Le site d’information Middle East Monitor se penche, dans un rapport, sur les perspectives de sécurité critiques pour le régime sioniste, qui ont été spécifiquement abordées par des experts et des analystes de la sécurité, et souligne que Tel-Aviv fait désormais face à quatre fronts de résistance très sérieux dans sa confrontation avec les Palestiniens ; les fronts, dont chacun s'apparente à des bombes à retardement, dont l'explosion de chacune peut s'accompagner de l'explosion des autres, et créer une crise pratiquement de grande ampleur pour les Sionistes.
En outre, Middle East Monitor évoque dans son analyse la montée en puissance d'autres acteurs régionaux tels que le Hezbollah libanais, les Houthis yéménites et surtout l'Iran lui-même. Il souligne que tous ces problèmes ont pratiquement plongé Israël dans une crise complète et sans précédent ; une question qui a même mis en péril l'existence de ce régime.
« Alors que l'État occupant est préoccupé par l'escalade des tensions sécuritaires, ses experts sécuritaires et militaires disent qu'il a un gros problème : il est complètement dépourvu de profondeur stratégique avec de nombreuses faiblesses apparentes. Cela le rend vulnérable au harcèlement militaire, en particulier sur des bases idéologiques. Un tel harcèlement peut inclure le lancement de roquettes ou de missiles et le stationnement sur des collines près des frontières, et nous parlons ici du Hamas à Gaza, du Hezbollah au Liban, de l'Iran lui-même et peut-être des Houthis au Yémen.
Dans le même temps, Israël a un gros problème, où il souffre à la fois de dangers stratégiques et tactiques et, par conséquent, c'est le seul qui n'a pas de colonne vertébrale stratégique. Cela a en fait été prouvé à la frontière avec la bande de Gaza, qui manque de bases aériennes, mais a posé un grand défi et une menace pour Israël », a écrit l’analyste de Middle East Monitor.
Selon le site d’information londonien, les Israéliens s'inquiètent des dangers et des lacunes dont souffre leur régime, malgré leurs prétendues réalisations dans la guerre de 1967, et dans le ciblage des réacteurs nucléaires irakiens et syriens par l'armée de l'air israélienne. « L'armée de l'air israélienne a été décrite comme l'une des meilleures au monde, sinon la meilleure. Cependant, il souffre d'un état de balbutiement dans certains affrontements militaires et déçoit nombre de ceux qui pensent qu'il devrait pouvoir apporter à l'État la profondeur stratégique qui lui manque », précise l’article.
Les forces d'occupation israéliennes n'hésitent pas à exprimer leur incapacité à faire face aux diverses menaces sécuritaires, notamment sur le front intérieur palestinien, avec la recrudescence des attaques ani-israélienneset les protestations incessantes à la mosquée al-Aqsa. Cela a incité l’appareil sécuritaire de Tel-Aviv à mettre en garde contre l’avenir équivoque de ce régime. Cependant, ils ignorent les problèmes réels et fondamentaux qui menacent la sécurité nationale israélienne et ne sont pas prêts à l'inévitable confrontation à venir.
« Les appels israéliens à faire face à la Résistance palestinienne en utilisant la poigne de fer sont principalement une tentative de répondre à l'état de panique des Israéliens. Cela s'exprime par le discours hystérique des chaînes de télévision, qui ne se concentre pas sur les racines de la Résistance, et qui ne tire pas de leçons des affrontements d’envergure avec les Palestiniens tout au long d'un siècle », indique le site d’information britannique.
Selon ce rapport, les stratégies suivies par les gouvernements de droite et de gauche depuis les accords d'Oslo ont contribué à la détérioration de la situation sécuritaire israélienne. En conséquence, le nord de la Cisjordanie, en particulier sa capitale, Jénine, est devenu un centre de coordination des opérations armées et, par conséquent, les colonies adjacentes à Jénine sont devenues une cible privilégiée pour les groupes palestiniens. L'armée israélienne, à son tour, a abandonné la protection des colons dans les différentes zones de Cisjordanie, ce qui a transformé leur vie en un enfer insupportable. Israël vit maintenant avec des menaces constantes dans une guerre multidisciplinaire et ne peut plus anticiper ce qui pourrait arriver le lendemain.
« Les responsables militaires et de sécurité israéliens affirment que l'échec récent face aux attaques de la Résistance palestinienne pourrait encourager d'autres forces, comme l'Iran, à lancer des missiles, ou le Hezbollah à attaquer les colonies du nord. Cela a été révélé par un certain nombre de généraux de l'armée lors d'interviews et de discussions récentes. Ils continuent de mettre en garde contre les possibilités d'une guerre sur plusieurs fronts à laquelle l'armée israélienne pourrait être confrontée, ce qui pourrait nécessiter l'évacuation des lignes frontalières et leur abandon à l'ennemi », précise l’article.
« Sur le front intérieur, l'occupation israélienne exprime sa crainte d'une augmentation de la menace sécuritaire des Palestiniens des territoires de 1948, notamment dans les villes mixtes et les communautés bédouines du Néguev, en prévision d'un soulèvement arabe et islamique. En outre, Israël a investi dans des clôtures en fer et dans la main-d'œuvre des forces terrestres, dont des dizaines de milliers ont été expulsées. Peut-être que des scènes de la guerre ukrainienne montrent la peur israélienne de la confrontation à venir, au milieu d'un manque de préparation appropriée », peut-on lire dans l’article de Middle East Monitor.
Les risques sécuritaires dont souffre la force occupante ne s'arrêtent pas aux Palestiniens de Cisjordanie et de la bande de Gaza. De plus, il existe quatre fronts de sécurité connectés, qui sont tous anti-occupation, ce qui peut obliger les services de sécurité de l'occupation à commencer à collecter des informations de renseignement et à les utiliser pour prévoir toutes les activités opérationnelles possibles pouvant nécessiter une dissuasion. C'est un défi difficile auquel est confrontée l'occupation.
-Le premier front est celui des Palestiniens des territoires de 1948, en particulier ceux qui ont de sérieux différends avec le régime israélien. Ils sont pratiquement arrivés à cette conclusion que le projet de leur intégration dans les territoires occupés ne réussira pas et, par conséquent, ils veulent la séparation. En fait, de la coexistence pacifique, ils sont arrivés à une sorte de guerre directe et de lutte contre Israël. Peut-être que les opérations de Beersheba et Hadera, qui ont été menées par des Palestiniens du Néguev et d'Umm Al-Fahm, signifient que nous sommes confrontés à un échec de l'idée d'israélisation, et à une escalade de l'idée d'un nationalisme différent de la citoyenneté israélienne, sans parler d'une identité religieuse qui diffère du judaïsme.
- Le deuxième front est Qods-Est, avec une population de 350 000 habitants, qui résident dans une zone géographique qui n'a pas d'identité souveraine claire, parce qu'Israël s'oppose à ce que l'Autorité palestinienne gère la vie des habitants de Qods et, d'autre part, Israël ne traite pas ces Palestiniens, à travers sa municipalité, comme des citoyens sur un pied d'égalité avec les Juifs. En conséquence, il y a un vide gouvernemental et une jeune génération croissante qui est en colère, mécontente et au chômage et qui est sensible à l'incitation nationale palestinienne. Tout cela conduit, de temps en temps, à une surenchère sécuritaire à Qods.
- Le troisième front est celui des Palestiniens en Cisjordanie, et celui-ci semble être le plus problématique pour Israël, à l'heure actuelle, pour un certain nombre de raisons, parmi lesquelles les brèches dans le mur et le succès des Palestiniens de Jénine dans la réalisation d'opérations, parallèlement à la traditionnelle incitation des médias palestiniens contre Israël.
- Le quatrième front est celui du sud. Pour le moment, la direction du Hamas dans la bande de Gaza ne semble pas intéressée par l'escalade sécuritaire mais, en même temps, elle s’occupe de la reconstruction de la bande, du renforcement de sa force militaire, de l'augmentation de ses capacités opérationnelles et de la création d'une dissuasion contre Israël. Néanmoins, le mois de Ramadan et une série de commémorations nationales en cours jusqu'à la mi-mai, pourraient obliger Israël et ses services de sécurité à être plus vigilants afin de rétablir le calme dans ses rues et la sécurité personnelle des colons.