La visite de Herzog en Turquie il y a quelques jours ne semble pas avoir échappé à la Russie bien plus sensible qu'elle apparaît à l'enjeu gazier en Méditerranée là où Ankara est prêt à pactiser avec Israël et ce, contre la Russie. La Russie est tentée par rendre la pareille? À l'approche de la présidentielle libanaise dominée par la question énergétique, les Américains font tout pour priver le Liban de ses droits offshore en faveur de l'entité sioniste et ce à travers une médiation gazière parfaitement partiale autour du bloc 9 qui relève plutôt d'une offensive. Cette médiation US visant à réconforter la position sioniste en qualité d'exportateur du gaz pourra réussir? Il y a évidemment le « non » retentissant du Hezbollah bien sûr, mais il y a plus : la Russie fait une offre propre à faire l'échec à la médiation US. Laquelle?
La tendance serait à rejeter les propositions du médiateur américain Amos Hochstein concernant la délimitation des zones maritimes exclusives entre le Liban et Israël alors que le président de la république libanaise, le général Michel Aoun, a récemment reçu l’ambassadrice américaine à Beyrouth Dorothy Shea pour évoquer avec elle ce dossier.
Le site Web Al-Jadeed a fait état d'une réunion trilatérale tenue vendredi 18 mars entre le président libanais Michel Aoun, le président du Parlement Nabih Berri et le Premier ministre Najib Mikati à Baabda sur la position du Liban au sujet du dossier du tracé de la frontière maritime commune entre le Liban et Israël.
Il est à noter que le médiateur américain Amos Hochstein s'est rendu à Beyrouth il y a quelques semaines et a suggéré que le Liban et le régime sioniste, au lieu de délimiter les frontières conjointes, explorent et creusent conjointement dans la zone contestée, partageant ainsi les bénéfices.
Suite à la proposition américaine, Mohammad Raad, chef de la faction libanaise Al-Wafa Lamaqawmah (Loyauté à la résistance), a tiré la sonnette d'alarme sur la véritable conspiration américano-israélienne visant à ramener le Liban à la normalisation de ses relations avec Israël.
D’ailleurs, le journal libanais Al-Akhbar a rapporté que le gouvernement libanais avait l'intention de former un comité de huit membres pour examiner les propositions de Hochstein afin de résoudre la question de la délimitation de la frontière maritime entre le Liban et le régime sioniste.
Selon les plans soumis par le Liban et le régime sioniste aux Nations unies, il existe une zone maritime contestée de 860 kilomètres carrés riche en pétrole et en gaz entre le Liban et le régime sioniste.
Selon le journal, la proposition comprend l'accès du Liban à la ligne 23, ainsi que la gestion des champs gaziers et pétroliers communs par la société française Total pour le compte du Liban, en échange des activités de la société américaine Halliburton dans la région pour le compte du régime sioniste.
Selon les informations divulguées, avec ce plan, le Liban peut creuser dans les blocs 10 et 9 de la ligne 23, et en retour, le régime sioniste se retirera du champ Qana dans la zone contestée avec le Liban. Mais dans ce cas, le Liban doit se retirer de la région ouest du champ Qana et de la région sud-ouest de la ligne 23.
En cas de la mise en œuvre de cette proposition, la part du Liban dans la zone contestée sera réduite à encore moins que les 860 km déjà déterminés d’autant plus qu’il n'y a toujours pas d'évaluation précise de la quantité de ressources et de richesse maritime sur le champ de Qana.
Qualifiant de dangereux le plan du représentant américain pour le Liban, les observateurs politiques libanais ont évalué l'acceptation d'une telle offre comme équivalant à la perte d'une grande partie de la richesse maritime du pays au profit d’Israël.
C’est dans ce contexte que le ministre libanais de l'Eau et de l'Energie Walid Fayyaz a fait état de la proposition d’une entreprise du secteur privé russe pour la construction d’une raffinerie de pétrole à Beyrouth.
« Cette proposition a été faite par une société privée pour aider à résoudre le problème des pénuries d'électricité et de carburant au Liban mais son examen final prend du temps », a déclaré Walid Fayyaz, après avoir rencontré l'ambassadeur de Moscou à Beyrouth.
« Après avoir pris les mesures nécessaires pour examiner ce projet et déterminer les préalables, compte tenu de son importance stratégique et économique, le Parlement libanais devrait également le commenter », a-t-il ajouté.
Le processus de construction de réservoirs de stockage de pétrole dans le nord du Liban, lancé par la société russe Rosneft en décembre dernier a également été examiné entre les deux parties.
Le secrétaire général du Hezbollah, Seyyed Hassan Nasrallah, a déclaré mardi dans un discours télévisé qu'une entreprise russe avait proposé il y a environ un an et demi de construire une raffinerie de pétrole d’une valeur de 1,2 milliard de dollars.
Il a critiqué les responsables libanais pour avoir retardé la réponse à la proposition et imposé des conditions préalables supplémentaires pointant du doigt Washington comme un obstacle du progrès.
Le Liban est confronté à une crise économique et financière depuis deux ans, qui a entraîné une baisse de la valeur de sa monnaie par rapport au dollar, le laissant avec un manque de liquidités en devises pour fournir le carburant nécessaire à la production d'énergie.