Ce missile antisatellite impressionnant que la Russie a lancé en prenant de court les Américains, rien que pour leur faire comprendre qu'en Ukraine ils risquent d'être plus largement surpris, les Iraniens y ont assisté l'air bien intéressé. Surtout que le premier satellite militaire iranien Nour-1 avec son lance-roquette Salman achève sa mission cette année et on s'attend à des surprises iraniennes dans ce domaine.
Lundi 15 novembre, les États-Unis ont accusé la Russie d’avoir mené un tir de missile antisatellite « dangereux et irresponsable », dans une démonstration de force ayant eu pour conséquence directe de menacer la sécurité des astronautes à bord de la Station spatiale internationale.
Au lendemain de ces accusations, la Russie a reconnu avoir effectué ce tir d’essai contre l’un de ses vieux satellites en orbite tout en soutenant que cela n’avait posé aucun risque pour l’ISS.
« Le 15 novembre, le ministère russe de la Défense a mené avec succès un test à l’issue duquel l’engin spatial Tselina-D, en orbite depuis 1982 et inactif, a été détruit », a confirmé l’armée russe dans un communiqué.
Ce lundi, l’équipage à bord de la Station spatiale internationale a dû rapidement enfiler sa combinaison spatiale et sauter dans son vaisseau spatial au cas où la station serait touchée par des débris, selon l’agence spatiale russe ROSCOSMOS.
« Le système antisatellite, conçu par la Russie, a rendu difficile l’exploitation de l’espace par les États-Unis et leurs alliés, a porté atteinte à la stabilité stratégique et constitue une menace considérable », a annoncé le Commandement spatial des États-Unis.
La nouvelle tombe alors que des médias iraniens ont récemment confirmé que le pays allait acheter une vaste gamme d’équipements militaires à la Russie parmi lesquels des avions de chasse Soukhoï-35 et 36.
Le missile antisatellite russe pourrait-il donc intéresser les Iraniens ? Toujours est-il que l’Iran a mis en orbite en avril 2020 son premier satellite multifonctionnel, Nour-1, qui est considéré aussi comme le premier satellite militaire du pays. Et l’on sait également que le moteur Salman utilisé dans cette opération de mise en orbite peut être utilisé dans les opérations spatiales au missile antisatellite.
Rappelons en passant que le CGRI a plus de neuf ans d’expérience dans le domaine de l’aérospatiale.
La fabrication du moteur spatial baptisé Salman, doté d’une tuyère mobile et d’un corps en composite, par le Corps des gardiens de la Révolution islamique, est une étape importante avant la conception d’un missile antisatellite.
Pour faire changer la trajectoire des missiles, différentes méthodes s’emploient ; deux des plus employées sont « les ailes aérodynamiques » et « la poussée vectorielle ».
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La poussée vectorielle est une technologie utilisée en aéronautique. Elle consiste à orienter le jet du réacteur et améliore considérablement la manœuvrabilité d’un avion à réaction indépendamment de sa vitesse.
Ce dispositif permettait en effet de réaliser des virages à fort angle d’attaque et de voler à très basse vitesse.
Le principe de la poussée vectorielle est d’orienter le flux à la sortie du réacteur, en utilisant par exemple une tuyère orientable.
Le moteur spatial Salman peut changer de direction en raison de matériaux composites légers, utilisés dans son corps. En conséquence, cette technologie de l’usage de la propulsion à propergol solide permet à l’engin de se déplacer bien au-delà de l’atmosphère terrestre.
Le recours à la technologie de propulsion à tuyère mobile permet de fabriquer des missiles défensifs pour engager des cibles ennemies en dehors de l’atmosphère terrestre.
En général, ces cibles peuvent comprendre des missiles balistiques, des projectiles hypersoniques et même des satellites. Certains pays ayant accédé à la technologie balistique ont franchi d’importants pas dans ce domaine.
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La Chine et récemment l’Inde font partie des rares pays capables de faire face à des satellites ennemis. Eu égard au niveau de la science et de la technologie des missiles en Iran et aux menaces qui pèse sur le pays, on pourrait conclure que celui-ci a un potentiel considérable pour le développement d’un bouclier de défense antimissile balistique et de missiles anti-satellites.
Dans un proche avenir, davantage de missiles de type sol-sol et sol-air seront développés, conduisant à une plus grande avancée de la capacité défensive et offensive de l’Iran.