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Pourquoi Barkhane commence-t-elle à répandre des rumeurs d'une présence de Wagner à Bamako aux côtés des FAMAs ?
Actualité en Afrique :
Analyses de la rédaction :
1- Mali : remake du scénario centrafricain ?
Depuis hier RFI évoque la présence de Wagner dans le centre, manière d’abord de sous-estimer l’action des Famas et dire que celle-ci ne pourrait agir de son propre chef puis de justifier une très probable flammée des violences terroristes à venir, car il semblerait que l’axe US/France/OTAN prépare un scénario à la centrafricaine contre Bamako…
Voyons d’abord ce qu’en dit RFI à ce sujet :
« Les combats auraient opposé l’armée malienne aux jihadistes de la Katiba Macina, membre du Jnim, lundi, vers la localité de Mandoli, près de Bandiagara, dans le centre. Une source proche du dossier fait état d’affrontements sur un axe entre les villes de Bandiagara et de Bankass », mais les spéculations de RFI ne se terminent pas là :
« Selon des témoignages locaux et des sources sécuritaires internationales, l’armée malienne était accompagnée de combattants russes appartenant au groupe Wagner. L’un d’entre eux aurait d’ailleurs été blessé dans ces combats, au cours duquel un véhicule blindé aurait d’abord sauté sur un engin explosif improvisé. Des échanges de tirs auraient ensuite eu lieu », lit-on ensuite sur RFI.
Au centre où déjà plusieurs attaques sanglantes directement liées à la présence de Barkhane ont eu lieu, l’armée malienne a su neutraliser les terroristes et faire ce que Barkhane n’a pas réussi à faire pendant plus de 7 ans de présence.
Puis c’est dans cette région du centre qu’en juillet dernier, l’abattage d’un Mirage-2000 français avait montré que la Résistance malienne et même sahélienne en avait plus que marre de cette présence étrangère sur son sol. Mais ce n’est pas tout : c’est à Bounti, situé au centre du Mali que l’armée française a mené une frappe aérienne et a visé des civils réunis pour un mariage, sans pour autant accepter que les victimes aient été des civils et non pas des terroristes.
Tout ceci montre l’importance du centre du Mali pour l’axe US-OTAN, d’où les spéculations de RFI et Cie quant à une présence des éléments du groupe Wagner dans le centre du Mali.
« Une source internationale haut placée affirme que, depuis la semaine dernière, 300 à 350 éléments de Wagner auraient été déployés au Mali. En majorité à Ségou, mais également dans le Centre. D’autres nombreuses sources confirment avoir aperçu des soldats blancs aux côtés des Fama, à Ségou, mais aussi près de Djenné et Bandiagara, sans pouvoir s’avancer sur leur identité ou leur nationalité », lit-on sur RFI.
On prépare clairement un scénario à la centrafricaine : il s’agirait de crier sur tous les toits que le groupe Wagner est au Mali, notamment au centre, pour ensuite baliser le terrain à un déploiement dans cette région, mais ce n’est pas tout : toutes attaques et déstabilisation contre la capitale (comme l’invasion contre Bangui) seraient justifiées par une présence russe au Mali !
D’ailleurs la visite de Goodluck Jonathan au Mali, pourrait constituer une autre menace pour ce pays qui, malgré toutes les tentatives de déstabilisations et après deux coups d’état signés USA-OTAN a su comment se ressaisir.
L’ancien président nigérian Goodluck Jonathan est arrivé dans la capitale malienne en amont d’une réunion, dimanche 9 janvier à Accra au Ghana, des chefs d’État et de gouvernement ouest-africains. Ils examineront le calendrier que leur ont soumis les autorités maliennes issues d’un double putsch pour rendre le pouvoir aux civils.
Les autorités maliennes veulent pouvoir faire durer cette transition jusqu’à cinq ans à compter du 1er janvier 2022. La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a signifié jusqu’alors qu’un tel délai était inacceptable et avait obtenu des autorités issues du putsch d’août 2020 l’engagement qu’elles rendraient le pouvoir à des civils élus au bout de 18 mois. Les autorités disent ne pas être en mesure de respecter cet engagement. Les dirigeants de la Cédéao devront décider dimanche 9 janvier de la réponse à apporter à un calendrier pouvant s’étendre jusqu’à fin 2026.
De plus en plus de Maliens disent s’en foutre des élections qui doivent être mises en place en février 2022. Au beau milieu d’une situation sécuritaire critique, il est clair que c’est le cadet des soucis des Maliens. Mais n’est-ce pas ce que cherchent les Occidentaux ? À ce que les Maliens « oublient » la Constitution, le fondement même de l’État nation ?
Tout comme le plan états-unien est de discréditer la présence chinoise en Afrique, c’est ce qui se passe notamment en RDC et en Guinée. Et pourrait-on réellement croire que par rapport aux Russes, il n’y aurait pas de plans ? On le voit déjà dans les nombreuses campagnes de désinformation contre la présence russe en Centrafrique, mais visiblement ce qui change maintenant, c’est que l’axe occidental passe à l’action. La multiplication des tentatives et des coups d’État, l’offensive des terroristes sur le continent nous amène à penser cela.
2- Corne de l’Afrique : coup d’épée US dans l’eau
En Éthiopie, depuis que les Américains ont échoué à s’attaquer à la capitale et à s’emparer d’elle sur fond d’un démembrement du pays au prétexte d’un conflit interethnique tigréen, les tentatives de part et d’autre de refaire le scénario syrien dans ce pays de la Corne de l’Afrique, se multiplient.
Cette fois, c’est David Michael Satterfield, diplomate et ambassadeur américain qui a pour mission de changer la donne en Éthiopie.
Selon diverses sources, l’émissaire américain pour la Corne de l’Afrique, Jeffrey Feltman sera remplacé par David Michael Satterfield.
Mais qui est le nouvel envoyé des USA pour la Corne de l’Afrique ? David Michael Satterfield est un diplomate américain et ambassadeur, qui a beaucoup servi au Moyen-Orient, y compris dans la région du golfe Persique, au Liban et en Irak. Il a ensuite été conseiller principal en Irak pour la secrétaire d’État Condoleezza Rice et directeur général de la Force multinationale et d’Observateurs, la force de maintien de la paix pour la péninsule du Sinaï de juin 2009 à août 2017. Il a été chargé d’affaires en Égypte à partir d’août 2013 jusqu’en janvier 2014 et a ensuite été conseiller spécial du secrétaire d’État pour la Libye. De septembre 2017 à juin 2019, il a été secrétaire d’État adjoint par intérim aux Affaires du Proche-Orient et a été confirmé ambassadeur des États-Unis en Turquie le 27 juin 2019. Avec cette nomination, des soupçons d’une tentative de reproduire la guerre syrienne en Éthiopie se renforce. En effet après avoir lancé des mises en garde contre le PM éthiopien et l’avoir menacé à maintes reprises, Jeffrey Feltman se sent alors épuisé et se fait remplacé par un homme connu pour ses politiques et prises de position destructrices au Moyen-Orient.
L’ambassadeur US, Jeffrey Feltman, supervisait en effet l’extension de la politique du chaos à la Corne de l’Afrique. Après avoir mis le feu au Soudan, il s’en est très vite pris à l’Éthiopie et est même allé jusqu’à annoncer des sanctions contre l’Érythrée.
Mais de son côté, le Premier ministre fédéral, Abiy Ahmed, a tout fait pour réconcilier son pays avec son ancienne province d’Érythrée, aujourd’hui indépendante. La qualité de son action a été reconnue par le Comité Nobel qui lui a décerné le Prix Nobel de la Paix 2019. Mais très peu après, l’axe US-OTAN a compris que le prix Nobel de la Paix ne suivait pas leur diktat, le conflit du Tigré a alors été déclenché…
On a donc tenté d’accuser Abiy Ahmed de « crimes contre l’humanité » comme on l’a fait contre le président Bachar al-Assad. On remplace ainsi l’émissaire américain dans la Corne de l’Afrique par un habitué de la politique US au Moyen-Orient. Cette décision intervient alors que pour son premier déplacement de l’année, le chef de la diplomatie chinoise est en Afrique. Une tournée stratégique en Érythrée, au Kenya et aux Comores. L’Érythrée a rejoint en novembre l’initiative chinoise des Nouvelles routes de la soie qui finance des projets d’infrastructures. Un accord qui vient consolider l’ancrage du géant chinois dans la Corne de l’Afrique et sur la mer Rouge.
Tout ceci montre que l’étau se resserre autour de l’axe US-OTAN en Éthiopie, et que ce n’est pas en remplaçant Feltman par quiconque que la donne tournerait au profit des USA.
Les relations entre Washington et Addis Abeba n’ont probablement jamais été aussi froides.
Addis Abeba continue de tenir tête aux États-Unis grâce à l’union entre la diaspora éthiopienne, l’armée fédérale, le gouvernement et la population éthiopienne, Washington voudrait frapper et briser cette union afin d’arriver à déstabiliser le pays.
3- Soudan : nouvelle cible USA-OTAN ?
Les États-Unis, l’Union européenne, le Royaume-Uni et la Norvège ont exhorté mardi 4 janvier les militaires soudanais à ne pas nommer unilatéralement un Premier ministre en remplacement du civil Abdallah Hamdok qui a démissionné dimanche. Des déclarations qui surviennent après nouvelle journée de manifestations contre le régime militaire.
Comment peut-on analyser cette situation ? Comment expliquer la coïncidence entre la démission de Hamdok et l’arrivée de David Michael Satterfield, acteur de déstabilisation et d’insécurité au Moyen-Orient.
Luc Michel, géopoliticien s’exprime à ce sujet.