Dans les structures dérivées d'alliances internationales et régionales, normalement un ou plusieurs acteurs jouent le rôle de bastion ou de centre de gravité de cette structure et l’Union européenne n’y fait pas exception !
« En physique, la détermination et le calcul des coordonnées d'un centre de gravité revêtent une importance particulière. Ce centre de gravité est un point précis qui assure la stabilité et l'équilibre d'une structure, et les composants trouvent sens autour d'elle. Le centre de gravité d'un objet peut ne pas être situé à son centre géométrique et peut être identifié ailleurs. Dans les structures dérivées d'alliances internationales et régionales, normalement un ou plusieurs acteurs jouent le rôle de bastion ou de centre de gravité de cette structure et l’Union européenne n’y fait pas exception », c’est ce qu’a écrit Hanif Ghaffari, expert en relations internationales dans le journal Vatan Emrouz.
Le 7 février 1992, le traité européen communément appelé traité de Maastricht, a été conclu entre les dirigeants de 12 États membres de la Communauté économique européenne, et après un certain temps, la France, la Grande-Bretagne et l'Allemagne sont devenues les principaux piliers d'une Europe unie. La domination historique de ces trois acteurs a conduit les États membres de l'UE à devenir dès le départ des acteurs de premier, de deuxième et même de troisième degrés. Ce classement informel - mais tangible - était présent dans le processus de prise de décisions européenne dès le début. Par exemple, lorsque les Irlandais ont voté contre le traité de Lisbonne lors d'un référendum, les dirigeants de la Grande-Bretagne, de la France et de l'Allemagne ont menacé de forcer leurs citoyens à organiser à nouveau un référendum !
Aujourd’hui, en 2022, l’Europe unie est en ébullition ! La Grande-Bretagne a officiellement quitté l'Union européenne et des différends juridiques, frontaliers, de sécurité et de citoyenneté se poursuivent entre la Grande-Bretagne et les autres membres d'une Europe unie.
Le Brexit est le point de départ de la désintégration de l'Union européenne. La croissance du nationalisme extrémiste à travers l'Europe a également accéléré cette tendance. L'Allemagne et la France sont désormais deux autres points de gravité qui font respectivement office de fief du « système économique » et du « système politico-sécuritaire », mais la situation de ces deux pays est désormais plus malsaine qu'on ne le pense !
En France, on a vu la réélection d'Emmanuel Macron au scrutin présidentiel. Près de 30% des Français se sont abstenus de voter, enregistrant le plus bas taux de participation aux élections. La majorité des suffrages exprimés pour Macron et le Parti républicain sont également négatifs. Le vote réel de Macron à l'élection présidentielle française (basé sur les résultats du premier tour) n'est que de 28 % du vote total des électeurs. Autrement dit, en tenant compte de ceux qui n'ont pas participé aux élections, seuls 17% des citoyens français ont voté positivement en sa faveur !
De nombreux analystes estiment que Macron deviendra un politicien faible lors de son second mandat, qui perdra le contrôle du Parlement.
Ce gouvernement minoritaire sera aux prises avec de nombreuses crises, notamment l'unité des nationalistes dirigés par Marine Le Pen, la poursuite des manifestations des Gilets jaunes dans les rues de Paris et d'autres villes, et la forte opposition des retraités et des travailleurs à la réforme économique.
Lors de son premier mandat, Macron voulait être un vrai leader pour les Européennes, mais maintenant il préfère la survie minimale à l'Elysée à toute autre option !
Les Allemands ne sont pas mieux placés que les Français. Après le départ d'Angela Merkel du sommet de la pyramide du pouvoir à Berlin et la lourde défaite de la coalition des partis chrétiens, on assiste à la formation d'une nouvelle composition politique en Allemagne.
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La coalition tripartite des sociaux-démocrates, des Verts et des libéraux a jusqu'à présent eu un résultat très malheureux pour les Allemands.
Les divergences entre ces trois partis sur des questions importantes comme la guerre en Ukraine ou les modalités des relations économiques et commerciales avec les autres acteurs européens, et enfin leur rôle dans le leadership économique européen, les ont plongés dans une grande confusion.
Le chancelier social-démocrate allemand Olaf Scholz a également perdu le contrôle de la situation économique de son pays (surtout après la guerre d'Ukraine), remettant en cause le leadership économique de Berlin dans la zone euro. En Allemagne aussi, les partis traditionnels sont plus que jamais affaiblis par la montée en puissance de partis extrémistes et nationalistes comme l'Alternative pour l'Allemagne (AFD).
Sans aucun doute, ni Paris ni Berlin n'auront le pouvoir de devenir un leader puissant pour l'Europe. Dans de telles circonstances, le « retour au nationalisme » ou à « l'anarchisme moderne » est plus proche que jamais du corps à demi-vie de l'Europe !