Biden admet sa défaite et lève les drapeaux de la reddition en Afghanistan. Comment le peuple afghan a-t-il gagné contre l'Amérique dans sa plus longue guerre, s’interroge Rai Al-Youm.
« Enfin, après vingt ans de guerre en Afghanistan, le président américain Joe Biden a décidé de hisser les drapeaux blancs de la reddition «teintés» par le sang de plus de 2 400 soldats morts et 21 000 blessés, et de retirer toutes les forces de son pays (3 500 soldats), avant le vingtième anniversaire des attentats du 11 septembre et de reconnaître officiellement la défaite », souligne Atwan.
Selon le journal en langue arabe, ce grand acquis, qui n'est pas moins important que la défaite de l'Amérique au Vietnam, n'aurait pas été possible sans la patience des Afghans et leur résistance continue à l'occupation américaine, et le soutien des voisins, en particulier du Pakistan, à leur fournir des armes et de l'argent.
« La phrase la plus vraie que Biden a prononcée dans son discours de mercredi soir est celle dans laquelle il a déclaré: «Je suis le quatrième président américain à vivre cette guerre, et je ne la céderai pas au cinquième président qui recevra le pouvoir après moi. Mais il n’a pas dit qu’il avait réalisé ce que les présidents précédents n’avaient pas compris, à savoir l’impossibilité de conquérir la volonté des peuples, de poursuivre leur occupation par la force d’avions, de missiles et de mercenaires, et de commettre des massacres contre des Afghans innocents », peut-on lire dans l’article d’Atwan.
« Ce qui est certain, c'est que l'achèvement du retrait américano-OTAN en septembre prochain créera un vide qui sera comblé par une guerre civile sanglante, alors que le gouvernement du président Ashraf Ghani tentera de lutter pour survivre au pouvoir, en s'appuyant sur 300 mille Afghans et soldats entraînés et armés par l'OTAN au cours des vingt dernières années. Une guerre qui ne se prolongera peut-être pas, et les forces talibanes, qui contrôlent pratiquement 70 % du territoire afghan, entreront dans la capitale, Kaboul, comme elles y sont entrées pour la première fois en automne 1996, en levant leurs drapeaux sur le palais présidentiel », nous rappelle Atwan.
Rai Al-Youm souligne que « l'Afghanistan et le Yémen sont deux pays faciles à occuper, mais il est impossible d'y rester, et il n'y a pas moyen de s'en sortir qu’avec une défaite humiliante, non pas à cause de leur difficile nature géographique montagneuse, mais aussi en raison de la patience de leur peuple et de la forte volonté de résistance, d'adhésion à la dignité et à la fierté des âmes, et nous vous renvoyons aux livres d’histoire et aux échecs des Britanniques et des Ottomans dans les vallées et les montagnes des deux pays ».
« Nous espérons que « certains » Arabes apprendront que le prix de la résistance est beaucoup moins cher que celui de la reddition à l'Amérique et à ses complots. Le temps des défaites en série des Etats-Unis a commencé et Biden supplie le président Vladimir Poutine de le rencontrer, retirant ses navires de guerre de la mer Noire, offrant à l'Iran des concessions inimaginables dans les pourparlers de Vienne », conclut l’article.