Actualité en Afrique :
Analyses de la rédaction :
1. Cameroun : un général à la tête de l'ambassade de France
Un nouvel ambassadeur a été nommé à la tête du comptoir colonial au Cameroun.
Le Général Thierry Marchand a été nommé le 15 septembre 2022 Ambassadeur de France au Cameroun en remplacement de Christophe Guilhou, en poste depuis juillet 2019. Une actualité qui impose une réflexion profonde.
Il est clair que le poste d’ambassadeur est certes un poste politique en Afrique, comprenant trois fonctions : la représentation de la puissance coloniale, la protection des intérêts et c’est également à travers ce poste que les ingérences se font.
Mais dans le contexte actuel en Afrique, le poste d’ambassadeur d’une puissance coloniale a également d’autres missions, notamment l’espionnage, mais limite, l’ambassadeur se prendrait également pour le “président”. L’arrivée de cet ambassadeur est signal fort à l’endroit du Cameroun et mieux encore à l’endroit des Africains quoique des exemples dans ce sens sont légions.
Elle arrive dans un contexte où cette décision avait été prise par le président français bien avant sa tournée en terre africaine, car visiblement, l’oligarchie française se doutait bien qu’il n’allait pas recevoir ce qu’il voulait.
De plus, n’ayant pas obtenu ce qu’il espérait avoir en terre camerounaise pour preuve, la conférence de presse, la durée des échanges avant la conférence de presse et enfin le séjour écourté contrairement à ce qui avait été annoncé initialement.
Donc ce n’est que suite à ça qu’après avoir décollé du sol camerounais que celui-ci confirme la nomination de cet ambassadeur au Cameroun.
Aujourd’hui, il y a tout un front occidental qui est entrain de se dresser contre l’Afrique, mais surtout contre le soulèvement des africains contre l’impérialisme et le néocolonialisme qui a, par la même occasion, poussé certains pays africains à rediriger leur partenariat vers les pays du bloc de l’Est. Ce qui explique la forte pénétration russe, chinoise, turque et iranienne en Afrique.
D’ailleurs, la panique est tellement grande dans le clan occidental, que le Congrès américain a voté une loi pour soi-disant “lutter contre les activités russes en Afrique”.
Quand on sait que ce Général est un ancien commandant de l’école de guerre de Saint-Cyr en France où sont passés bon nombre d’officiers et d’officiers supérieurs africains, additionné par la forte emprise encore des réseaux françafricains à l’intérieur des États africains, il est clair que l’arrivée de ce général français est une menace pour la Paix et la Sécurité au Cameroun.
N’oublions jamais que sur le plan politique et économique, la perte de l’influence française sur ses anciennes colonies l’ont obligé aujourd’hui à se redéfinir et à revoir son approche avec ses anciennes colonies non pas dans un partenariat gagnant-gagnant, mais plutôt dans l’usage et la pratique du “soft power” à savoir la multiplication des actions et “opérations clandestines” ou ”opérations secrètes” dont cet ambassadeur en aurait la fonction première.
L’arrivée de cet ambassadeur français au Cameroun est une réponse au nouveau calendrier occidental qui voudrait non seulement recoloniser l’Afrique, mais plus encore réduire au maximum l’influence du bloc de l’Est sur le sol africain.
Depuis plusieurs années, les ambassades occidentales en Afrique sont considérées comme étant des comptoirs coloniaux. Et nommer un général à la tête d’un comptoir colonial, met en alerte les Camerounais.
Tous les Camerounais ne prennent pas simplement la nomination du Général Thierry Marchand comme Ambassadeur de France au Cameroun en remplacement de Christophe Guilhou. Pour beaucoup il faudrait se tenir sur ses gardes, car évidemment, l’arrivée de ce nouvel ambassadeur annonce une déstabilisation accrue au Cameroun, mais également en Afrique de l’Ouest. Le soulèvement des Africains fait peur à la France et à ses alliés et ils sont prêts à tout pour écraser les Africains qui se dressent face à l’Occident. Est-ce que les Occidentaux ont encore la possibilité de faire face au soulèvement du peuple africain ?
2. Niger : le "syndrome malien" se répand !
À l’appel du M62, des organisations de la société civile et des partis politiques de l’opposition ont battu le macadam hier, 18 septembre 2022 au Niger, pour exiger le départ de leur sol, des forces françaises, l’arrivée des forces russes, mais aussi la fin du Franc CFA. Les centaines de manifestants ont aussi exprimé leur ras-le-bol par rapport à la vie chère, notamment l’augmentation des prix des hydrocarbures.
Si pour l’instant cette manif ne peut troubler le sommeil de Mohamed Bazoum, il aurait tort de négliger cette colère montante de sa jeunesse. Ce d’autant que le principal organisateur de la manif, le Réseau panafricain pour la paix, la démocratie et le progrès, qui qualifie son action de coup de maître, a promis de bomber le torse. Les émeutes de la faim ont déboulonné des régimes que l’on croyait indéboulonnables. C’est dire si le président nigérien a tout intérêt à écouter la voix de son peuple. Au-delà de la question de la vie chère qui peut mobiliser plus d’un citoyen parce que nombreux sont les Nigériens qui tirent le diable par la queue, la présence de la Force Barkhane au Niger, est loin d’être du goût des panafricanistes. En réclamant le départ de cette force, les manifestants envoient un message fort au locataire de l’Elysée.
En tout cas, c’est un avertissement sans frais qui est donné au président Emmanuel Macron. Et il gagnerait à en prendre bonne note. Si malgré ses neuf ans de contribution dans la lutte contre le terrorisme au Mali, Barkhane a été contrainte de plier bagage sous la pression du peuple malien, ce n’est pas au Niger voisin que cette force serait la bienvenue. Attention donc au syndrome malien ! Surtout que la jeunesse nigérienne s’était déjà montrée suffisamment hostile vis-à-vis de cette force française en s’attaquant à un de ses convois ravitailleurs en novembre 2021. On se rappelle que les heurts entre les forces françaises et les jeunes nigériens avaient laissé sur le carreau trois cadavres et fait une dizaine de blessés par les soldats français et aucune sanction n’a d’ailleurs été annoncée. C’est dire s’il urge pour le président Bazoum d’œuvrer à faire baisser la tension. La situation est d’autant plus délicate que le président nigérien est considéré aujourd’hui par une bonne partie de sa jeunesse comme étant un valet local de la puissance colonisatrice. Cela dit, il convient de savoir raison garder, car, il ne s’agit pas de déshabiller Pierre pour habiller Paul. Il serait utopique de croire que remplacer un impérialiste par un autre peut apporter le changement. Autant dire que la jeunesse nigérienne doit faire preuve de lucidité et de cohérence dans sa lutte afin d’éviter de servir des intérêts partisans. Si les jeunes nigériens veulent être les dignes héritiers de Thomas Sankara, de Che Guevara, de Kwame Nkrumah, et toutes les autres figures de la lutte anti-impérialiste, ils doivent savoir qu’un impérialiste reste et restera toujours un impérialiste.
Exiger le départ des forces françaises, la fin du FCFA, est un droit fondamental pour les Nigériens et pour les Africains. Depuis les indépendances en Afrique, les Occidentaux ont commis trop de crime à l’encontre du continent africain et c’est aussi le droit et un devoir pour les Africains de mettre un terme à tout cela. Le Niger a assez de ressource naturelle pour offrir une vie décente aux Nigériens et ça c’est quelque chose que les Nigériens ne peuvent pas passer outre. Les Nigériens en ont marre de vivre dans la misère pour que les pays occidentaux continuent de piller les richesses du pays. Les Nigériens demandent un juste retour des choses.
3. Mali-Côte d’Ivoire : l’escalade continue
S’achemine-t-on vers une rupture définitive entre les Autorités maliennes et ivoiriennes ? Tout porte à le croire ! En effet, l’affaire des 46 mercenaires encore détenus à Bamako ne cesse d’élargir le fossé entre les deux pays. Les derniers épisodes de ce bras de fer ont été enregistrés la semaine dernière avec la réaction du Conseil national de sécurité de la Côte D’Ivoire. Cette instance tout en qualifiant la détention des soldats ivoiriens de « chantage » a décidé de saisir la commission de la Cedeao. Réponse de Bamako : le gouvernement malien met en garde contre toute instrumentalisation de la Cedeao.
Assimi Goïta avait déclaré la semaine dernière lors d’une audience accordée à une délégation nigériane qu’il était impérieux qu’une solution soit trouvée à cette affaire.
Cependant, le président de la transition dira à ses hôtes qu’« au même moment où la Côte d’Ivoire demande la libération de ses soldats, elle continue de servir d’asile politique pour certaines personnalités politiques maliennes » faisant l’objet de mandats d’arrêt internationaux émis par la justice.
« Malheureusement, ces mêmes personnalités bénéficient de la protection de la Côte d’Ivoire pour déstabiliser le Mali, d’où la nécessité d’une solution durable à l’opposé d’une solution à sens unique qui consisterait à accéder à la demande ivoirienne sans contrepartie pour le Mali ».
Désormais, Bamako exige d’Alassane Ouattara une contrepartie s’il veut obtenir la libération de ses « mercenaires ». Mais, au lieu de continuer à dialoguer et à négocier, le président ivoirien a choisi l’option d’engager un bras de fer à l’issue incertaine. En effet, les autorités ivoiriennes qui ont reconnu des manquements lors des dernières discussions à Lomé ont décidé de saisir la CEDEAO pour qu’elle intervienne dans le dossier. En effet, à l’issue d’une réunion extraordinaire du conseil de sécurité nationale présidé par le chef de l’État ivoirien : “Le président Alassane Ouattara a instruit la ministre des Affaires étrangères à l’effet de saisir la commission de la CEDEAO, en vue de la tenue dans les meilleurs délais d’une réunion extraordinaire des chefs d’État et de gouvernement pour examiner la crise entre la Côte d’Ivoire et le Mali en vue d’aboutir à la libération des soldats dans les plus brefs délais”, a indiqué le secrétaire général de la présidence Fidèle Sarassoro.
Cette annonce des Autorités ivoiriennes a provoqué une réponse ferme de Bamako. Ainsi, Bamako a haussé le ton : « le gouvernement met en garde contre toute instrumentalisation de la CEDEAO ». En outre, le gouvernement malien a dénoncé l’attitude des autorités ivoiriennes : « Un revirement grave qui ne vise qu’à manipuler et à entraver la manifestation de la vérité.
Pour Bamako, Abidjan fait : « fi des conditions obscures et des manquements ayant entraîné l’inculpation par la justice malienne des « 49 mercenaires ivoiriens ». Des faits qui avaient été pourtant reconnus par la Côte d’Ivoire lors de la libération des trois femmes du contingent.
Bamako rappelle que c’est en sa qualité de Président du Conseil Supérieur de la Magistrature que le Colonel Assimi Goïta a fait une proposition à la Côte d’Ivoire. Celle de mettre à la disposition de la justice malienne des personnalités maliennes réfugiées en Côte d’Ivoire qui font l’objet de mandats d’arrêt internationaux. Aussi, Bamako rappelle que l’affaire des 49 militaires est une affaire bilatérale entre deux États.
Cette affaire avait débuté le 10 juillet 2022, par l’arrestation de 49 soldats ivoiriens à l’aéroport de Bamako. Ils ont été dès lors considérés comme des mercenaires par les autorités maliennes. Une accusation qu’avait rejetée Abidjan et qui demandait « sans délai », leur libération, prétendant que ce sont des éléments de soutien à la MINUSMA, même si selon le porte-parole adjoint de l’ONU Farhan Haq, les éléments interpellés « ne faisaient pas formellement partie de la Minusma ». Le 10 août 2022, les 49 militaires ivoiriens ont été inculpés par les autorités judiciaires et placées sous mandat de dépôt, pour « des faits de crimes d’association de malfaiteurs, d’attentat et complots contre le gouvernement, d’atteinte à la sûreté extérieure de l’État, de détention, port et transport d’armes de guerre et de complicité de ces crimes ».
Des accusations graves qui ne peuvent être ignorées même si Abidjan tente de les effacer.
Il serait intéressant de retourner la situation. Si le Mali avait envoyé des soldats en Côte d’Ivoire, comment les Autorités ivoiriennes auraient réagi ? De plus, on sait également que le Mali est dans le collimateur de la France et des États-Unis pour sa posture souverainiste, ce qui laisse également à penser que cette affaire n’oppose pas nécessairement la Côte d’Ivoire au Mali, mais bien la France au Mali. Car évidemment, l’envoi de ces mercenaires au Mali visait principalement la déstabilisation du pays et de son gouvernement. Et qui a intérêt à ce que le Mali soit déstabilisé, la France ou la Côte d’Ivoire ?