« La détermination des services de sécurité israéliens qui insistent à dire que la Résistance n’est pas à l’origine des événements de ces dernières semaines, mais qui « surfent sur la vague » révèle une lacune importante dans la compréhension de l’influence de la Résistance sur les réseaux sociaux palestiniens », estime Harel Chorev, directeur de recherche au Centre Moshe Dayan pour des études sur le Moyen-Orient et l’Afrique, qui est un historien spécialisé dans les réseaux sociaux au Moyen-Orient.
Dans un article intitulé « Comment le Hamas a pris le contrôle des réseaux » publié sur le site du journal Haaretz, Harel Chorev a écrit : « Depuis une décennie, le Hamas a systématiquement pris le contrôle des réseaux sociaux qui ont désormais la source principale de connaissances et d’informations pour les jeunes palestiniens. Ce contrôle permet au Hamas de fixer les frontières entre légitimes et illégitimes, et de dicter l’agenda médiatique qui affecte directement l’agenda politique, c'est-à-dire la réalité. »
Harel Chorev estime que pour le Hamas, les réseaux sociaux seraient un défi pour lequel il a réussi à trouver une bonne solution afin de se procurer un moyen efficace d’information grâce à la technologie.
Le chercheur israélien prétend que le Hamas possède déjà des centaines de comptes et de pages qui sont presque entièrement déguisés en comptes et pages n’ayant aucune dépendance politique ou idéologique par rapport au Hamas.
Le Hamas se concentre sur les questions palestiniennes
D’après le chercheur israélien, le Hamas se focalise simplement sur les questions centrales de la Palestine sur les réseaux sociaux : mosquée Al-Aqsa, lutte contre Israël, opposition à Mahmoud Abbas et corruption généralisée au sein de l’Autorité autonome.
Le fait que les comptes et les pages soient entièrement déguisés permet au Hamas de se servir du « soft power » des jeunes palestiniens qui estiment qu’ils reçoivent les vraies informations du terrain, informations qui sont contre Israël et l’Autorité autonome de Mahmoud Abbas, selon Harel Chorev.
D’après lui, les activités du Hamas sur les réseaux sociaux sont systématiques et professionnelles, et il donne à ce propos l’exemple de vidéos diffusées sur les réseaux sociaux dans les années 2015-2016 pour encourager les jeunes palestiniens à attaquer les sionistes à l’arme blanche.
Le Hamas utilise les réseaux sociaux pour déjouer les désinformations israéliennes
Harel Chorev rappelle que le Hamas a créé des sites qui ont un rôle indéniable dans l’orientation de l’opinion publique palestinienne, dont le Al-Quds News et Sahab. Ces pages sont suivies par des millions de personnes. Ces pages permettraient au Hamas de diffuser ses informations et points de vue, mais de déjouer aussi les informations israéliennes.
L'affiche du Hamas accroché dans l'enceinte de la mosquée Al-Aqsa
Le chercheur israélien estime que ces dernières semaines, le Hamas diffuse un « discours de guerre ».
« Alors qu’ils se cachent avec prudence derrière ses pages et sites dans l’espace virtuel, ils essaient d’obtenir des victoires politiques sur le terrain », a ajouté Harel Chorev.
En dépit de toutes les mesures draconiennes de sécurité prises par le régime israélien à la mosquée Al-Aqsa, il y a un mois, lorsque Yahya Sinwar, commandant des brigades Qassam prononçait un discours à Gaza, une affiche du Hamas a été accrochée dans l’enceinte de la mosquée Al-Aqsa. Harel Chorev qualifie le discours de Sinwar et le drapeau du Hamas à la mosquée Al-Qasa de provocations contre Israël.
Le service de sécurité israélien a-t-il la force de contrer l’influence du Hamas ?
D’après le chercheur israélien, ce récent discours de Yahya Sinwar était un tournant important dans les activités médiatiques du Hamas depuis une dizaine d’années.
Harel Chorev estime que le service de sécurité israélien ne réussira pas à contrer l’influence du Hamas sur les réseaux sociaux s’il décide de recourir simplement aux méthodes classiques. Il souligne donc qu’une réaction directe de Tel-Aviv ne serait guère efficace. Il propose donc que les responsables israéliens essaient d’abord de mieux comprendre la stratégique du Hamas dans le contrôle des réseaux sociaux.