Disons les choses comme elles sont : les deux pétroliers iraniens ayant traversé sans accroc le canal de Suez sans que les pressions US/Israël puissent faire fléchir l'Égypte de Sissi et le pousser à leur barrer la route ont mis sens dessus dessous la Méditerranée : ne pas les attaquer signifie que l'axe US/Israël s'est de lui-même rendu à Canossa, quitte à ne pas faire respecter ses sanctions pour cause de crainte d'avoir à faire face au Hezbollah qui a lancé l'un des plus grand défis de toute histoire de l'empire à son adresse, à savoir, la "territorialisation" d'un pétrolier qui apporte au Liban un "pétrole supra confessionnel".
Ce qui fait que si ces pétroliers sont pris pour cible, cette mer méditerranéenne souvent agitée, connaîtra sa première guerre. Car soit dit en passant personne n'a cru ces derniers mois aux querelles de clocher à caractère gazier Turquie/Grèce/Chypre ni non plus au sérieux de ces griffes et dents que sa Majesté et son porte-avions, Queen Elizabeth ont montré à la Russie bien installé à Tartous et prête à en découdre avec n'importe qui oserait mettre en cause ses intérêts.
Ce mercredi premier septembre, alors que le QG "Hezbollah-Iran" planifie l'accueil des trois premiers pétroliers iraniens de l'Histoire à atteindre Beyrouth et à relier le golfe Persique à la Méditerranée et à ouvrir, comme dans le cas du Venezuela, non seulement un corridor maritime anti-sanction US à caractère commercial, mais aussi un corridor potentiellement militaire, un "incident", un de plus s'est produit à Haïfa. La presse israélienne évoque un "problème technique "dans l'une des "raffineries de Haïfa" propre à "faire augmenter le niveau de la pollution", un problème lié "aux réservoirs surmonté d'une liquide bizarre" et des "pompes trouées". Évidemment on n'en saura pas plus mais les rumeurs se propagent rapidement toute autant que la panique. Est-ce un sabotage signé le Hezbollah qui cherche à dissuader ? Et que fera Israël si en réponse au ciblage des pétroliers iraniens, Haïfa et ses raffineries venaient à être ciblés?
Pour l'heure, la marine israélienne s'est retranchée sous les jupes de la Ve flotte US et simule son premier exercice naval conjoint en mer Rouge.
Une attaque contre les pétroliers iraniens entraînerait le Hezbollah et l'Iran dans la guerre actuelle des navires, qui fait rage dans les mers et les océans de la région. C'est une bataille que l'alliance américano-israélienne a définitivement perdue, surtout depuis l'attaque contre un navire israélien dans la mer d'Oman il y a un mois. La Grande-Bretagne a envoyé soixante de ses forces spéciales dans le gouvernorat d'al-Mahra pour poursuivre les auteurs de cette attaque, en accusant directement les Yéménites. Najib Mikati, Premier ministre libanais désigné, a été éloquent dans sa réponse aux critiques des expéditions de pétrole iranien lorsqu'il a déclaré : « Donnez-nous une bougie. Nous ne refuserons pas ces expéditions sans alternative... L'Iran veut aider le Liban, alors pourquoi vos alliés en Amérique et dans le golfe Persique n'ont-ils pas fait de même au cours des six derniers mois de la crise écrasante ? ». Une chose est sûre : Le Hezbollah sera le grand gagnant de l'initiative iranienne et Israël le grand perdant, qu'il ose attaquer ou pas.
Arnaud Develay, juriste international et Luc Michel, géopoliticien s'expriment sur le sujet.