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Zoom Afrique du 7 mai 2022

Niger: Bazoum a eu Barkhane?

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Actualité en Afrique :

  • Burkina Faso : pluie d'hommages pour des gendarmes tués lors d'une attaque terroriste ;
  • RDC : projets d’électrification sur l’ensemble du territoire national ;
  • Internet : Le Cameroun et la RCA interconnectés ;
  • Tchad : L'accès à l'énergie de 6% à 30% d'ici cinq ans.

Analyses de la rédaction :

Niger : Bazoum a eu Barkhane ?

Si les Français croient pouvoir se déployer au Niger une fois que Barkhane sera mise à la porte au Mali, ils se trompent !

Une première frappe anti-France anti-armée de l’air française vient d’avoir lieu au Niger. Frappe que Barkhane a maquillée en une panne technique !

« En effet, ce 5 mai, via Twitter, l’État-major des armées [EMA] a fait savoir qu’un MQ-9 Reaper Block 1, armé, avait été victime, la veille, d’un incident technique à l’issue d’une mission de surveillance au-dessus de la zone dite des trois frontières, car situées aux confins du Mali, du Niger et du Burkina Faso. Selon les explications livrées par l’EMA, le train d’atterrissage du drone s’est bloqué alors qu’il était en phase d’approche de l’aéroport de Niamey [Niger]. Afin de ne pas causer de dommage à la piste où il devait atterrir, et « en accord avec les autorités locales », le MQ-9 Reaper s’est posé, « en sécurité », dans un champ de tir situé à 45 km de la capitale nigérienne », lit-on sur OPEX360.

Le récit est très difficile à croire quand on sait que ce n’est pas la première fois qu’un drone de l’axe France-US-OTAN fait crash :

  1. En octobre 2014, un drone de l’armée française s’est écrasé sur le tarmac de l’aéroport international Diori Hamani de Niamey, capitale nigérienne.
  2. En novembre 2018, un drone de surveillance Reaper appartenant à l'armée française s'est écrasé non loin de la base aérienne de Niamey à son retour de mission.
  3. En août 2020, les États-Unis perdent leur troisième appareil sans pilote au Niger.
  4. Et puis c’est le 29 février 2020 que l'U.S. Africa Command (Africom, NDLR) a perdu un nouveau drone dans le secteur d'Agadez.

Le point qui attire l’attention dans tous ces crashs est le fait que l’axe US-OTAN remet la cause à chaque fois sur des pannes techniques. Mais à quoi riment réellement ces pannes techniques ?

On se rappelle des propos du président Bazoum lors de son dernier entretien avec TV5 quand ce dernier évoquait le déploiement des forces françaises au Niger en définissant les lignes rouges et en soulignant que c’est à l’État nigérien, à sa population et à son armée de définir le modus operandi de Barkhane.

« La seule chose que nous devons à notre population et sur laquelle elle s’attend à ce que nous fassions quelque chose, c’est de lui assurer sa sécurité. Quels sont les moyens que nous pouvons utiliser ? Avec qui pouvons-nous nous organiser ? C’est notre affaire à nous! », avait-il martelé.

L’abattage de ce nouveau drone en pleine campagne de déploiement de Barkhane au Niger pourrait nous amener alors à deux pistes :

La première piste nous amène à dire que Barkhane et ses alliés américains ont commencé à aller trop loin et agir à leur tête au risque de provoquer la colère et la réaction du Niger. En effet on sait très bien qu’à l’image de leurs voisins malien et burkinabé, les Nigériens ont sévèrement résisté et bloqué le convoi français qui devait se rendre au Niger. Une résistance qui a même poussé les troupes d’occupation de tirer sur le peuple nigérien ; une affaire que le président Bazoum a poursuivie en personne et il a exigé à la France une enquête après les violences.

On sait très bien que le président Bazoum a déjà à maintes reprises souligné « que Paris n'a pas à faire la guerre à la place des Sahéliens » et ce que « les Nigériens attendent d’abord de lui, c’est qu’il soit efficace et que ses promesses soient tenues ».

La deuxième piste c’est le fait que l’État nigérien, en accordant son feu vert aux troupes d’occupation franco-américano-otanienne pour un redéploiement sur le territoire nigérien leur a tendu un piège de concert avec ses alliés au Sahel et on pense au Mali, au Burkina…pour des attaques coordonnées anti-occupation.

D’ailleurs, ce n’est pas tirer par les quatre cheveux dans la mesure où le Mali vient d’acquérir des radars de surveillance, lui permettant de détecter des mouvements de troupes, même des missiles ou certaines roquettes. D’ailleurs, la junte malienne a invoqué des « atteintes flagrantes à la souveraineté nationale » du pays et a annoncé considérer la présence des militaires français et européens sur son sol comme illégale.

Cette hypothèse devient encore plus plausible quand on sait que ce dernier drone abattu a subi ce crash dans la zone des trois frontières, cette zone ultra-stratégique pour cet axe aussi bien du point de vue militaire qu’économique, où on tente depuis des années de la vider à coup d’attaques contre civils, bombardement à coup de Mirage 2000, etc., mais dont les armées nationales des pays concernés étant souverainistes et soutenues par leur population n’ont jamais permis que cela arrive.

Les jours à venir s’annoncent donc difficiles pour Barkhane et cie. Il semblerait que ce crash de drone français ne soit que le début d’une opération conjointe inter-africaine qui a plus d’un tour dans son sac !

 

CEDEAO : nouveau levier de guerre franco-US ?

Première réaction à la démarche de l’État malien de sommer la discorde au sein du camp occidental en tendant la main au Togo : la CEDEAO qui est appelée la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest a été poussée à changer de statut et est apparemment devenue un levier de guerre occidental.

« Les chefs d’état-major des pays de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) se sont retrouvés jeudi 5 et vendredi 6 mai à Accra. Leur mission : travailler au renforcement de la coopération entre États afin de lutter contre l’insécurité grandissante en Afrique de l’Ouest. Que retenir alors de ces deux jours d’échange ? Qu’« aucun pays côtier n’est en ce moment à l’abri d’une attaque jihadiste. Aucun pays n’est plus menacé qu’un autre. Mais tous les pays aujourd’hui sont sous la menace d’attaques de groupes armés terroristes », assure le général Lassina Doumbia, le chef d'État-major des armées de Côte d’Ivoire ».

Cette réunion est clairement signe que la lutte anti-embargo de l’État malien a apporté largement ses fruits et que grâce à cette initiative malienne l’économie est sur le point de transformer l’Afrique de l’Ouest en un terrain de guerre d’action militaire.

En effet, depuis que le Mali a décidé de tenir tête face aux diktats occidentaux, la CEDEAO n’a pas hésité de mettre d’avantage de pressions sur la junte en lui imposant des sanctions économiques sans que ces pressions apportent évidemment  l’effet escompté. 

En voulant suivre les directives de l’Occident, qui cherche absolument à instaurer des divisions au sein de l’Afrique, une instance comme la CEDEAO est en train de se mettre toute seule dans un bourbier, croyant vouloir simplement mettre la pression sur les autorités maliennes. L’erreur des Occidentaux et en l’occurrence la France et les États-Unis, c’est qu’ils n’ont toujours pas compris qu’un régime de sanction comme celui instaurer par la CEDEAO contre le Mali, ou désormais, le fait de vouloir transformer cette instance en un conseil de guerre ouest-africain, pousse justement à l’union au sein du pays, et ouvre la porte à d’autres pays. Le Mali est et reste un pays indispensable à bien des égards, et la décision de la CEDEAO est une décision qui pousse le Mali à se libérer et cela va se retourner contre la CEDEAO ou ses maîtres occidentaux.

Éthiopie : plan B occidental ?

En Éthiopie, les forces rebelles du Tigré ont occupé pendant près de trois mois une partie de la région Afar, dans le nord du pays. Elles ont assuré s’en être retirées fin avril, afin que l’aide humanitaire puisse transiter par cette même région. Pourtant, dans le nord de l'Afar, les forces rebelles du Tigré sont en réalité toujours présentes dans certains districts de la région, difficilement accessibles ; C’est ce qu’on lit au sujet de l’Éthiopie sur les médias occidentaux alors que durant tous ces derniers mois, Abiy Ahmed a su comment gérer le terrain et tenir tête face aux pressions US-OTAN.

Luc Michel, géopoliticien revient sur la situation et nous donne plus de détails.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV