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Zoom Afrique du 12 février 2022

Burkina: les coups d'épée dans l'eau de Barkhane

Actualité en Afrique :

  • Inflation : en 2021, la ville de Douala a enregistré son taux le plus bas depuis 2019 ;
  • Somalie : les Etats-Unis annoncent des restrictions de visas pour certains hauts responsables ;
  • Tanzanie : Chinese Corporation Ltd. décroche un contrat pour la fourniture de 1 430 wagons de fret ;
  • La construction d'un centre de conférences financé par la Chine en Zambie achevée à 85 %.
     

Analyses de la rédaction :

Burkina : les coups d'épée dans l'eau de Barkhane 

C'est un scénario, disons assez futé : ce coup de force au Burkina, pays dont le peuple a mémorablement humilié une force d'occupation de taille et d'envergure de Barkhane avec de jeunes adolescents chassant les MC-4 ennemis à coup de pierre, commence à prendre une tournure bien significative, quitte à donner à l'observateur une idée de la panique qu'est celle de la France en ce moment au Sahel et surtout des trésors d'énergies qu'elle doit désormais dépenser pour pouvoir maintenir sa présence militaire. Alors que les réseaux d'influences ont tout fait pour empêcher le cours chargé de statuer sur le meurtre de Sankara, de prononcer des inculpations contre les auteurs occidentaux de ce crime et que le Burkina est plus que jamais le pays des hommes intègres déterminés à inverser une bonne fois pour toutes le cours de l'histoire au Sahel de tenir aux côtés des Maliens, des Nigériens et de leurs voisins maghrébins pour mettre à la porte les puissances d'occupation, France 24 titre : "Dix jihadistes, membres d'un "groupe affilié à l'organisation Ansarul Islam", ont été éliminés par la force française Barkhane dans la nuit de lundi à mardi. Ils étaient impliqués dans l'attaque sanglante du 14 novembre 2021 contre le camp de gendarmerie d'Inata. L'état-major des armées françaises a ajouté que quatre civils avaient été tués lors de l'opération.

"Ils étaient membres d'un "groupe affilié à l'organisation Ansarul Islam" qui a conduit de "nombreuses attaques contre les populations civiles" et contre les forces de sécurité, notamment à Inata, a-t-il précisé dans un communiqué."

Mais dès la lecture de la première ligne, les contradictions sautent aux yeux : Première question : Comment Barkhane savait que ces dix dits "Jihadistes" étaient impliqués dans l'offensive bien organisée contre la base militaire à Itno? Offensive que cet autre site français, Opex360 décrit comme suit :" au moins 300 jihadistes affiliés au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans [GSIM ou JNIM, lié à al-Qaïda] et à Ansarul Islam lancèrent une attaque contre le poste de gendarmerie d’Inata, situé dans la province du Soum, au nord du Burkina Faso. Rapidement submergés par les assaillants, les gendarmes burkinabè subirent de lourdes pertes, le bilan établi à l’issue des combats ayant fait état de 53 tués et d’au moins 20 disparus dans leurs rangs."

Car ce succès de Barkhane dans l'identification et la localisation des jihadistes que Opex360 met à dessin aux côtés de ce ton méprisant affiché à l'égard des forces Burkinabé, ne pourrait s'expliquer à moins que la France sait où elle met les pieds ou en d'autres termes connait bien les jihadistes et leurs relais locaux à moins que ce soit elle et ses services de renseignement qui ont monté l'offensive d'Itno pour se venger d'un peuple burkinabé qui a fait entrer son nom dans l'histoire avec ces héroïques scènes de chasse, main nue, aux forces d'occupation équipées jusqu'aux dents, scènes qui ont aussitôt fait émule à travers tout le Sahel, provoquant la panique au QG France/Otan/US qui se voyait devant une alliance de facto entre les peuples du Sahel avec en amont la remise en cause de tous les accords militaires imposés à ses pays, pire, l'émergence d'une armée sahélienne unie qui ferait de Barkhane ou de tout autre pays occupant une bouchée de pain. Mais il y a encore une autre phase véhiculée ce matin dans la presse française qui nous convainc que le coup d'Itno a été celui de la France elle-même, puisque la situation au Burkina était sur le point de prendre une tournure totalement inouïe : OPEX 360 dit : "Cette attaque suscita une vive émotion au Burkina Faso, qui ne fut pas étrangère aux difficultés qu’éprouva un convoi de la force français Barkhane lors de sa traversée du pays pour se rendre à Gao [Mali]. Et probablement qu’elle fut également l’élément déclencheur du coup d’État fomenté par le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, qui vient par ailleurs d’être déclaré président par le Conseil constitutionnel burkinabè."

L'offensive d'Itno à l'origine du coup d'Etat? A bon et depuis quand ?...

Il semblerait que le site militaire français est en train de créer un lien entre le coup de force récent au Burkina. Et cette offensive contre Itno qu'on sait avoir été largement planifié par les services secrets occidentaux, horrifiés du succès du processus de réconciliation au Mali au Burkina entre autres et de défections des centaines de leurs agents qui revenaient à leur peuple.

Et pourquoi cette tentative? Et bien pour restaurer une image parfaitement ternie auprès de l'opinion burkinabée et sahélienne. 

A vrai dire la "supposée neutralisation de 10 terroristes pour laquelle il n'existe comme toujours aucune preuve rend suspect quand on voit avec quelle indifférence les médias français passent à côté de la mort de 4 Burkinabés lors de cette soi-disant opération de neutralisation ; Mais Barkhane peut elle réellement se faire passer pour le sauveur du Burkina, maintenant que toute la population sait par cœur ses manœuvres? Le coup d'État "Institutions étatiques" au Burkina qui ne jure que par la "centralisation de l'armée" et on croit comprendre que ce mot vise non pas au renforcement de l'armée face aux ennemis de la nation, mais surtout à la priver de ce corps de mobilisés et auxiliaires de l'armée et composés des milliers de villageois, qui ont si royalement réussi à bloquer la voie au trafic de terroristes vers les cotes ne peut flécher le Burkina. Même si le général putschiste semble suivre pas à pas des directives venus de l'Elysée pour éviter que le coup de force burkinabé ne connaisse pas le même chemin que celui au Mali où le peuple a mis échec et mat l'empire occidental à travers un mois de résistance héroïque au pire embargo qu'ait jamais connu un État africain ! 

Mali : échec et mat des sanctions

C'est extraordinaire cet aveu d'échec de la France qui s'illustre sur le site de la chaîne télévisée France 24 dans ces quelques phrases inaugurales commentant l'impact de l'embargo sur le Mali : "Les voisins du Mali espéraient début janvier qu'un embargo économique ferait plier le gouvernement à la tête de ce pays. Mais un mois après, si de premiers signaux d'alerte sont là, les autorités dominées par les militaires font front. Le voyant le plus visible s'est peut-être allumé fin janvier quand le Mali s'est retrouvé dans l'incapacité d'honorer des remboursements de plus de 30 millions de dollars empruntés sur le marché ouest-africain. L'effet des sanctions ouest-africaines est moins flagrant pour le moment sur le quotidien des quelque 20 millions de Maliens. Mais au sein d'une population éprouvée par dix ans de conflit et de crise économique, on parle de plus en plus d'une augmentation des prix de produits aussi essentiels que le sucre et le sac de ciment."

Ces quelques phrases d'une nauséabonde hypocrisie et qui se veulent diviseuses à l'endroit des Ouest africains alors même que le monde entier sait parfaitement que la CEDEAO est un moyen de chantage de division d'auto affaiblissement d'auto endettement conçu par les puissances néocoloniales contre l'Afrique de l'Ouest se démentent d'elles-mêmes. Et comment? Elles reconnaissent que l'embargo signé Barkhane et Cie qui aurait dû mettre au pas en à peine quelques jours le peuple malien est un cuisant revers un peu comme cet embargo anti Iran qui dure depuis 40 ans et qui a fait de l'Iran un pays autosuffisant. Puis ces quelques phrases, mais là où elles veulent insinuer que les Maliens commencent à en avoir assez et partant à râler, se démentent encore. Et comment? "Une population éprouvée par dix ans de conflit et de crise économique.”. Tout lecteur et à commencer le lecteur Pro Résistant de ce site se demande aussitôt : mais qui a causé ces 10 ans de guerre et de crise économique? N'est-ce pas que la France qui a occupé le Nord du Mali puis le centre pour étendre son action destructrice au sud sous prétexte d'avoir à combattre les terroristes ? Mais contre qui s'est battue donc une armée française dont les Mirages bombardaient il y encore quelque temps les Maliens? Et puis cette économie malienne avec tous ces chiffres que les multinationales nous font sortir sur les mines d'or découvert, sur l'Uranium dont les cours ne cessent de monter au grand bénéfice des multinationales pourquoi est elle en crise encore après un si long "séjour français"? La partie la plus intéressante de cet article qui est un monument de culot et de vanterie est quand l'auteur utilise le mot "Résistance" et poussé à reconnaître qu'il y a là un changement total de paradigme en Afrique de l'Ouest où la bienveillante puissance française sauveur d’Africains est désormais traitée et vue pour ce qu'elle est, un ennemi sanguinaire qui à défaut de gagner sur le terrain militaire punit la population une population qui lui envoie un pied de nez : 

Le calcul de la Cédéao et de l'UEMOA est simple : que l'embargo force les autorités dites de transition à soumettre un calendrier acceptable de retour des civils au pouvoir. Le Mali, dépourvu d'accès à la mer, importe 70% des denrées consommées quotidiennement par ses habitants, selon l'ONU. Et le lien aujourd'hui restreint avec le Sénégal ou la Côte d'Ivoire est vital. Aucun mouvement massif de dénonciation du renchérissement de la vie n'a émergé jusqu'ici. Et les voix éparses qui s'élèvent en ce sens sont couvertes par le discours de "résistance" que tiennent les autorités au nom de la souveraineté nationale. Choguel Kokalla Maïga, chef du gouvernement installé par les militaires, fustigeait lundi les sanctions comme des "mesures injustes et sauvages dont l’objectif est d’asphyxier le Mali" et de renverser le régime, "pour le compte de qui l'on sait", claire référence à la France, devenue l'objet récurrent de sa vindicte. De nombreux Maliens adhérent à cette rhétorique. Mi-janvier, ils étaient descendus massivement dans la rue (quatre millions de personnes au Mali et à l'étranger selon M. Maïga pour protester contre les sanctions." fin de citation 

Et oui la plupart des Maliens adhèrent à cette hypothèse et comble du malheur pour la France la plupart des Ouest Africains en font autant : Et c'est pour cela que l'embargo US/France/OTAN contre le Mali a été si judicieusement tourné au ridicule car aucun Etat-nation côtiers n'y est adhéré réellement. Cela rappelle la campagne de pression maximale US contre l'Iran dont les Américains disent en ce 2022 qu'elle a été la plus grosse erreur géostratégique qu'ils aient jamais commise en Asie de l'Ouest. Il y a un vent similaire qui souffle sur l'Afrique de l'Ouest. 

Soudan : une vague anti-Israël ?

Le peuple soudanais est descendu à nouveau dans les rues dans la soirée du jeudi 10 février 2022, en scandant des slogans pour condamner la présence continue des militaires au pouvoir et souligner le retour des civils au pouvoir au Soudan.

Les manifestants ont également souligné que le Soudan ne reconnaîtra jamais le régime d'occupation d’Israël.

De plus, selon plusieurs sources, «Le président de la Commission de l’Union africaine a justifié sa décision d’octroyer le statut d’observateur à Israël en prenant en considération la demande exprimée de plus des deux tiers des Etats membres de l’UA. Or, il n’existe aucune documentation, ni preuve montrant ce que Moussa Faki a qualifié de demande exprimée des Etats membres ».

Comment peut-on analyser cette situation ? Luc Michel, géopoliticien nous en dit plus.

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV