Sans entrave, le pétrolier iranien atteindra les eaux de la Syrie d'ici 5 à 6 jours et arrivera au Liban dans 12 jours. Toute attaque contre les navires iraniens pourra mettre en péril les plates-formes et les champs offshore du régime sioniste dont certains sont situés à seulement 35 km du Liban.
L'envoi d'un navire iranien transportant du carburant au Liban est un événement au-delà d'un échange commercial qui affecte le processus d'équations régionales à bien des égards. Bien qu’ils aient pris au sérieux les avertissements du secrétaire général du Hezbollah, Seyyed Hassan Nasrallah, dans ses discours précédents, les cercles décisionnels américano-sionistes ne s’attendaient pas à ce que les jeux de pouvoir à l’intérieur du Liban permettent la réalisation du plan du Hezbollah d’importer du carburant iranien dans un délai aussi court: les théoriciens politiques américains estiment que les actes répréhensibles de l’administration américaine ainsi que sa stratégie de sanctions et de siège économique et monétaire paralysants contre le Liban ont placé le pays dans les bras des Iraniens.
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Une autre erreur stratégique des Etats-Unis réside dans les prédictions sur le départ des navires iraniens et les prises de position hâtives de certains diplomates américains, dont Dorothy Shea, ambassadrice américaine au Liban, qui illustrent bel et bien l’état d’étonnement profond dans lequel se trouve la Maison Blanche mais aussi l’incapacité de cette dernière à prévoir l’avenir. Sur un ton menaçant, Dorothy Shea a précipitamment invité le gouvernement et le peuple libanais à se procurer du carburant et de la nourriture auprès des alliés des Etats-Unis dans la région dont l’Egypte, la Jordanie qui n'avaient auparavant manifesté aucun intérêt à vendre du carburant ou de l'électricité au Liban.
L’ambassadrice américaine est allée plus loin en annonçant que les États-Unis étaient prêts à faciliter l'entrée d'électricité et de carburant au Liban via la Jordanie et l'Égypte en passant par le canal de communication syrien. Sur fond de la mise en œuvre d’une politique d'austérité et l'intensification du siège contre le Liban, la décision semble être une mesure passive par rapport à l’envoi d'un navire iranien sur les côtes de Beyrouth et montre également l'échec de la politique américaine au Liban.
Calendrier exact d'envoi de navires iraniens
La décision du Hezbollah d'importer du carburant d'Iran est intervenue à un moment où la crise du carburant au Liban a atteint son paroxysme suite à une approbation de Riad Salamé, gouverneur de la Banque centrale libanaise, dont Washington était directement impliqué dans la prolongation du mandat. L’opinion publique a fini par se laisser convaincre que ni les États-Unis ni les régimes arabes n'avaient aucune volonté de résoudre les crises touchant les moyens de subsistance du peuple libanais.
Il est vrai que l'envoi d'aide iranienne, même s'il peut à court terme réduire la crise, ne l'élimine pas complètement. Cependant, cette décision pourrait briser la domination des cartels et des hommes d'affaires américains sur le marché libanais et les obliger à prêter attention aux priorités du marché intérieur libanais.
Chargement du troisième navire iranien au large du Liban
Les sabotages israéliens et les menaces contre la flotte pétrolière commerciale de la République islamique d'Iran ne sont pas chose nouvelle. Le régime sioniste a tenté à plusieurs reprises mais en vain d’entraver les expéditions de carburant iranien vers la Syrie et d’empêcher l'Iran de fournir de l'aide à ses alliés dans la région. Or, cette fois-ci la situation est différente : le secrétaire général du Hezbollah libanais a sévèrement mis en garde contre les conséquences de toute attaque contre des navires iraniens transportant du carburant pour le peuple libanais.
Au cours des deux dernières semaines, Seyyed Hassan Nasrallah a prononcé des discours à trois reprises et à diverses occasions : dans son premier discours il a annoncé la finalisation de l'envoi de carburant de l'Iran au Liban tandis que dans le deuxième (il y a 5 jours) et le troisième (hier soir), il a fait état de l'envoi d’autres navires transportant du carburant vers la côte libanaise. L'annonce officielle de l'heure de départ et de l'emplacement actuel de la flotte de carburant se dirigeant vers le Liban semble indiquer que la Résistance libanaise est sûre d’être capable d’assurer la sécurité des navires iraniens.
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Le Hezbollah libanais a souligné à plusieurs reprises ces dernières années qu'il répondrait à toutes les attaques ennemies de manière proportionnée et similaire. Autrement dit, si l'ennemi sioniste tue un soldat du Hezbollah, il sera vengé avec la mort d'un soldat israélien, et s'il tire un missile sur une base militaire au Liban, il subira des tirs de missiles de la Résistance à l’intérieur des territoires occupés.
Quant à la possibilité d'une attaque ou d'un sabotage par le régime sioniste contre les navires iraniens à destination de Beyrouth, la manière dont le Hezbollah y riposterait n’est cachée à personne: toute menace contre les carburants du peuple libanais mettra en péril ceux de l’ennemi. L’ironie du sort, les ressources fossiles du régime sioniste situées dans la mer Méditerranée et à très courte distance des eaux libanaises. Ces dernières années, Israël a investi des milliards de dollars dans l'extraction de gaz à partir de plates-formes et de champs offshore tels que Tamar et Leviathan situées à seulement 35 km du territoire du sud du Liban à la distance la plus éloignée possible.
Il convient de rappeler qu’en 2006 et pendant la guerre des 33 jours, Israël a connu le goût amer de s'approcher de la côte libanaise suite à la riposte de la Résistance par un missile anti-navire INS Hanit. Le régime sioniste est bien conscient des capacités de la Résistance libanaise dans le domaine de la guerre navale. Vu les armes mortelles que se sont procurées les combattants du Hezbollah au cours de ces dernières années, les menaces contre les plates-formes gazières du régime à si courte distance sont plusieurs fois plus importantes qu'en 2006, et ce, de l’aveu même des services de renseignement et d'espionnage israéliens.