanterie tandis que des Lancet-3, particulièrement synchronisés, frappaient dans le même temps des installations de la DCA aérienne, des quartiers généraux et des installations de stockage de carburant à Odessa. 

Une seule opération donc pour deux ports considérée comme étant la grosse artère navale de l’OTAN et située à 90 km de distance l’un de l’autre a provoqué une si grande panique que le lendemain Zelensky a exigé d’urgence aux Allemands un renforcement de la défense aérienne à Odessa. Mais les ZSU Gepard allemands déployés à l’occasion répondent-ils à ce besoin parfaitement imprévus dans les plans de l’OTAN ?

Au fait, Gepard en conjonction avec SAM "OSA-AKM", devrait créer un complexe "missile-gun" faisant office de Pantsir-S1 pour l’armée ukrainienne. 

Mais est-ce suffisant pour contrer les Geran-2 et avec eux, ce tournant stratégique russe qui consiste à chercher non pas par des missiles ni non plus par l’armée de l’air, mais à coup d’UAV à enclaviser l’OTAN, à lui couper l’accès à la mer Noire et à rattraper la perte au mois de juillet de l'île des serpents qui se retrouve à 40 km de Constanza et de l'embouchure du Danube ?

Peu probable surtout que depuis le 23 septembre et le quasi effondrement du commandement Sud à Odessa, alors même qu’il projetait de mener son première opération drone-maritime contre la Crimée, tout espoir de reconstituer une force conséquente en ce sens se perd. D’où sans doute, ce tapage médiatique autour de la chute de Liman où la présence otanienne serait moins un gain qu’un défaut de la cuirasse vu que le drone Geran-2 s’avère presque impossible à prévoir, malgré une envergure de 2,5 mètres et un poids de 200 kg, et sa capacité de grimper jusqu'à une hauteur de 7,5 km.

Alors on comprend mieux la sourde inquiétude de Sergei Bratchuk, le porte-parole de l'administration militaire d’Odessa quand il affirmait il y a deux jours et en réaction à la possibilité d’une prise d’Odessa par les Russes ceci :

« Nous comprenons notre nature stratégique. Nous comprenons que nous sommes les portes maritimes de l'État. Le système de défense est amélioré chaque jour. Il a été construit depuis le 24 février pour qu'aucun ennemi ne puisse pénétrer ici, ni par terre ni par mer. Aujourd'hui, quand on parle d'une opération de débarquement amphibie, ce risque demeure car il y a la flotte de la mer Noire de la Fédération de Russie. Mais jusqu'à présent, il n'y a pas de préparatifs pour cette opération. De plus, il doit être fourni : depuis la terre ou depuis les airs. Il n'y a pas d'avancée ennemie sur terre, au contraire, dans la direction du sud, bien que lentement, nos forces armées avancent. »

Et si la Russie se passait de toute opération amphibie dans le sens classique quitte à en charger ses drones ? Après tout, le Shahed est un drone amphibie qui en juillet 2021 a mis au pas un navire israélien de 300 mètres de haut, Mercer Street, allant jusqu’à y chercher ses cibles à l’intérieur de la cabine du capitaine.

La question demeure entière quand on lit le tout dernier rapport de M. Bratchuk qui a l’air de vouloir conjuguer un sort irréversible : « L'armée ukrainienne a réussi à obtenir des échantillons de ces armes pour analyse et recherche. Le Shahed-136 est une toute nouvelle arme que nous avons rencontrée, c'est pourquoi nos échantillons sont examinés par tous les experts militaires issus de l’OTAN. Nous travaillons sur la manière la plus efficace de traiter cette arme. On s'est rendu compte qu'à certaines altitudes, on pourrait à la limite les abattre même avec des armes légères, et cette action est largement à l'ordre du jour, mais le problème c'est que ce drone transporte des explosifs et une fois touché, il détruit tout son corps ! »

Et de poursuivre : « Récemment, l'armée ukrainienne a réussi à abattre un drone suicide, qu’elle a cru être un Shahed-136. Or il s’agissait d’un UAV similaire mais avec des dimensions plus petites. Shahed-136 a-t-il des sosies ? Jusqu'à présent, ce petit drone n'a pas été officiellement dévoilé par l'Iran, et il n'y a pas d'informations détaillées à son sujet. Il n'a été vu que dans des vidéos précédemment publiées de la base souterraine de drones et de missiles du CGRI. Ceci étant, l'armée ukrainienne évalue et analyse les performances du drone Shahed-136 en se servant de son sosie. Selon notre enquête, certaines fonctionnalités de ce drone (telles que les systèmes de routage, l'ogive, etc.) ont été supprimées ou réduites afin de le rendre moins cher. »

Au fait jusqu’ici, l'armée ukrainienne n'a pas été en mesure d'abattre ne serait-ce qu’un seul Shahed-136 original. Car il s’auto-détruit une fois touché. Puisque son bruit le fait remarquer tout de suite, et bien, on a pensé à adapter un ensemble de mesures, le camouflage, la création de fausses positions, la perturbation du GPS, le traitement des informations ennemies et le déploiement de mitrailleuses anti-aériennes sur les toits… Perturber le GPS dans des dizaines de villes et de vastes régions d'Ukraine n'est pas une tâche facile ni non plus très utile. Les armes légères et semi-lourdes ne sont pas capables de causer de graves dommages au corps du drone Shahed-136 et la probabilité qu'il soit abattu avec cette méthode est très faible. »

La chute de Liman parait n'être qu'un leurre... 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV