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La zone tampon qu'Erdogan n'a pu créé en Syrie, il la créera en Irak pour le compte US/OTAN?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le ministre turc de la défense, Hulusi Akar, rend visite aux troupes à la frontière avec l'Irak dans la province de Hakkari, en Turquie, le 25 juin 2020.©AP

Une zone tampon turque dans le nord de l'Irak? Le Sultan la veut. Mais que fait l'armée turque au Kurdistan irakien? 

 L'armée turque a installé de nombreuses bases militaires et quasi-permanentes dans le nord de l'Irak, comme Dahuk et d'autres, et certaines de leurs bases sont mobiles et tactiques. La Turquie a également installé des bases pour les drones dans le nord de l'Irak. D'autre part, l’artillerie de l'armée turque a été installée dans les régions du nord de l'Irak. Le déploiement  de ces armements et d'équipements dans des zones limitrophes de la frontière turque montre que les Turcs prévoient de  s’y installer pendant plusieurs mois en vue de mener diverses opérations », estime le politologue Sabah Zanganeh. 

 « Comme par le passé, la Turquie prétexte combattre le PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) dans la région. De nombreux villages du nord de l'Irak ont ​​été détruits et un grand nombre d'habitants déplacés sous le même prétexte. Des minorités telles que les Kurdes et les Yézidis constituent la population du nord de l'Irak.

L'Irak a protesté à plusieurs reprises contre les actions turques dans le nord du pays. Il a été récemment annoncé que la série d'opérations d'Ankara dans le nord a infligé environ 6 milliards de dollars de dégâts à Bagdad. Les forces turques ont intensifié leurs attaques contre les bastions du PKK dans le nord de l'Irak au cours de l'année dernière, concentrant leur puissance de feu et leurs incursions principalement sur une bande de territoire allant jusqu'à 30 km (environ 20 miles) à l'intérieur de l'Irak, souligne Zanghaneh.

Or la région du Kurdistan irakien ne proteste pas contre la présence de la Turquie dans les régions du nord puis qu'Erbil entretient des relations d'intérêts réciproques basées sur la vente du pétrole irakien et la contrebande du pétrole syrien. Lors d’une conférence de presse tenue le 12 juin, Yahya Rassoul, porte-parole du commandement général de l’armée irakienne, a évoqué l’opération transfrontalière de la Turquie.

Selon l’agence de presse kurde RojNews, Yahya Rassoul a déclaré que l’armée turque avait pénétré à 20 kilomètres à l’intérieur du territoire irakien. « C’est bien au-delà de la limite déterminée par les accords entre les deux parties. L’armée turque a augmenté le nombre de ses bases militaires dans la région du Kurdistan. L’avancée de l’État turc sur le territoire irakien n’est pas légitime, la Turquie doit respecter la souveraineté de l’Irak et des pays voisins », a-t-il réitéré. Et de poursuivre : « Ce qui se passe aujourd’hui sur les terres irakiennes peut être décrit comme une invasion de grande ampleur. L’État turc a violé l’espace aérien irakien. Ce problème doit être résolu par le biais du système de défense aérienne ».

Mais est-ce suffisant pour faire reculer Ankara qui a la mission de couper l'Irak du nord de la Syrie sous prétexte de lutte anti-PKK? « Les rapports actuels indiquent que l'armée turque a pénétré dans une profondeur de 50 kilomètres en territoire irakien. En conséquence, la première raison pour laquelle la Turquie maintient sa présence dans le nord de l'Irak est le silence du gouvernement régional du Kurdistan irakien.

Le gouvernement de Bagdad a également observé le silence. Lorsque le Premier ministre irakien Mostafa al-Kazemi s'est rendu en Turquie, il s'est concentré sur les questions économiques ainsi que sur les consultations sur les ressources en eau, plutôt que sur l’intervention militaire de la Turquie dans le nord de l'Irak et il n’en a rien dit. Il est à noter que les Américains sont également impliqués dans cette affaire. Ils ont observé le silence et octroyé le feu vert à la Turquie pour entrer dans le nord de l'Irak et faire ce qu’elle souhaite en toute liberté ». 

Et il a conclu : « Les Américains  ont une base militaire dans la région du Kurdistan irakien et la Turquie compte parmi les alliés de Washington au sein de l'OTAN. Ces deux sujets poussent les États-Unis à prendre en considération les intérêts de la Turquie et à tenter d’assurer les intérêts de la région du Kurdistan  irakien. Entre temps, les intérêts du gouvernement central irakien sont malheureusement ignorés, si bien que le pétrole de la région du Kurdistan est passé en contrebande et vendu par la Turquie.

Lire plus: Frappe anti-kurde en Irak? Pas du tout, la Turquie rend service au Pentagone

Un quart de la production irakienne de pétrole est transité par le pipeline installé entre Kirkouk et le port turc méditerranéen de Ceyhan et une partie est acheminée sur le marché mondial par des trafiquants turcs. Pour cette raison, je crois que tout va au détriment de Bagdad. En outre, des rapports récents font état d'une corruption généralisée dans le triangle frontalier turco-irakien-syrien, indiquant que la région est aux prises avec des problèmes de sécurité et économiques, et que les États-Unis semblent en être satisfaits ».

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SOURCE: FRENCH PRESS TV