Depuis 5 jours, des signaux forts encourageants parviennent depuis la Russie comme si le mois de mai avait quelque chose de « révélateur » pour les Russes : il y a d’abord ce double appel espacé de quelques heures mercredi, comme quoi la Russie était disposée à « étendre ses coopérations militaires » avec l’Iran, dont l’un venait droit du numéro deux de la Défense. Jeudi, le conseiller du président Poutine pour la défense prônait un partenariat privilégié avec Téhéran, car « la Russie n’a pas d’autre choix que de s’allier à l’Iran » par les temps qui courent. Puis vendredi, le ministre russe de l’Énergie, Novak qui s’exprimait à l’occasion du forum de Saint Petersburg a souhaité qu’une fois les sanctions US levées, -et il a mis là l’accent sur l’un des épisodes les moins glorieux des liens étroits Téhéran-Moscou quand la Russie a quitté comme Total le secteur pétrolier iranien-, un retour en force de la Russie dans le secteur pétrolier du sud.
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La Présidente a pourtant ajouté que les infrastructures de l’Union économique de l’Eurasie n’étaient pas encore prêtes pour que les pays membres puissent bénéficier des avantages, des facilités et des concessions d’un commerce intra-union comme pour souligner que la Russie souhaitait un partenariat plus Iran-Russie que Iran-Eurasie.
En effet, l’idée a déjà été évoquée par M. Karaganov, président honoraire du Conseil de politique étrangère et de défense. Pour lui, les investissements russes dans les secteurs de l’électricité, du pétrole et du gaz de l’Iran sont dans l’intérêt national de la Russie. Ce dernier estime qu’un rapprochement de la Russie à l’Iran contribuera à créer un monde multipolaire.
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Dans une note intitulée « Une perspective mondiale du point de vue de la Russie », évoquant l’importance de l’Iran dans la politique étrangère de la Russie, Karaganov écrit : « Compte tenu de l’adhésion de l’Inde et du Pakistan ainsi que du projet d’adhésion de l’Iran à l’Organisation de coopération de Shanghai, l’institution se transforme en un noyau favorisant la formation d’une Grande Communauté eurasienne dans laquelle la coopération sino-russe jouerait un rôle majeur. En vertu de cette idée, la Chine pourrait devenir l’hégémonie économique de cette union ; et les trois autres pays à savoir l’Iran, la Russie et l’Inde pourront jouer un rôle de poids en renforçant leurs coopérations. »
Qu’il y a-t-il de changé ces derniers temps pour avoir convaincu les Russes de faire passer le stade de partenariat à l’alliance ?
" En effet, aussi bien les Chinois qui ont surpris le monde entier en prenant faits et cause de Gaza en plein conseil de sécurité et ce, en dépit de larges investissements dans des méga projets en Israël, la Russie semble-t-elle aussi avoir été convaincu que les rapports de force au Moyen-Orient sont en train de changer et qu’il y a l’émergence d’un bloc nouveau, dit Axe de la Résistance qui fait réellement contrepoids aux États-Unis. Personne mieux que les Russes n’a compris à quel point l’axe US/Israël pédalait dans le vide en ces 11 jours de bataille à Gaza quand l’armée israélienne ne bombardait que pour ne pas perdre la face. De Gaza au Liban en passant par le golfe Persique, la Russie comme la Chine semblent arriver à la même conclusion, sans la Résistance le pari de contrer l’ordre US/OTAN est perdu d’avance. c’est là sans doute le que réside le sens à donner à l’invitation russe au Hezbollah pour qu’il ait son bureau à Moscou. Idem pour la Chine qui très intelligemment a changé son fusil d’épaule aux premières heures de la bataille de mai entre Israël et Gaza", note un expert.
« La question est d’actualité qu’on suit de près le modus oprenadi US en mer Rouge où il est parvenu à pousser Khartoum un allié d’antan de la Russie à fermer sa base sur les forces russes. Or en mer Rouge, s’il y a un acteur de poids capable de réellement peser sur les rapports des forces c’est Ansarallah ».