Seyyed Hassan Nasrallah, secrétaire général du Hezbollah libanais, a prononcé mardi soir un discours relativement court qui a couvert plusieurs sujets importants et comprend cinq messages importants. Mais au-delà de ces messages, la mise en garde de Nasrallah contre la fuite en avant de Netanyahu et le fait qu’il pourrait commettre une folie, laisse ouverte la perspective d’une confrontation à venir. Et si le Golan s’embrasait soudain ?
En effet la frontière syro-libanaise a été bien active pendant les 11 jours de la bataille de mai et pas moins de cinq salves de missiles ont été tirés depuis le front Nord contre Israël.
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Dans la partie de son discours qui aborde la crise politique du régime sioniste, Nasrallah décrit Benjamin Netanyahu comme une personne en crise qui fuit les problèmes auxquels il est confronté, un « idiot » qui est capable de commettre n’importe quelle stupidité, voire rallumer le feu de la guerre et conduire les Israéliens à leur perte, pour s’en sortir et rester au pouvoir. Ce point de vue est sans nul doute un avertissement de la part du secrétaire général du Hezbollah à Netanyahu, selon lequel tout faux pas ou action militaire contre la Résistance rencontrera une réponse ferme, encore plus douloureuse que la bataille de « l’Épée de Qods ».
Au sujet de la guerre au Yémen et de la connivence des États-Unis avec l’Arabie saoudite qui œuvre pour le prolongement du conflit, il a déclaré : « On voit bien que les États-Unis essaient de se faire passer pour un acteur actif en faveur de l’arrêt de la guerre au Yémen par la tromperie et les mensonges. Le problème que nous avons au Liban aujourd’hui est le même que celui auquel est confronté le Yémen depuis des années : nous sommes continuellement sous pression pour faire davantage de concessions. Ce que les Américains et les Saoudiens n’ont pas réussi à obtenir avec la force militaire, ils tentent de l’obtenir par le biais des sanctions économiques et les embargos. »
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Nasrallah a par ailleurs salué la résistance du peuple yéménite et le rôle de premier plan du leader d’AnsaralIah, Abdel Malek al-Houthi, dans les victoires face à l’ennemi. « La Résistance est consciente du double jeu et des promesses de paix factices des responsables de la Maison-Blanche, et les Saoudiens ne pourront pas sortir de cette guerre avec le soutien des États-Unis en maintenant le siège du Yémen. »
S’adressant à ses partisans, aux sympathisants de la Résistance et à toute l’Oummah islamique, il a affirmé : « Je suis avec vous et parmi vous. Nous continuerons ensemble et j’espère que si Dieu le veut, nous prierons ensemble dans la mosquée Al-Aqsa. » Ses propos au sujet de la Palestine et de la détermination des Palestiniens à libérer leur terre sont aussi le présage d’une victoire certaine des Palestiniens et de la libération de Qods.
Nasrallah a rappelé sa nouvelle équation pour Qods qu’il a présentée dans son discours à l’occasion de l’Aïd al-Adha. « Tout empiétement de Qods et de la mosquée Al-Aqsa est une offense à l’ensemble de l’Oummah islamique. La question de la Palestine est liée à la Terre Sainte et le monde entier devrait suivre ce qui se passe en Palestine aujourd’hui », a-t-il estimé.
Ces quelques mots suffisent à alerter les amis de la Résistance et l’ennemi sioniste. L’Oummah islamique s’est levée pour soutenir la Palestine et même les nations des régimes arabes réactionnaires sont du côté de leurs frères palestiniens.
Le dernier message du discours de Seyyed Hassan Nasrallah concerne la feuille de route qu’il a tracée pour que le Liban sorte de la crise. En ce moment critique pour le peuple libanais, les grands défis à relever sont la formation du gouvernement et la tenue à temps des élections législatives. En outre, il a mis l’accent sur la nécessité d’augmenter le pouvoir d’achat des Libanais et la lutte contre la corruption. Pour ce faire, il propose plusieurs solutions, dont la distribution de cartes de crédit aux couches sociales à faible revenu, et surtout les négociations avec l’Iran pour l’importation de pétrole et de carburant en livres, la monnaie nationale du Liban.
Alors que le régime israélien risque de se retrouver face à une confrontation multi-fronts sur divers plans, Ali Shaker, auteur du livre sur « l’importance de la zone stratégique du plateau du Golan » pour la survie d’Israël, dévoilé aujourd’hui dans les locaux de la présidence iranienne à Téhéran, note que « la perte du Golan met la survie du régime d’Israël en péril. C’est pourquoi le mouvement sioniste, dans son manifeste publié en août 1967, a déclaré qu’aucun État juif n’avait le droit de restituer la région ».
Il y retrace les faits historiques qui ont conduit à l’importance des hauteurs du Golan dans la stratégie de sécurité nationale d’Israël et écrit que cette région est une région montagneuse située à une courte distance des centres politiques et sécuritaires sensibles en Syrie, au Liban, en Palestine et même en Jordanie. La distance entre les hauteurs du Golan et le palais présidentiel syrien à Damas, le palais présidentiel libanais à Beyrouth, le palais royal jordanien à Amman et la maison du Premier ministre sioniste à Qods sont respectivement d’environ 50, 60, 85 et 110 kilomètres.
“Dans le jargon militaire, les missiles balistiques avec une portée de moins de 180 à 200 km sont qualifiés de courte portée, et le plateau du Golan pour le régime qui le domine est un atout tous azimuts.
Israël y a établi des colonies baptisées Nahal, 36 jours seulement après son occupation. Après le service militaire, les Israéliens doivent cultiver les terres des colonies construites dans la zone limitrophe du Golan pendant 12 mois. Cela signifie que le régime sioniste cherche à créer une zone tampon pour éliminer les bas-fonds stratégiques des territoires occupés en Palestine, explique l’auteur.
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Il convient de noter qu’environ 70 % des principales infrastructures d’Israël, telles que l’aéroport Ben Gourion, la route nationale (A6), la canalisation nationale et les lignes à haute pression, sont concentrées dans une bande étroite de la Méditerranée et en Cisjordanie.
Avec ses mesures, le régime sioniste met en danger la communauté internationale et les droits de l’homme. En somme, la conception des fortifications israéliennes sur les hauteurs du Golan est basée sur le "principe de surprise". "Les colonies dans cette zone semblent être civiles, mais après la guerre, elles ont été connectées au réseau militaire du régime pour servir de base militaire dormante en cas de menace ou d’attaque possible", note M. Shaker.