Aucune partie au monde n'a eu autant de peur qu'Israël à l'annonce de l'ouverture de la première usine de fabrication de drone iranienne hors des frontières du pays au Tadjikistan, ce pays stratégique de l'Asie centrale qui abrite la plus grande base russe sur son territoire et où se trouvent aussi stationnées les forces chinoises. Mais pourquoi cette crainte? En effet les analystes sionistes voient à travers cet acte plus un simple contrat militaire signé de part et d'autre. Il y voit une contrepartie à leur politique d'infiltration en Asie centrale qui fin 2021 a failli mettre sens dessus dessous le Kirghizstan, politique qui a réussi à faire par ailleurs de l'Azerbaïdjan un pré carré OTAN/Israël.
Commentant cette "évolution, le porte-parole des forces armées iraniennes est allé lui aussi plus loin en reconnaissant qu'il y a à travers cette démarche une certaine volonté de contrer à la fois Israël et l'OTAN dont l'extension est certes une menace pour la Russie et la Chine mais aussi pour l'Iran. Se référant à la coopération entre Téhéran et Douchanbé pour contrer l'expansion de l'OTAN, le général Shekartchi a fait savoir que les deux pays organisent des exercices conjoints pour renforcer leur sécurité.
Un porte-parole des Forces armées a déclaré dans une interview radiodiffusée que les États-Unis, Israël et leurs alliés dans la région tentaient de déstabiliser le pays, bien sûr en collusion avec des groupuscules terroristes, Daech entre autres. Pour contrer le groupe terroriste, une coordination doit être établie entre les pays de la région, selon le général Shekratchi.
« Compte tenu des pressions exercées par les États-Unis et l'Occident pour élargir l'OTAN, l'Iran et le Tadjikistan peuvent jouer un rôle majeur dans les développements régionaux », a déclaré l'officier haut gradé des forces armées.
"En raison de la frontière de certains pays membres ou partenaires de l'OTAN avec l'Iran, en particulier dans la région de l'Asie centrale, Téhéran a adopté une stratégie politique et militaire spéciale envers l'OTAN dans la région. La récente visite du chef d’Etat-major des forces armées à Douchanbe fait partie de cette stratégie. Les deux parties sont parvenues à signer un accord sur l'exportation et la fabrication d'une usine du drone multirôle « Ababil 2 » au Tadjikistan, écrit le Jerusalem Post qui décrit la construction d'une usine de drones iraniens au Tadjikistan comme un tournant pour l'industrie militaire iranienne.
"Il est évident que Téhéran n’a pas essayé de garder secrète la création de l'usine de drones Ababil-2 au Tadjikistan. De plus, l'Iran semble être fier de son accès au marché des drones. Par le passé, il a exporté des drones vers le Venezuela, mais cette usine semble être un « tournant »"
Et d'ajouter : " L'Iran augmente sa volonté de se concentrer sur l'Est dans le cadre d'une stratégie plus large qui comprend un nouvel accord de 25 ans avec la Chine, ainsi que de son intérêt pour l'Inde et l'Afghanistan. Téhéran veut s'éloigner de l'Occident et se rapprocher des pays d’Asie centrale.
Et la question qui se pose surtout est de savoir si le drone sera potentiellement utilisé dans le cadre de l'équilibre des forces militaires en Asie centrale à titre de vecteur d'influence pour y faire infiltrer ce que l'Iran appelle axe de la Résistance ou tout simplement Ababil 2 restera confinée à la tache de sécuriser les zones frontalières de l'Afghanistan. Quelque chose nous dit que c'est plutôt la première option car c'est ainsi que l'axe de la Résistance a pris forme en Irak au Yémen, à Gaza au Liban et ce contre les intérêts d'Israël et de ses alliés, un Isra¨le qui possède une ambassade à Douchanbé"
En 2020, la présence israélienne en Azerbaïdjan et ses liens militaires avec Bakou a largement tendu les relations de Bakou avec Téhéran. Lors de la guerre Arménie/Azerbaïdjan, ce facteur a largement inquiété Téhéran. Téhéran est-il sur le point de couper l'herbe sous le pied d'Israël? Les liens Bakou-Téhéran ne font que se réchauffer, ce qui n'augure rien de bon pour Israël.