« Quelques jours tout au plus mais pas davantage ! » Ce discours très étoffé qu’a tenu il y a quelques heures le secrétaire général du Hezbollah où il a égrené l’une après l’autre les composantes de l’axe de la Résistance comme étant ses alliés dans toute confrontation à venir, surtout la Syrie et puis Gaza qui de par leur emplacement géographique dominent la côte israélienne et partant ses ports gaziers et ses sites offshores, ce qui reste un atout guerrier majeur, et bien ce discours avait quelque chose de particulièrement « temporel ». Voyant la stratagème US/Israël prendre corps, lequel stratagème consiste à tuer le temps, à jouer autant que faire se peut les prolongations et ce, de façon à ce que la situation interlibanaise pourrisse et que celle en Israël s’améliore et qu’in fine sorte de cet amas trop imbriqué, une solution par dépit pour un Israël aux abois, Nasrallah est allé droit au but et a laissé entendre que la guerre est « une nécessité » et qu’il est grand temps que l’équation de force Israël/Résistance change pour de bon et qu’elle brise le cadre d’un équilibre de la terreur quitte à faire pencher définitivement la balance en faveur de la Résistance. Car au stade où en est Israël en ce mois d’août 2022, toute guerre s’avère fatale pour lui et marquerait une très longue période de turpitude dont Israël ne se remettra pas et c’est cela le but que la Résistance semble s’être fixé.
En effet, cette nuit, juste avant que Nasrallah ne prononce son discours, le député proche du Hezbollah, Raad a levé un coin de voile sur cette finalité historique qui pourrait déboucher sur un Moyen Orient sans Israël : « Le Hezbollah connaît le secret de la victoire face à l’ennemi sioniste et en détient même la clé. Nous le vaincrons de la pire des manières à tel point qu’il n’en restera plus aucune trace ni au Liban ni ailleurs dans la région. L’ennemi sioniste s’efforce d’empêcher le Liban d’exploiter son gaz dans les eaux territoriales. Mais que les ennemis le sachent, ils ne pourront pas humilier la nation libanaise, une nation qui sait bien que le chemin de la victoire est tracé par la résistance et l’endurance.(...) Le Hezbollah insiste sur la souveraineté libanaise sur les ressources en gaz dans ses eaux territoriales et il est déterminé à restaurer ce droit même manu militari pour que le peuple libanais vive dans sa pleine dignité », a ponctué Mohammad Raad, réitérant que le Hezbollah continuerait le chemin de la résistance.
Mais quels sont constats qui ont poussé le Hezbollah à envisager possible via une « guerre nécessaire » un Moyen Orient sans Israël ? A vrai dire c’est la première fois dans l’histoire de l’entité où celle-ci fléchit à la fonction pour laquelle Israël a été montée de toute pièce, celle d’une « sysmétique machine de guerre » . Pour un régime dont l’essence est basée sur les ruines et le sang, cela signe la fin d’une époque et cette époque, c’est le Hezbollah, seule force ayant déjà vaincu Israël qui saura la clore : pour le duo Lapid/Gantz qui ne cesse, histoire de ne pas perdre la face, de bluffer à la longueur de la journée et de proférer des menaces guerrières risibles, il est très clair qu’un face-à-face armé avec le Hezbollah relèverait du suicide politique. Le dilemme est d’autant plus complexe que le duo particulièrement fragilisé à l’interne pour cause d’une échéance électorale risquée ne peut non plus jeter du leste et concéder quoi que ce soit au Liban.
Pire, par un jeu de calcule particulièrement pernicieux, Lapid/Gantz s’est mis les pieds dans le plat et à déclenché au début août une bataille contre Gaza qui lui a fait franchement tort : alors même qu’elle avait mobilisé quelque 30.000 réservistes, des centaines de chars et de blindés autour de Gaza tout en recourant à la ruse et affirmant n’avoir rien contre le Hamas et ne voulant que la peau du Jihad islamique (JIP), l’entité a subi une méga déculotté, très exactement 3 jours et deux nuit après avoir frappé Gaza avec seulement 1000 roquettes qui en ont bousillé un DCA remis à neuf , ce qui en a donné une image encore plus affaiblie, encore plus avachies, l’image d’une machine de guerre rouillée qui ne vaut rien. Après la trêve de 7 août que les Egyptiens ont réussi à arracher après mille et une promesses, c’est cette question qui taraude désormais dans tous les esprits, y compris dans ceux des Sionistes : « une entité qui ne tient que trois jours face au JIP, tiendrait-elle trois heures face au Hezbollah ? »
Cet après midi la presse sioniste broie du noir. Maariv écrit :
« A en juger les propos de Nasrallah, Israël aura à vivre un septembre terrifiant. (…) Le Hezbollah sait qu’Israël n’est pas en mesure de répondre ses attaques aussi de petite échelle qu’elles soient, par une escalade et l’opération du début d’aoute n’y apporte qu’une preuve supplémentaire. Au fait un face a face avec le Hezbollah ligotera la totalité des capacités militaires d’Israël quitte à laisser les portes ouvertes pour Gaza voire le seul Jihad islamique de la Palestine qui n’a pas encore dit son dernier mot et qui brule l’envie de passer à l’acte. Alors ce sera un double front nord et sud où tout Israël sera engagé contre même pas un tiers des capacités du camp d’en face. Et si Israel ? imaginez un instant les dégâts ! Qui aura à miser alors sur un Israël qui a perdu la bataille face à deux milices réunies ? Mais ce n’est pas le pire qui puisse arriver. Le pire serait qu’entre 2 juillet et 7 août le Hezbollah et le JIP ont surpris l’armée israélienne par deux opérations aux drones visant les sites gaziers offshore de Karish et de Taramr et dans les deux opérations notre armée a été en posture défensive. Personne ni même une Europe en manque de gaz ne viendra investir dans un secteur gazier où missiles et drones lui sont suspendus au- dessus de la tête comme une épée de Damoclès ! »