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Gazoduc Égypte-Liban : pourquoi les USA refusent de donner leur quitus à l'Égypte

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Une carte du gazoduc arabe. (Illustration)

Au moment où le réseau d’électricité de la Syrie passe à la dernière étape du projet de transfert de l’électricité de la Jordanie au Liban, des sources informées font part des obstacles mis devant le processus du transfert de gaz égyptien au Liban.

Contrairement à ce qu’on attendait, il semble que l’électricité arrive bien avant le gaz au Liban. Les responsables syriens ont précisé, lors des dernières négociations au sujet du transfert du gaz égyptien et de l'électricité jordanienne au Liban, qu’aucun obstacle n’existait pour le pompage du gaz égyptien depuis le sol syrien. Le ministère syrien du Pétrole a affirmé qu’il n’existait aucun problème de la part de la Syrie pour le transfert de gaz depuis l’Égypte au Liban.

Il paraît donc que les obstacles dressés viennent de la partie égyptienne. Certaines sources informées ont indiqué que Le Caire s’inquiétait que le gazoduc syrien ne soit pris pour cible des terroristes, comme ce qui s’est passé il y a quelques mois, infligeant des dégâts considérables à ce pays. Et qui plus est, les responsables égyptiens disent qu’ils n’avaient pas encore reçu une autorisation directe et claire de la part des Américains pour pouvoir mettre en marche le projet.

La Jordanie et l’Égypte négocient donc avec les États-Unis pour parvenir à un accord officiel qui exempterait de sanctions les accords de transfert de gaz et d’électricité au Liban, l’objet de la Loi César.

Les pays arabes semblent déterminés à rétablir leurs coopérations avec la Syrie. Jeudi, les membres de l'Organisation des pays arabes exportateurs de pétrole (OAPEC, selon l'acronyme anglais) ont annoncé à l'unanimité que Damas accueillerait la Conférence arabe sur l'énergie en 2024. Les ministres du Pétrole de l'OAPEC ont également convenu lors de la réunion virtuelle au Koweït que la Syrie présiderait le conseil des producteurs d'énergie arabes pendant un an, à compter de 2022, en remplacement de l'actuelle présidence, l'Arabie saoudite.

La décision pourra mettre à l'épreuve la tolérance de la Maison Blanche à l'égard de ses partenaires arabes pour s'engager avec le gouvernement Assad, selon certains experts; tandis que pour d’autres, dont Karam Shaar, expert syrien et directeur de recherche au Centre des opérations et des politiques, c’est plutôt un signal que les alliés des États-Unis devançaient l'approche de l'administration Biden envers la Syrie : « Ce n'est pas la politique américaine déclarée, mais celle de l'administration est de permettre aux partenaires du monde arabe de jouer avec une approche "plus pour plus" envers la Syrie. »

La Maison Blanche a déclaré publiquement qu'elle n'avait pas l'intention de rétablir les liens avec le gouvernement Assad et elle a maintenu les sanctions contre la Syrie ; elle a pourtant opté pour un changement subtil, disant se concentrer davantage sur les questions humanitaires.

Dans cette optique, l'administration a assoupli le mois dernier les restrictions imposées aux organisations non gouvernementales pour interagir avec le gouvernement syrien et a élargi les types d'activités qu'elles pouvaient mener dans le pays.

L’occasion en or pour les alliés arabes des États-Unis qui se sont alors précipités pour ce « travail humanitaire ». Pour la Jordanie et l'Égypte, il s'agissait d'un plan soutenu par les États-Unis pour fournir de l'énergie au Liban via un pipeline traversant la Syrie. Quant aux Émirats arabes unis, ils ont annoncé la volonté de construire une centrale solaire en Syrie.

Un ancien responsable du département d'État a déclaré à Middle East Eye (MEE) que si l'administration Biden ne s'était pas écartée de la politique syrienne de ses prédécesseurs, il pourrait pourtant y avoir un petit changement : « D'un point de vue diplomatique, nous sommes aveugles à ce qui se passe dans les zones contrôlées par Assad et à sa dynamique interne. Avoir des alliés qui pourraient servir d'intermédiaires et nous informer serait précieux. »

Quoi qu’il en soit, la nouvelle soi-disant tactique américaine vise, en sont d’ailleurs convaincus nombre d’analystes, à réduire le niveau d’influence de l’Iran et des groupes politiques qu’il soutient, dont le Hezbollah, en Syrie, au Liban.

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV