Il y a quelque chose de particulièrement inouïe dans ce "plan" que le MAE chinois, Wang Yi, a remis ce samedi 17 juillet au président Assad, lors d'une sans précédent visite dans la capitale syrienne, survenue à peine quelques heures après la prestation de serment de l'homme fort de Damas réélu pour un quatrième mandat consécutif à la tête d'une Syrie qui vient d'entrer dans une phase totalement nouvelle de sa confrontation "militaire" avec les USA, phase marquée, comme chacun le sait, par une première semaine de juillet particulièrement chaude où drones de la Résistance le disputait aux roquettes et aux missiles pour cibler les bases illégales US à Omar et à Conoco, et faire comprendre aux Yankee que le colonialisme sauvage n'a pas lieu d'être ni au Levant ni en Irak. En effet peu d'analystes tendraient à ne pas voir un lien direct entre cette nouvelle phase de confrontation militaire anti-US de l'État syrien d'une part et cette visite quasi- inopinée du haut diplomate chinois qui certes s'est faite à la lumière des 1300 millions de dollars d'échanges commerciaux que totalisent les deux parties mais qui revêt aussi et pour la première fois, un aspect "militaire".
Depuis le 14 juillet, date à laquelle la dernière des cinq attaques anti-US de la Résistance a visé les Américains en Syrie orientale, celle-ci est sens dessus dessous..., non pas pour les Syriens mais bien pour les Américains. Des sources locales évoquent une totale confusion dans les rangs des soldats US qui, précipités, remplissent des camions-citernes entiers de pétrole à destination de l'Irak pour en ramener non plus à bord des convois terrestres mais héliportées des pièces de DCA et des armes et des munitions, l'objectif étant de "fortifier les positions américaines à Deir ez-Zor en prévision des attaques à venir.
Parallèlement et puisqu'ils ont été parfaitement incapables de localiser l'origine des attaques balistiques et de drones anti US de ces derniers jours, d'en accuser qui que ce soit, les Américains s'en prennent aux tribus dont Al-Akidat, connue pour son anti-américanisme. Plusieurs villages ont ainsi été la cible des assauts et des fouilles, ce qui a déclenché une mobilisation générale parmi les jeunes qui s'en prennent invariablement aux FDS et aux forces étrangères. En effet, il y aurait même une demande très forte d'armes et de munition en direction de l'armée syrienne pour qu'elle satisfasse les besoins en armement de la guérilla populaire qui en est désormais à demander des "missiles". Dans ce contexte, il ne reste aux Américains qu'un double choix : fuir ou se renforcer ce qui revient à étendre numériquement leur présence tout en cherchant à multiplier les bases. Or dans les deux cas c'est un cercle vicieux pour une Amérique qui exposerait davantage ses effectifs. Et bien la Chine aurait visiblement attendu ce moment pour intervenir.
En effet le plan en quatre point que Pékin propose à Damas, visiblement inquiète des répercussions du scénario du Pentagone qui se déroule en ce moment même à ses portes en Afghanistan, est avant tout un plan militaire où il n'est pas question de "coexister avec les troupes d'occupation US" mais bien de les mettre à la porte de façon à ce que le terrorisme made in US, made in OTAN, prenne fin en Syrie et que la Chine, depuis longtemps anxieuse de ce trafic de terroristes ouïghours Est chinois-Turquie-Idlib puissent y porter sa contribution.
Rien qu'à voir de plus près les quatre temps du plan chinois : "l’intégrité territoriale et la souveraineté nationale de la Syrie doivent être respectées ; le bien-être du peuple syrien doit constituer une priorité des deux parties ; toutes les cellules terroristes doivent être démantelées ; une solution politique globale pour la crise syrienne doit être élaborée".
Lors d’entretiens avec le président Assad ou encore son MAE, le patron de la diplomatie chinoise a d'ailleurs plaidé en faveur d'une "solution radicale" de la crise, tout en lançant du bout des lèvres le nom de l'ONU pour question de forme. À travers ce plan, on a cru réentendre la voix du ministre chinois quand il dénonçait au mois de mai, le criminalisme US qui "permet à Israël, tête de point US au Moyen-Orient, de tuer des musulmans à Gaza" et d'en "chercher les cadavres à Xing Jiang"! Wang s'est d'ailleurs adressé à Israël et aux États-Unis, régimes opposés à Damas qui "devaient oublier l'illusion d'un changement de gouvernement en Syrie" et "permettre au peuple syrien de déterminer de manière indépendante l'avenir et la destinée de son pays". Et puis cette flèche anti-sanction et anti-blocus : "Pékin croit que le moyen fondamental de résoudre la crise humanitaire en Syrie est la levée immédiate de toutes les sanctions unilatérales et du blocus économique de la Syrie".
De tout ceci, on conclut que Pékin veut se battre contre les USA au Levant pour ne pas à avoir le faire au Xing Jiang ou en mer de Chine. D'où la partie la plus appréciée du plan de Wang qui aura été celle qui appelle "au démantèlement de toutes les organisations terroristes". La Chine ira-t-elle jusqu'à prendre directement part aux opérations militaires à Idlib où elle est présente aux côtés de la Syrie et de la Russie et ce, depuis bien longtemps à travers des coopérations en renseignement ? Peut-être. Mais à Idlib, on voit pas trop comment la Chine pourrait être plus utile que la Russie, elle qui frappe depuis ses deux méga-bases les positions des terroristes pro-Sultan à coup d'Iskander ou de Kalibr. Mais en Syrie orientale, une présence chinoise pourrait s'avérer bien plus porteuse en termes géostratégiques à la fois pour Pékin et pour Damas. Et Comment?
Cette initiative de route et de ceinture ne saurait se passer d'une bonne moitié de l'ouest de l'Irak et de l'est de la Syrie qui s'étendent de l'ouest verts l'Iran et de l'est vers le Liban et la Méditerranée. Et là on en vient à cette route ultra-stratégique que relie l'Irak à la Syrie et au Liban et qui effraie si profondément l'Amérique au point de la pousser, quasi-mise à la porte de l'Irak qu'elle est à présent, à déployer ses troupes en Jordanie voisine. La guerre ouverte USA/Résistance, déclenchée en juillet, jouit évidemment de l'approbation russe mais pas de son soutien. Elle pourrait avoir l'appui militaire de la Chine... Enfin si Pékin a fini par comprendre que l'Amérique finissante n’hésiterait pas à envoyer ses troupes à Xing Jiang, le cas échéant.