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Les dessous de l'occupation rampant turque dans le nord irakien

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
La présence militaire turque en Irak. ©Fars News

Pendant de nombreuses années, la polémique et le débat dans les cercles et forums politiques irakiens, ainsi que dans les cercles étrangers, ne se sont pas arrêtés sur la nature de la présence de la Turquie dans le nord de l'Irak et ses justifications, ses objectifs, ses effets et ses répercussions qui pourraient en résulter à moyen et long terme dans un pays écrasé par les conflits et les guerres. Depuis des décennies, la Turquie s'entremêle entre agendas et projets internationaux et régionaux.

Le site Web de la chaîne de télévision Al-Mayadeen s’est penché dans un rapport sur les objectifs sécuritaires, militaires, politiques et sociaux de la Turquie en Irak, dont certains ont été explicitement énoncés et confirmés par Ankara elle-même.

1- Selon la source, le premier objectif de la présence turque en Irak consiste au maintien de la sécurité nationale turque menacée par l'opposition turque, le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), dont les formations militaires sont déployées depuis plus de 3 décennies dans les montagnes de Kandil, au triangle frontalier irako-turco-iranien. Cette zone représente un point de départ majeur pour que le parti puisse mener ses opérations militaires dans la profondeur géographique turque, profitant d'une combinaison de facteurs et de conditions géographiques, techniques, logistiques et politiques.

2- Le deuxième objectif pourrait concerner l’ambition du président turc pour restaurer les gloires de l'Empire ottoman, 100 ans après son effondrement. La raison en est les politiques d'expansion de la Turquie dans toutes les directions, adoptées par le président turc Recep Tayyip Erdogan, et promues par les cercles politiques et les médias turques de manière très large.

Alors qu'Erdogan tient à confirmer qu'Ankara n'a pas d'ambitions expansionnistes dans la région, la Turquie poursuit ses efforts pour étendre sa présence dans les espaces maritimes et terrestres. Le projet de « Blue Homeland » en est la preuve évidente. Il s'agit de l’objectif de la Turquie pour dominer la zone économique exclusive sur les eaux territoriales adjacentes et le plateau continental de la Méditerranée orientale, de la mer Noire et de la mer Égée.

De nombreux cercles turcs disent que le président Erdogan place ce plan sur la liste des priorités de sa politique étrangère, en particulier après la tentative de coup d'État manquée en 2016.

Un chercheur du Centre d'études appliquées sur la Turquie dans la capitale allemande, Berlin, le souligne en disant : « Le concept de Bleu Homeland n'a été introduit qu'après la tentative de coup d'État contre le gouvernement d'Erdogan en 2016, lorsque ce dernier a formé une alliance politique avec les nationalistes, et s'est lancé dans une politique étrangère plus agressive qui s’est soldé par l’implication des soldats turcs dans des conflits du nord de l'Irak à la Libye. »

3- La chaîne libanaise a énoncé le troisième objectif de la Turquie comme étant la protection de la communauté turkmène irakienne. Son poids social est concentré dans la province pétrolière de Kirkouk dont le pétrole fait l’objet des conflits entre Arabes, Kurdes et Turkmènes. Ankara pense que cet objectif est justifié.

Le gouvernement turc n'hésite pas à s'exprimer franchement sur ce sujet. De plus, il considère qu'il est moralement et humainement responsable de se tenir aux côtés de la composante turkmène. Mi-juillet 2021, l'ambassadeur de Turquie en Irak, Ali Reza Günay, a déclaré, lors d'une visite à Kirkouk, que la ville irakienne était turkmène et que son pays est déterminé à continuer à soutenir les Turkmènes qui y résident, les qualifiant de Turcs irakiens.

4- Le quatrième objectif de la Turquie est d’accéder à la suprématie régionale au Moyen-Orient, lui permettant de devenir un acteur international efficace et influent, non seulement dans les équations régionales, mais aussi dans les équations internationales. Cet objectif résonne avec celui de restaurer les gloires de l'Empire ottoman.

Les différences et les affrontements aigus entre Ankara, d'une part, et les capitales arabes et régionales, telles que Le Caire, Riyad et Abu Dhabi, d'autre part, pourraient refléter d'une manière ou d'une autre la nature et l'essence des ambitions grandissantes d'Ankara, et sa nette tendance à l'expansion, à la domination et à l'influence dans divers domaines.

Al-Mayadeen poursuivit en disant que selon des rapports documentés, la Turquie possède 11 bases militaires principales dans la région du Kurdistan irakien, en plus de 19 camps principaux qui lui sont affiliés. 

Ces bases et camps sont répartis dans les régions de Bamerni, Shiladze, Batuvan, Kani Massi, Kiribes, Senki, Seri, Kobeki, Komri, Kokh Spi, Seri Zeer, Zakho Valley et Amadiya.

« En 2015, environ un an après que l'organisation terroriste Daech a envahi certaines villes d'Irak, la Turquie a, selon des informations, établi des camps supplémentaires dans les villes de Bashiqa, Soran, Qal'at Golan et Zummar, et a transformé son camp dans le région de Harir au sud d'Erbil en une base militaire. Elle a construit la  base de Seidkan et ouvert quelques quartiers généraux dans les villes de Diana et Choman, qui sont proches des montagnes de Kandil, afin de renforcer le contrôle sur les zones de Khanir, Khakurk et Kilashin, et ainsi se rapprocher des position du PKK », a ajouté la source.

« Le nombre de militaires turcs (officiers et soldats) présents dans ces bases et camps est estimé à plus de 7 000, se déplaçant dans de vastes zones géographiques, atteignant environ 100 km de profondeur en territoire irakien. En plus des bases et des quartiers généraux militaires, le service de renseignement turc (MIT) est largement actif dans la région du Kurdistan », ajoute Al-Mayadeen.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV