Un test qui intéresserait l'Iran? Le missile supersonique antinavire chinois, d'une portée de 500 km et d'une vitesse maximale de Mach 3, a été lancé à partir du destroyer à missiles guidés de type O52D en direction d'un navire américain. Une vidéo diffusée à l'occasion du 72e anniversaire de la marine de l'Armée populaire de libération chinoise montre la destruction d'un navire cible « ennemi » avec le missile de croisière anti-supersonique YJ-18.
« La Chine construit en quatre ans l’équivalent de la Marine française », avait déclaré, au printemps 2018, l’amiral Christophe Prazuck, alors chef d’état-major de la Marine nationale. Et effectivement, entre 2015 et 2018, le tonnage de la composante navale de l’Armée populaire de libération [APL] avait augmenté de 350.000 tonnes…
Ce qui fait que, désormais, elle compte 333 navires, soit 37 de plus que son homologue américaine. Mais cet effort n’est pas seulement quantitatif, il est aussi qualitatif, comme en témoigne la cérémonie organisée à la base navale de Sanya [province de Hainan], le 23 avril, en présence du président Xi Jinping. En effet, ce jour-là, la marine chinoise a mis en service trois nouveaux vaisseaux, représentant à eux trois près de 60.000 tonnes. Avec ses 35.000 à 40.000 tonnes, le plus imposant est le navire d’assaut amphibie [ou porte-hélicoptères] de type 075, baptisé « Hainan ».
Pouvant voler à la vitesse de 170 km/h et disposant d’une autonomie de 5 heures, ces appareils sont conçus pour effectuer, en fonction de leur charge utile, des missions de reconnaissance, de guerre électronique, de transport ou encore de frappe. Le « Hainan » sera bientôt rejoint par deux autres navires du même type. L’un a entamé ses essais en mer en décembre 2020 tandis que l’autre a été lancé en janvier dernier. Au total, huit doivent être construits.
Pour rappel, un croiseur de type 055 affiche un déplacement de 13.000 tonnes. Il est doté de 112 112 tubes de lancement vertical [48 à l’avant et 64 à l’arrière] pouvant tirer des missiles anti-navire YJ-18A, des missiles de croisière CJ-10 ainsi que des tirer des missiles anti-aérien HHQ-9 et HHQ-16. Il est aussi muni d’un système anti-aérien de courte portée utilisant 24 missiles HHQ-10, en complément d’une tourelle H/PJ-38 de 130 mm et d’un canon automatique à 7 tubes CIWS de type 1130.
Ce navire est également bien pourvu en équipements électroniques, avec radar AESA [à antenne active] multi-fonctions type 346B, d’un radar de tir AESA X-Band, de brouilleurs, de radars passifs, de lance-leurre type 726-4 et de deux sonars [un, volumineux, de proue, l’autre, à basse fréquence, remorqué]. Et pour exploiter ses capacités de détection sous-marine, il dispose de roquettes anti-sous-marins CY-5 et 6 tubes lance-torpilles de 324mm.
Enfin, l’APL a admis au service actif le Changzheng 18, soit son sixième sous-marin nucléaire lanceur d’engins de type 094. Les données concernant ce navire n’ont fait l’objet d’aucune publication officielle. Il est supposé que son déplacement est de 11.000 tonnes en plongée [pour une longueur de 135 m] et qu’il peut emporter jusqu’à 12 mer-sol-balistique-stratégique JL-2. A priori, 8 unités doivent entrer en dotation au total.
« Le Changzheng 18 est probablement une version améliorée du sous-marin nucléaire de type 09IV. […] Il donne à la Chine une dissuasion nucléaire encore plus crédible », a commenté Song Zhongping, un expert militaires chinois, cité par le quotidien « Global Times. »
« La stratégie navale de la Chine comporte une dimension militaire de plus en plus visible, destinée en particulier à contrôler les points de passage en eaux profondes indispensables à la navigation sous-marine […] Acquérir progressivement la maîtrise du ‘sea power’ est indispensable à l’exercice de la puissance. La Chine l’a parfaitement compris et s’y consacre », relevait ainsi Thomas Gomart [IFRI], dans son livre L’Affolement du monde: 10 enjeux geopolitiques« .