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Zoom Afrique du 12 septembre 2022

Le Mali met en garde l'OTAN!

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Actualité en Afrique :

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  • Le Sénégal ouvre la voie aux femmes parlementaires

 

Analyses de la rédaction :

1. Madagascar met en garde la France ! 

Madagascar ne plie pas et continue son combat pour récupérer la souveraineté des îles Eparses, que la France refuse toujours de restituer.  

Le ministre des Affaires étrangères, Richard Randriamandrato, a annoncé, vers fin août, que Madagascar ne peut pas venir avec des bateaux de guerre et des canons pour récupérer les îles Eparses. Le chef de la diplomatie malgache souhaite y aller par la voie diplomatique et compte essentiellement sur le soutien des pays au sein des Nations Unies pour récupérer ces îles. 

« Nous n’avons pas les moyens militaires comme la Russie pour débarquer sur ces îles ou pour s’en prendre à la France, afin de réclamer la restitution de ces îles », a martelé le ministre des Affaires étrangères. 

Cela fait pourtant plusieurs dizaines d’années que Madagascar se bat pour récupérer ces îles et le président Rajoelina a doublé les efforts pour obtenir auprès de l’actuel président français une avancée consistant à mettre en place les parties prenantes autour d’une table pour décider de la manière à gérer ces îles. Une deuxième réunion d’un comité dit « mixte » franco-malgache est par ailleurs attendue dans les prochaines semaines dans ce sens. 

Le fait même d’avoir émis la possibilité qu’avec l’aide des navires de guerre russe, il serait peut-être possible de récupérer les îles Eparses, les États-Unis accourent. 

Un projet de loi passera en discussions au Sénat américain. Surveiller les opérations d’influence politique et les activités des entrepreneurs militaires russes serait en passe de devenir une nouvelle mission de la diplomatie américaine en Afrique. Madagascar est dans le collimateur. Le Parlement américain discute un projet de loi qui a pour vocation d’endiguer l’avancée de l’influence russe en Afrique. 

Les Américains qui soutiennent l’Ukraine face à la Russie comptent alors ériger une loi qui roule en faveur d’une (re)mobilisation en Afrique, continent qui se tourne vers la Russie. Le projet intitulé « loi sur la lutte contre les activités malveillantes de la Russie en Afrique », adopté récemment par le Congrès américain, compte, à cet effet, déployer des moyens pour tenter désespérément de contenir l’avancée russe en Afrique. 

La présence russe en Afrique préoccupe les responsables politiques américains, surtout si le texte est adopté par le Sénat. « L’influence et les activités qui impliquent des mandataires russes, tels que des oligarques russes, des entreprises privées financées par la Russie, les sous-traitants militaires » sont particulièrement visées par ce nouveau texte mijoté par les élus américains. 

Dans cette perspective, Madagascar figure parmi les pays qui attirent l’attention des responsables politiques américains. La présence de militaire russe dans le pays est évoquée par le Parlement américain. Une résolution du Sénat américain, publiée en février 2021, affirme que la Russie a été liée à des opérations d’influence au nom du gouvernement de la Fédération de Russie en Afrique, qui opéreraient dans au moins 20 pays, dont la République centrafricaine, Madagascar, le Mozambique et le Soudan ». 

En tout cas, la nouvelle ambassadrice américaine, Claire Pierangelo a déjà évoqué ces sujets lors de son discours, en septembre 2021, devant la commission des affaires étrangères du Sénat américain. « Dans le cadre des prochaines élections présidentielles à Madagascar en 2023, nous avons l’occasion de nous associer aux peuples malgaches pour renforcer les principes démocratiques, plaider pour une participation politique pleine et ouverte et faire pression pour la protection des droits de l’homme », a-t-elle martelé. 

En bref, vu la tentative ratée d’assassinat du président malgache par des mercenaires français, ce sont maintenant les États-Unis qui préparent un coup contre Madagascar durant les élections de 2023.  

Voilà donc le nouvel agenda des États-Unis pour l’Afrique de l’Est, à savoir, récupérer de force son influence perdue suite à sa politique néocolonialiste et sa volonté de vouloir garder un monde unipolaire dirigé seulement par Washington.  

Les Africains ont choisi de se tourner vers la Russie, l’Iran et la Chine, car ce sont des pays qui respectent le principe de partenariat gagnant-gagnant et un respect réciproque est également installé, qui n’existe évidemment pas avec les Occidentaux. 

 

2. Le Mali ne se pliera pas aux diktats de qui que ce soit ! 

Le Mali n’entend plus se plier aux diktats d’un partenaire, notre pays ne cédera plus ni aux chantages ni aux pressions d’un partenaire, et le Mali n’abandonnera jamais un partenaire au profil d’un autre… Ce sont là, des vérités assénées par Abdoulaye Diop, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, lors de la réunion du groupe de suivi et soutien à la transition, qui s’est tenue la semaine dernière à Lomé. Occasion pour Diop de mettre les points sur les I. 

En effet, devant les partenaires réunis lors des travaux de la 3ème réunion du Groupe de Suivi et de Soutien à la Transition au Mali (GST-MALI), le ministre Diop a réaffirmé les 3 principes clés du Mali : le respect de la souveraineté du Mali ; le respect des choix stratégiques (choix des partenaires) ; et la défense des intérêts vitaux du peuple malien dans les décisions prises. Ainsi, le chef de la diplomatie malienne a déclaré : « Notre gouvernement est prêt à dire non quand nous estimons que l’aide ou l’assistance ou le partenariat qui nous sont proposés ne sont pas en ligne avec notre propre vision du Mali ». 

Le ministre Abdoulaye Diop précise ceci : « Personne n’aime le Mali plus que les Maliens ; personne ne connaît les problèmes du Mali mieux que les Maliens ; et personne n’a une meilleure solution aux problèmes du Mali que les Maliens eux-mêmes ». Ce qui est on ne peut plus clair, l’adresse de certains pays qui s’agitent autour du Mali. 

Aussi, le ministre des Affaires étrangères a indiqué clairement qu’« Il est important aussi de retenir que tout ce qui se fera au Mali doit se faire avec les Maliens, en accord avec les Maliens et avec la contribution des Maliens et nous n’accepterons rien qui puisse se faire sans les Maliens ou contre les Maliens. Ceci est une donnée importante qu’il faut retenir ». 

Dans le cadre de nos rapports avec nos partenaires, il ajouta qu’« il est également important de comprendre que le Mali nouveau n’acceptera pas qu’on puisse nous imposer des agendas, qu’on puisse nous imposer notre propre agenda, nos priorités ; qu’on puisse nous imposer des diktats. Naturellement, cela s’accompagne d’un prix à payer, et ce qui est nouveau est que notre gouvernement est désormais prêt à dire non quand nous estimons que l’aide, l’assistance ou le partenariat qui nous sont proposés ne sont pas en ligne avec notre propre vision du Mali ». 

Aussi, le ministre Diop a précisé aux partenaires que les choses ont changé ! Et c’est une nouvelle vision malienne qui est en cours et qui est conforme aux seuls intérêts du Mali. « Tant qu’il n’y aura pas la paix et la stabilité au Mali qui occupe une position stratégique, centrale, en Afrique de l’Ouest, lorsque quelque chose de bien se passe au Mali, cela se propage dans la région et lorsque quelque chose de mauvais se passe au Mali, cela affectera la région. Le Mali est une mosaïque de populations : toute l’Afrique de l’Ouest est au Mali, tout comme le Mali est dans toute l’Afrique de l’Ouest », dira Abdoulaye Diop. Avant de préciser que « travailler avec le Mali, aider à ramener la démocratie, la paix et la stabilité au Mali est un investissement que chacun de nous fera pour la paix au Mali, pour la stabilité de la région et aussi pour la prospérité du monde ». 

Ainsi, le ministre Diop est sans équivoque : « Ceux qui veulent travailler dans le cadre de cette vision et de ces principes sont les bienvenus » ! 

En outre, le chef de la diplomatie malienne a profité de l’occasion pour apporter un démenti cinglant à ceux qui affirment que le pays est isolé. « Certains veulent nous coller des stéréotypes disant que « le Mali veut se fermer », « le Mali est isolé », « le Mali ne veut pas travailler avec les gens ». 

Aussi, il a mis l’accent sur l’importance du Mali sur l’échiquier sous régionale : « Il est important de comprendre cela, car pendant longtemps, nous avons remarqué que le Mali accompagnait les partenaires. Maintenant nous voulons que le logiciel change pour que les partenaires comprennent que c’est le Mali qui assurera le lead, avec le prix que cela nécessitera de payer. Il faut aussi comprendre que, soutenir le Mali, travailler avec le Mali n’est pas un cadeau fait au Mali et aux Maliens ; les Maliens ont la responsabilité première ». 

Enfin Abdoulaye Diop estime que tant qu’il n’y aura pas la paix et la stabilité au Mali (…) cela se propage dans la région et lorsque quelque chose de mauvais se passe au Mali, cela affectera la région ».

 

3. Réponse du Mali à l’Allemagne... 

Suite aux pseudo menaces que la ministre allemande des Affaires étrangères a lancées au gouvernement malien, la société civile a tenu à répondre à cela dans une lettre ouverte. 

Dans une envolée lyrique habituelle dans certaines chancelleries, vous, la ministre allemande des Affaires étrangères, avez osé cette fulgurance nauséeuse : « Nous ne devons pas abandonner le Mali et surtout, nous ne devons pas le laisser à la Russie ». 

Cela claque, cela révèle une obstination de certains pays d’Occident à ne voir l’Afrique subsaharienne qu’en propriété d’autres nations. Encore mieux, à ne l’imaginer que sous un prisme patrimonial, que soumise à des puissances étrangères. 

Martine Laroche-Joubert, journaliste française, a dit ceci à votre sujet dans “L’Enquêteur” du 2 septembre 2022 dans l’affaire de violation de son espace aérien dont la France est accusée par le Mali : 

“L’affaire retient toute l’attention de l’opinion nationale malienne et panafricaine. Pendant ce temps, Paris évite les sorties publiques et met à profit toutes ses ressources diplomatiques de haut niveau. Pour le moment les pays de l’Union européenne lui auraient assuré leurs soutiens. C’est peut-être pour témoigner de ce fait que la ministre allemande des Affaires étrangères s’est fait de nouveau remarquer par une autre de ces bêtises qu’elle seule maîtrise le ton « L’Allemagne ne va pas laisser le Mali à la Russie ». Par l’Allemagne, il faut entendre : l’Union européenne en soutien à la France pour l’aider à préserver sa propriété privée, le Mali. Le réveil euro-occidental sera brutal”. 

Vous avez tenu ces propos sur le Mali à Rabat, au Maroc, pays qui, soi dit en passant, a fait massacrer plusieurs dizaines de migrants africains sub-sahariens le 24 juin 2022 à la frontière avec Melilla.  

En rupture avec le langage diplomatique, vous avez utilisé un verbe haut, brutal, incisif et suffisant. Un blitzkrieg langagier rappelant Lothar Von Trotha, un autre allemand qui, de sinistre mémoire, disait ceci des Hereros du Sud-ouest africain (Namibie) le 2 octobre 1904 : 

« À l’intérieur de la frontière allemande (partie de la Namibie sous contrôle allemand), tout Herero, avec ou sans fusil, avec ou sans bétail, sera fusillé. Je n’accepte plus ni femme ni enfant, je les renvoie à leur peuple ou fais tirer sur eux. Telles sont mes paroles au peuple herero. Le grand général du puissant empereur. Von Trotha ». 

Une extermination, un génocide que les pontes autoproclamés de la chose génocidaire refusent de classer dans ce registre. Ce pays fut le réceptacle de la première expérience de l’utilisation des camps de concentration. Des millions d’Allemands pacifiques et bienveillants ne se retrouvent pas dans vos déclarations chevaleresques, belliqueuses et irresponsables. Est-ce à dire que le pyromane impose le choix de l’eau à utiliser pour éteindre l’incendie dont il est responsable ? 

De ces millions d’Allemands qui ne se retrouvent et ne se seraient pas reconnus dans vos délires, j’appelle Leo Viktor Frobenius (1873-1938), anthropologue et ethnologue, qui parlait ainsi des Africains Sub-sahariens : 

« Civilisés jusqu’à la moelle des os ! L’idée du nègre barbare est une invention européenne ». 

Nous pouvons citer quantité d’Allemands qui seraient horrifiés par votre diatribe ridicule à souhait. 

Ce faisant, vous emboitez le pas aux sulfureux Jean Yves Le Drian et l’hystérique Florence Parly qui ont bien amusé les galeries médiatiques par des déclarations lourdingues, mensongères et tonitruantes. Ou bien, s’agit-il d’un passage de témoin concerté, un passage de relais pour contourner le désamour de l’opinion africaine à l’égard des dirigeants français? Les sorties médiatiques suivies de démentis d’autres acteurs européens abondent dans ce sens tel ce propos du ministre espagnol des Affaires étrangères préconisant une intervention de l’OTAN au Mali. 

Madame, en fait un vent de panique s’empare de vos pays qui ont mis de l’huile sur le feu en Ukraine. Cette Ukraine qui a infligé les pires tourments aux Africains qui y vivaient et que vos médias ont superbement ignorés. Vos pays, tels des moutons, ont suivi la politique belliciste de l’OTAN et surtout des États-Unis et face à la crise mondiale provoquée par vos errements, vous déferlez sur l’Afrique pour contrôler les ressources et empêcher les pays émergents, les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) d’y accéder. 

Nous l’avons déjà dit, vous adorez l’Afrique, mais sans les Africains sauf quand ils jouent les rôles de supplétifs, sous-préfets entre autres gardes-champêtres ou gardes-chiourmes défenseurs de vos intérêts mercantiles. Mais voyez-vous, les peuples ont compris et refusent désormais vos discours tantôt fielleux, tantôt hypocrites. Les peuples ne veulent plus de ces dirigeants africains falots que vous adorez maintenir aux pouvoirs en Afrique. 

Faut-il encore vous préciser que l’amitié entre le Mali et la Russie ainsi que les accords militaires ne sont pas une affaire récente ? Ils datent du 22 septembre 1960 et se sont renforcés, pour le volet militaire, à partir de 1963 quand les autorités françaises de l’époque avaient encouragé les Touareg de Kidal à se rebeller. Preuve que les menés des autorités françaises et certains pays européens sont anciens. D’autres pays européens, nous le savons, sont à la manœuvre pour essayer de disséquer le territoire malien et faire main basse sur les ressources. 

La bonne affaire, l’Allemagne ne va pas laisser le Mali à la Russie. Et si le Mali persiste dans sa coopération avec la Russie, non pas pour appartenir à ce pays, mais dans un cadre gagnant-gagnant, qu’allez-vous entreprendre ? 

Un Vernichtungsbefehl (ordre d’extermination), un blitzkrieg (guerre éclair), une opération Barbarossa ou comme vos amis étasuniens avec les peuples autochtones d’Amérique, un cantonnement des Maliens sans réserve sur leur propre territoire ? 

Votre pays ne peut s’en prendre qu’à lui-même d’avoir suivi les décisions imposées par Washington et l’OTAN notamment à propos du gaz russe. 

Il y a un basculement dans la donne mondiale, les politiques d’arrière-garde n’y pourront rien sauf à déclencher une nouvelle boucherie mondiale comme l’occident en a le secret. 

Le Mali n’entend plus s’abandonner dans les bras de ceux qui ont mis en place la traite négrière et accusé ensuite les Africains de s’être vendus les uns les autres, ceux qui ont orchestrés la colonisation et parmi lesquels certains pays sont encore payés encore les affreuses “dettes coloniales”, ceux qui ont mis en place des réseaux de mercenaires appelés djihadistes, terroristes, Al Qaida, Dqech, Al Nosra et cie… 

Le centre de gravité quittera l’Amérique et l’Europe vers d’autres cieux. C’est ainsi, c’est la marche du monde. La cupidité de l’Occident l’a amené à vendre aux plus offrants, et jusqu’à son âme. Il ne revient pas à l’Afrique de l’aider à se remettre à flot. 

L’Afrique et le Mali n’ont pas vocation à renflouer les pays qui ne pensent qu’à pilier, qui sèment la zizanie entre les communautés pour asseoir leurs emprises, qui ont une vision hiérarchique des groupes humains. 

Nous le savons, dans votre volonté de vous imposer à nouveau en Afrique noire, vous allez utiliser tous les ressorts, y compris l’instrumentalisation de pays du Maghreb qui rusent avec leur africanité et entretiennent des jeux troubles notamment avec le Mali. 

Si vous restez dans cette vision patrimoniale de l’Afrique, vous mordrez la poussière. 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV