La guerre en Ukraine est autre élément qui pèse actuellement sur l’approche des Américains par rapport des négociations à Vienne.
En octobre 2021, le département du Trésor des États-Unis a publié un rapport sur l’efficacité des sanctions imposées par le gouvernement américain à plusieurs pays du monde. Dans ce rapport, le Trésor américain a admis que l’arme des sanctions a perdu de son efficacité pour diverses raisons, dont la décision même de plusieurs alliés des États-Unis à réduire l’usage du dollar américain dans leurs transactions internationales afin de minimiser leur dépendance par rapport au système financier des États-Unis.
Levier des sanctions :
Cela est intervenu après une politique de sanctions que l’ancien président des États-Unis, Donald Trump, a utilisée pendant quatre ans contre de nombreux pays, dont la Russie, la Chine et la République islamique d’Iran. En effet, Joe Biden et ses collaborateurs estiment que cette politique du républicain Donald Trump avait porté préjudice d’abord à l’arme des sanctions et ensuite à la place des États-Unis dans le système économique et commercial international.
Dans son rapport, le département du Trésor a proposé au gouvernement du président démocrate Joe Biden de réformer et de mettre à jour les méthodes utilisées pour l’usage politique des sanctions économiques et commerciales afin que les sanctions soient adaptées à la structure financière internationale et deviennent encore plus efficaces.
D’ailleurs, l’administration Biden admet que les sanctions ne sont plus aussi efficaces que dans le passé et exige des modifications dans le jeu des sanctions afin que cette arme ne tombe pas totalement en désuète.
En ce qui concerne la République islamique d’Iran, l’administration Biden a bien compris que malgré la « pression maximale » que son prédécesseur a voulu imposer aux Iraniens, l’Amérique a pratiquement perdu toute initiative au sujet du programme nucléaire civil de l’Iran et de l’accord de 2015 dont Trump s’est retiré en 2018.
C’est dans ce sens que l’administration Biden a annoncé qu’elle remplacerait la pression maximale de Trump par un projet de « pressions intelligentes ».
L’administration Biden n’a pas décrit les détails de ces « pressions intelligentes », mais un examen de son comportement envers l’Iran pendant ces derniers mois laisse deviner qu’il s’agirait d’un retour à l'attitude adopté par l’ancien président des États-Unis, Barack Obama, qui essayait de se servir des sanctions comme un levier politique pour convaincre l’Iran à se mettre à la table des négociations non pas seulement au sujet de son programme nucléaire civil, mais aussi sur sa puissance balistique et sa politique régionale. C’est d’ailleurs, ce que les responsables de l’administration Biden appellent souvent un « accord plus fort et plus long ».
En réalité, lors des négociations de Vienne, la partie américaine s’est organisée autour de ce principe : les accords doivent être conclus de sorte qu’au bout du compte le levier d’imposer ou de lever des sanctions contre l’Iran reste dans les mains des Américains.
C’est selon cette logique que les États-Unis ont entravé le processus des négociations de Vienne chaque fois qu’ils ont cru que ce levier pourrait leur échapper.
Guerre en Ukraine :
La guerre en Ukraine est un autre élément qui pèse actuellement sur l’approche des Américains par rapport aux négociations à Vienne.
Selon les responsables de l’administration Biden, les événements de l’Ukraine et la hausse des cours du pétrole peuvent donner à l’Iran une position plus forte lors des négociations à Vienne. C’est pourquoi ils ne souhaitent pas qu’un accord soit conclu avec l’Iran dans une telle situation. Les Américains croient qu’ils doivent changer la donne en leur faveur avant la conclusion de tout accord avec la partie iranienne.
Cependant, l’Amérique se trouve devant des paradoxes : pour stabiliser les prix du pétrole sur le marché mondial, Washington compte sur la vente du pétrole iranien après la levée des sanctions américaines. Or, la Maison-Blanche ne souhaite pas que les revenus pétroliers de l’Iran augmentent dans la situation actuelle. Cela explique les tentatives de Washington pour persuader l’Arabie saoudite et le Venezuela d’augmenter le taux de leurs exportations pétrolières, avant la finalisation d’un accord avec les Iraniens à Vienne.
Pourtant ces deniers jours, la Maison Blanche a annoncé plusieurs fois qu’à Vienne, la priorité pour l’Amérique est la relance du Plan global d’action conjoint (PGAC) sur le nucléaire iranien et non pas le marché mondial de l’énergie.
En tout état de cause, des analystes estiment que la partie américaine préfère ne pas entrer dans un accord qui assurerait les intérêts économiques et commerciaux de la République islamique d’Iran en privant Washington du contrôle du levier des sanctions. D’ailleurs, c’est la raison des doutes exprimés depuis des mois par les Américains à Vienne.
Cependant, les Etats-Unis ne disposaient pas par le passé et ne disposent pas aujourd’hui de toutes les cartes pour gagner un accord « idéal » à Vienne. Des éléments qui peuvent influer sur les décisions de la partie américaine sont nombreux : la guerre en Ukraine, le marché mondial de l’énergie, les intérêts des alliés régionaux de Washington…