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Zoom Afrique du 12 novembre 2021

Zoom Afrique du 12 novembre 2021

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Au Mali, après la rencontre avec l'ambassadeur iranien à Bamako, les accords militaires entre Bamako et Moscou se mettent en place. Et il n'y a pas de "Wagner" dans l'histoire.

Actualité en Afrique :

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Analyses de la rédaction :

1. Mali-Russie-Iran: l'Occident prend cher!

Au Mali, ça y est, les accords militaires entre Bamako et Moscou se mettent en place.

Moscou et Bamako sont résolus à poursuivre leur coopération militaire. C’est ce qu’il ressort de la rencontre, ce jeudi 12 novembre à Moscou, entre le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov et son homologue malien, Abdoulaye Diop. Ces derniers ont également démenti l’existence d’un contrat avec une société privée de paramilitaires appelé Wagner.

Sergueï Lavrov et Abdoulaye Diop ont invoquée la lutte contre le terrorisme qui ne cesse de s’accroître depuis l’arrivée des troupes militaires d’occupation française au Mali, pour justifier l’intensification de leur coopération militaire. Abdoulaye Diop n’a pas manqué de rappeler que Moscou soutenait le Mali depuis son indépendance, le ministre des Affaires étrangères rappelant que 80% des équipements militaires du Mali provenaient de la Russie. Comment se fait-il que ces dernières années, la France n’a même pas fourni des armes à l’armée malienne alors que Barkhane prétendait collaborer avec les FAMAs pour éradiquer le terrorisme.

Pour sa part, Sergueï Lavrov a précisé que Moscou poursuivrait ses livraisons d’équipements, d’armements et de munitions tout en formant des officiers maliens. Pour le ministre russe, l’objectif est de permettre à Bamako de lutter efficacement contre la menace terroriste.

Les deux hommes ont démenti, chacun à sa façon, l’éventuelle implication de mercenaires russes. Abdoulaye Diop a précisé qu’aucun contrat n’avait été signé en la matière. Quant à Sergueï Lavrov, il a précisé que Moscou n’intervenait pas dans les activités de structures créées par des citoyens russes et qui concluaient eux-mêmes leurs contrats.

D’ailleurs, il est important de rappeler que les premiers au monde à avoir mis en place des sociétés militaires privées dans le monde sont les États-Unis. Et ces sociétés de mercenaire américain sont largement actives à travers le monde. Ce qui fait que le deux poids deux mesures est de nouveau dénoncé.

Dans le courant du mois d’octobre, Bamako a également eu un contact avec l’ambassadeur iranien.

En vue de mutualiser et contribuer à la solidarité entre les deux pays, le département du Ministère de la Défense et des Anciens Combattants a servi de cadre le 12 octobre, au ministre de tutelle, le Ministre Colonel Sadio Camara de recevoir l’Ambassadeur d’Iran au Mali, Hosseni Taleshi Salehani.

Leurs échanges ont porté essentiellement sur le développement socio-économique du pays, le renforcement de la coopération bilatérale et la situation sécuritaire du Mali.

Au sortir de cette audience, l'Ambassadeur d’Iran, Hosseni Taleshi a déclaré que « les échanges ont été fructueux ».

Selon lui, « l’entretien avec le Colonel Sadio a été fructueux et édifiant, et témoigne d’excellentes relations entre le Mali et l’Iran dans le domaine économique, industriel et sécuritaire. »

Les nombreuses manifestations de la population malienne ont apporté leurs fruits. Les français tremblent, les américains et les européens qui occupent actuellement le Mali ne pourront pas non plus faire le poids face à la population qui pour rappel est au nombre de 20 millions. La Mali est souverain est son destin est entre ses propres mains.

 

2. RCA: la Minusca sort ou non ?

À New York, le Conseil de sécurité des Nations unies se réunit ce vendredi 12 novembre 2021 pour débattre et voter sur le renouvellement de la Minusca, la mission des Nations unies en Centrafrique. Ce vote intervient dans un contexte tendu, deux semaines après que des éléments de la garde présidentielle ont ouvert le feu sur un bus des Nations unies, blessant 10 policiers égyptiens, car ils s’étaient rendus près de la résidence présidentielle et alors que c’était interdit. Dans leur fuite, ce contingent a d’ailleurs commis un crime en écrasant et tuant une jeune fille de 16 ans et aucun commentaire ni d’excuse n’ont été prononcés de la part des officiels de la Minusca.

Dernièrement, les soldats de l’ONU ont, à plusieurs reprises, été mêlés à des affaires de coopération avec les groupes rebelles ou encore de pillage des ressources naturelles comme l’affaire du contingent portugais récemment. Lors d’une interview, Sylvie Baïpo Témon, ministre centrafricaine des Affaires étrangères, a détaillé la position du gouvernement sur le renouvellement du mandat de la Minusca, dont elle juge et à juste titre assez sévèrement le bilan.

« Nous sommes toujours dans une situation difficile et assez préoccupante. Donc, nous avons besoin d’appui pour retrouver la paix et la sécurisation du pays, de la République centrafricaine. Donc, dans ces termes-là, la République centrafricaine a besoin des appuis au niveau de la communauté internationale, tant au niveau multilatéral qu’au niveau bilatéral. Si renouvellement il doit y avoir, il faut mettre l’accent sur l’efficacité parce que, effectivement, nous avons une opération de maintien de la paix qui est là depuis 2013, mais nous avons aussi vu que fin 2020, une nouvelle rébellion se créait et arrivait jusqu’aux portes de la République centrafricaine. Donc, dans ces cas-là, il faut absolument se poser pour voir ce qu’il nous faut améliorer, ce qui n’a pas marché, comment on peut travailler mieux parce que, aujourd’hui, la durée de rétablissement de la paix en République Centrafricaine crée un certain nombre de frustrations.»

Concernant l’incident avec la jeune fille, elle a annoncé que la République centrafricaine va remettre un rapport aux Nations unies. Un incident malheureux qui n’aurait pas dû avoir lieu si l’ensemble des procédures avaient été respectées. Nous avons un accord de siège, justement qui nous lie à la Minusca. Cet accord de siège, dans son article 12, précise que les déplacements de personnels, de bagages, de matériel autre, doivent être avisé auprès du ministère des Affaires étrangères afin que des dispositions soient prises.

En attendant, une pétition a tourné en Centrafrique pour savoir ce que pensent les Centrafricains concernant la présence de la Minusca sur leur territoire et en deux jours, on compte déjà plus de 640 mille signatures de Centrafricains exigeant que la MINUSCA quitte leur pays.

Le Mouvement citoyen pour l’Eveil des Consciences (MCEC), Synergie centrafricaine et l’Association « Les amis du Changement » ont lancé une pétition à travers le pays pour recueillir les signatures pour le départ de la MINUSCA de la Centrafrique. Le 10 novembre 2021 ils ont tenu une conférence de presse conjointe pour annoncer qu’on a réussi à collecter 640 mille de signatures des Centrafricains.

Cette pétition est l’une des nombreuses actions menées par la Synergie centrafricaine et certaines organisations de la société civile, qui condamnent l’inaction et les crimes des casques bleus de la MINUSCA en Centrafrique depuis leur déploiement en 2014. Au cours de cette période, la mission onusienne a apporté de nombreux maux à la population civile, que la MINUSCA doit au contraire protéger conformément à son mandat.

La dernière goutte de patience des Centrafricains a été certes la mort de la jeune fille Lumière écrasée par le camion du contingent égyptien de la Minusca lors de sa fuite le 1er novembre 2021. L'accident a provoqué une grande colère parmi les Centrafricains, les funérailles de la pauvre fille ont déclenché une manifestation spontanée contre la MINUSCA aux portes de la base du contingent égyptien responsable de la mort de la jeune fille.

Cette conférence de presse avec les représentants des médias avait pour but d'informer la presse des crimes contre l'humanité commis par la MINUSCA et d'annoncer les actions des citoyens contre le maintien de la MINUSCA en République Centrafricaine.

Les manifestations devant les bureaux de la Minusca se multiplient demandant non seulement le départ de l’organisme, mais surtout, que leurs nombreux crimes ne restent pas impunis. Si la Communauté internationale, ou plutôt occidentale, ne veut pas perdre le peu de crédibilité qui lui reste, elle ferait mieux de prendre ses responsabilités en main et de se réajuster au monde multipolaire d’aujourd’hui.

 

3. Chine-Afrique : les actions de déstabilisation en Afrique visent la Chine

La Chine observe avec vive attention tous les événements récents se déroulant sur le continent africain avec lequel Pékin partage des relations stratégiques. Il est aujourd’hui évident que les échanges massifs économico-commerciaux sino-africains, ainsi que l’intégration de l’Afrique dans le projet de la Nouvelle route de la soie, déplaisent fortement aux adversaires géopolitiques et géoéconomiques de la superpuissance chinoise.

Les actions toujours en cours d’un certain nombre d’acteurs externes au continent africain visent non seulement à saper la vague souverainiste et panafricaine largement observée à l’échelle continentale, mais également et évidemment l’interaction stratégique des pays africains avec la Chine, la Russie et d’autres puissances non-occidentales. Cette réalité ne peut ne pas inquiéter le leadership chinois.

L’ordre international multipolaire actuel – dont font largement la promotion Pékin et Moscou, de même que leurs alliés, correspond parfaitement aux attentes de nombreux Africains qui aspirent à une pleine souveraineté de leurs nations et de leur continent, à des partenariats qui tiennent comptent des aspirations africaines de développement, ainsi qu’en matière de libre choix des partenaires. Pourtant, c’est aujourd’hui un secret de polichinelle que de savoir que l’establishment occidental s’obstine à refuser cette réalité internationale.

Bien que l’Occident accuse aujourd’hui ses adversaires géopolitiques et géoéconomiques de mener des campagnes hostiles à son encontre, y compris en Afrique, la réalité est qu’il n’arrive toujours pas à reconnaître (bien qu’il le sache parfaitement) que les populations africaines n’ont aucun besoin aujourd’hui d’acteurs extérieurs pour leur expliquer les bienfaits ou les désavantages de coopération avec tel ou tel acteur. Au contraire, les analyses géopolitiques des Africains correspondent pour de très nombreux d’entre eux aux évolutions du monde contemporain. Et ce aussi bien du côté de plusieurs responsables politiques, diplomatiques, des opérateurs économiques – mais aussi et peut-être surtout au niveau de la société civile africaine.

Évidemment et là aussi, ces processus déplaisent fortement aux élites occidentales, qui préfèrent maintenir ce qu’ils considèrent encore comme leur prétendu « pré-carré » (néocolonial). Pourtant le monde occidental, du moins dans sa version politique et médiatique (les peuples eux se sont pour beaucoup déjà adaptés à la nouvelle réalité multipolaire), devra dans tous les cas apprendre lui aussi à s’adapter, au risque de perdre encore plus de ce qu’il n’a perdu jusqu’à maintenant.

Maintenant et pour répondre à la question en quoi les actions de déstabilisation en Afrique, souvent promues par les intérêts occidentaux, visent la Chine et plus généralement l’interaction sino-africaine. Il faut à ce titre faire mention de plusieurs points. Et pas seulement du fait que la Chine est effectivement le principal partenaire économico-commercial des pays africains en tant qu’État. De même que le principal bâtisseur dans le domaine des projets d’infrastructure. Et ce depuis maintenant de longues années.

Mais la volonté de Pékin d’intégrer nombre de pays africains dans son colossal projet de « la Ceinture et la Route » augmente fortement l’inquiétude occidentale. Et ce certainement pour plusieurs raisons. Et pas que, comme certains pourraient le croire, en raison de la peur que cela fera monter encore plus la puissance économique chinoise – en Afrique comme au niveau international. Mais bien au fait que cela risque de largement contribuer au développement de l’Afrique. Chose, malgré toutes les belles paroles qui diront le contraire, que ne souhaite pas l’establishment occidental.

Sébastien Périmony, membre du bureau Afrique de l’Institut Schiller, par ailleurs rédacteur du site Afrique du Futur et auteur du livre « Voir l’Afrique avec les yeux du futur » avait fait référence à un point très intéressant : avec l’émergence des BRICS et du programme chinois « la Ceinture et la Route », l’Afrique vient de rentrer à deux pieds dans l’ère du co-développement, mettant ainsi fin à la soumission à la logique dite « d’aide au développement ». Confirmant par la même occasion la thèse selon laquelle l’industrialisation de l’Afrique est bien en marche.

Et c’est justement là que l’on comprend mieux les raisons d’une vive opposition occidentale à ces initiatives, car bien au-delà de faire de la concurrence aux intérêts économiques occidentaux, la Chine contribue effectivement au développement industriel des pays africains. Pour un continent aussi riche en matières premières que l’Afrique, il est aujourd’hui évident qu’une véritable industrialisation digne de ce nom est la condition indispensable pour le développement continental et le bien-être des populations concernées. Donc qui dit industrialisation – dit développement économique. Et qui dit développement économique réel – dit aussi plus d’indépendance et de souveraineté. Y compris vis-à-vis des acteurs externes s’étant trop longtemps considérés être en position de quasi-monopole sur nombre de questions africaines. Ce temps est aujourd’hui de plus en plus révolu.

Mais les acteurs en question ne comptent pas abandonner et s’adapter aux nouvelles règles en vigueur. Et c’est justement la raison pour laquelle le maintien, et même la multiplication, de zones instables rentrent parfaitement dans les intérêts occidentaux actuels. Comme cela est d’ailleurs observé aujourd’hui à divers endroits du grand continent africain. Par la même occasion en mettant au maximum les bâtons dans les roues des pays qui souhaitent radicalement modifier leur secteur militaro-sécuritaire pour défendre au mieux leur souveraineté et leur intégrité territoriale, dans le but justement de pouvoir lancer à terme des projets de développement digne de ce nom.

Pour autant, l’establishment occidental oublie que malgré ce chaos déjà propagé et qui continue de l’être, les processus de sécurisation avancent eux aussi et de plus en plus dans la direction attendue par les populations africaines. Et que même en tenant compte de toutes les tentatives à les dénigrer, il n’est pas aujourd’hui difficile de voir de quel côté penchent les sentiments d’appréciation.

Quant à la Chine, au-delà d’être effectivement une superpuissance économique mondiale, elle assume également désormais pleinement son rôle d’une des principales puissances géopolitiques du monde. Et si viendra la nécessité de défendre ses positions stratégiques, il est à croire que Pékin n’hésitera pas à le faire. Aussi bien avec son propre potentiel, qu’en coordination avec ses partenaires.

 

par Mikhail Gamandiy-Egorov.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV