L’escalade de violence à Qamichli, nourrie par les affrontements qui opposent les Forces démocratiques syriennes (FDS) aux Forces de défense nationale, met en évidence la volonté de fer du gouvernement syrien qui s’est finalement décidé à reprendre le contrôle du pays dans son entièreté et à reprendre l’Est et le Nord.
Après le début de la crise en Syrie, en janvier 2011, et l’émergence de nombreux groupes terroristes à travers ce pays, les forces de l’armée syrienne ont quitté les régions au peuplement kurde, dans le cadre d’un accord non écrit, et en ont confié le contrôle aux miliciens kurdes.
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À présent, le gouvernement syrien a sous son contrôlé la plupart des terres du pays et l’heure semble être à la bataille ultime qui engagera en grande partie les forces de l’armée syrienne et les miliciens kurdes.
Viennent à l’appui de cette affirmation les affrontements directs qui opposent les FDS aux Forces de défense nationale dans la ville stratégique de Qamichli.
La crise en Syrie a rendu le terrain propice à la présence du PKK, dont la branche syrienne s’appelle YPG, dans le Nord. Maintenant, les miliciens kurdes du YPG contrôlent la majeure partie des territoires kurdes de la Syrie et un grand nombre des membres des FDS sont les anciens effectifs du YPG. Des Arabes, des Assyriens et Araméens constituent aussi une petite partie des FDS.
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D’autre part, les trois régions au peuplement kurde (Jazeera, Kobané et Afrin) qui étaient auparavant gouvernées séparément sont devenues une région unie. En plus, les conditions engendrées par la lutte antiterroriste ont permis aux FDS de prendre le contrôle des régions au peuplement arabe qui se trouvaient entre Jazeera, Kobané et Afrin et elles ont ainsi mis sur pied un gouvernement semi-autoritaire dans le Nord.
Jusqu’en 2018, la ville de Qamichli était « la capitale » de la Fédération démocratique du nord et de l’est, mais Aïn al-Issa est devenue désormais la capitale administrative et politique de cette Fédération autoproclamée.
Malgré trois décennies de lutte contre le PKK, la Turquie est actuellement plus préoccupée que jamais quant à la situation du Nord syrien qui s’est transformé en un bastion sûr pour les miliciens kurdes. D’où une série d’offensives, lancées par l’armée turque contre le nord de la Syrie, qui ont entraîné la chute d’Afrin et de Tal Abyad entre les mains des forces turques.
Pendant les deux dernières années, le gouvernement syrien a stabilisé sa position dans la plupart des territoires de la Syrie et a essayé, à plusieurs reprises, de s’asseoir à la table du dialogue avec les Kurdes, chose toujours rejetée par les FDS.
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D’autre part, les Kurdes ont demandé à Damas de leur permettre de créer en Syrie une zone autoritaire et indépendante, semblable à celle du Kurdistan irakien, mais cette demande a été catégoriquement rejetée non seulement par Damas, mais en plus par Ankara et Téhéran qui partagent des frontières avec les régions contrôlées par les Kurdes.
Les médias syriens et régionaux font part, depuis quelques jours, de l’escalade de tension entre les Forces de défense nationale et les miliciens kurdes des Forces démocratiques syriennes à Qamichli, la plus grande ville de la province de Hassaké, peuplée de 300 000 habitants.
Bien que les Kurdes constituent la majeure partie de la population de Qamichli, y habitent également des Araméens, des Assyriens, des Arméniens et des Arabes.
Les tensions à Qamichli ont même fait des morts et des blessés alors que les deux parties s’accusent mutuellement d’avoir violé le cessez-le-feu.
Selon les sources locales, les affrontements sont plutôt concentrés aux alentours du quartier de Tay, au sud-est de Qamichli.
Les mêmes sources réaffirment que les miliciens kurdes sont entrés en confrontation avec les médiateurs russes et réclament leur départ ainsi que le départ des forces de l’armée syrienne.
Pendant les trois dernières années, le gouvernement turc est arrivé à occuper une grande partie des territoires kurdes de la Syrie.
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De l’autre côté de cette donne, le nouveau président américain, Joe Biden, a rappelé son soutien accru aux Kurdes, ce qui rassure les FDS quant à un retour, en toute puissance, aux équations de la Syrie.
Cela dit, Qamichli risquerait de se transformer, pendant les semaines à venir, en un nouveau centre de tensions où l’armée syrienne commencera à récupérer sa domination sur les autres régions de la Syrie, avec le feu vert implicite de la Russie, de la Turquie et de l’Iran.