Le secrétaire d'État américain Anthony Blinken a rencontré le ministre allemand des Affaires étrangères Haiku Moss en marge de la réunion des ministres des Affaires étrangères de l'OTAN à Bruxelles hier soir (mardi) et a souligné la nécessité pour les États membres de l'OTAN d'affronter la Russie.
Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, qui participait mardi à sa première réunion des ministres des Affaires étrangères de l’OTAN en cette qualité, a tenté de rassurer les alliés sur l’avenir de l’organisation et le rôle que comptent y jouer les États-Unis. « Nous voulons revitaliser l’alliance pour nous assurer qu’elle est aussi forte et efficace contre les menaces d’aujourd’hui qu’elle l’a été dans le passé », a-t-il déclaré. La Russie et la Chine, a-t-il précisé, font partie de ces « nouvelles menaces ».
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Il a réitéré l'engagement des États-Unis à travailler avec leurs alliés et partenaires pour contrer les efforts de la Russie de « saper la sécurité collective » et, de surcroît, leur position envers le projet controversé du gazoduc Nord Stream 2.
Le chantier du pipeline qui doit relier la Russie à l’Allemagne est déjà bien avancé. Ce projet est dénoncé par les pays les plus critiques envers Moscou, dont les États-Unis. C’est un dossier qui empoisonne les relations européennes, entre les États membres voulant privilégier une relation réaliste avec la Russie et ceux prônant une action vigoureuse pour réduire leur dépendance énergétique vis-à-vis de ce pays.
Ned Price, le porte-parole du département d'État américain, a également menacé les pays européens qui participent au projet, mais le vice-Premier ministre russe a souligné que le gazoduc serait sans aucun doute achevé.
Interrompu depuis près d’un an, le chantier du gazoduc Nord Stream 2 a repris le 11 décembre 2020, malgré les mises en garde des États-Unis. Nord Stream 2, dont la mise en service était prévue pour début 2020, est un gazoduc censé doubler les capacités de livraison de gaz russe de son aîné Nord Stream 1, opérationnel depuis 2012, et garantir la sécurité des approvisionnements de l’Europe occidentale via la mer Baltique.
Les tensions entre la Russie et les États-Unis se sont intensifiées au fil des ans. Leurs différends portent surtout sur les développements en Ukraine et les allégations d'ingérence dans l'élection présidentielle américaine. Ainsi Washington a imposé plusieurs séries de sanctions à Moscou.
Les récents propos de Joe Biden n’ont pas arrangé les choses : le 17 mars dernier, sur la chaîne ABC, le président américain a qualifié Vladimir Poutine de « tueur », en assurant qu'il paierait le prix de ses actes. La Russie a aussitôt décidé de rappeler son ambassadeur en poste à Washington, officiellement « pour des consultations ».
Par ailleurs, le journal libanais Al-Binaa s’est intéressé à la présence de la Russie au Moyen-Orient. Avant son effondrement, l'Union soviétique était l'un des pôles du système mondial, écrit-il, elle était en concurrence avec les États-Unis sur les plans politiques et militaires. Après sa chute, la Russie a souffert de deux décennies d'isolement, de marginalisation et de siège. Les États-Unis ont cherché à diriger le monde et à établir un système unipolaire et se sont opposés à l'émergence de tout pays puissant avec lequel ils pouvaient rivaliser.
Certains pensaient que la Russie n'avait plus le pouvoir de prendre des décisions, que les décisions concernant la Russie seraient prises à Washington. Mais ce processus ne s'est pas poursuivi. La guerre multilatérale entreprise contre la Syrie a ouvert les portes à la Russie qui a fait son entrée sur la scène internationale. La Russie a vraiment agi avec prudence et n'a pas essayé de provoquer les acteurs régionaux et internationaux, en particulier les États-Unis. Elle est restée silencieuse face à la controverse, aux défis et aux attaques afin que son retour sur la scène internationale ne soit pas contrarié. Moscou a établi des relations spéciales avec l'Iran, la Turquie et même Israël, convaincu que pour gagner au Moyen-Orient, mieux vaut éviter de créer des tensions avec les acteurs.
Son premier acte marquant a été d’opposer son droit de veto à une résolution du Conseil de sécurité pour éviter que le scénario libyen ne se reproduise en Syrie. En août 2013, les États-Unis ont reconnu le rôle de la Russie en Syrie. À l'époque, l'OTAN se préparait à une attaque militaire contre la Syrie sous prétexte que le gouvernement d’Assad utilisait des armes chimiques. Mais, le veto de la Russie et de la Chine a permis d’empêcher ce projet.
La stabilité de l'armée syrienne et sa stratégie antiterroriste ont encouragé la Russie à accepter la demande d'intervention militaire de Damas en Syrie, également soutenue par l'Iran. La Russie est donc intervenue en Syrie pour aider l'armée de Bachar Assad à lutter contre le terrorisme.
La Russie savait que la montée du terrorisme en Syrie aurait des conséquences désastreuses pour sa propre sécurité nationale, sachant que « la sécurité de Moscou est assurée aux portes de Damas ». Sur ce, elle a lancé son opération militaire contre le terrorisme en Syrie à l'automne 2015.
Dans cette lutte, la Russie s’est fixé quatre principes : premièrement, s’aligner avec l'armée arabe syrienne pour défendre la souveraineté du pays ; deuxièmement, combattre toutes les formes de terrorisme ; troisièmement, éviter la confrontation avec les forces étrangères présentes en Syrie, y compris les forces américaines et leurs alliés turcs et israéliens ; quatrièmement, établir une coordination positive avec les pays les plus importants de la région, à savoir la Turquie et la Syrie.
Après trois ans d'actions militaires ciblées en faveur de l’État syrien, Moscou a pu vaincre les maîtres d’œuvre de la guerre contre la Syrie. La Russie considère la victoire de la Syrie comme la sienne, et s’est imposée au monde en s’assignant une place importante dans l’ordre mondial multipolaire.
Par conséquent, avec son fer de lance infaillible qu’est sa stratégie de désescalade avec tous les pays de la région de l'Asie occidentale et de l'Afrique du Nord, la Russie tente de jouer un rôle dans les dossiers régionaux. Elle a su utiliser une diplomatie basée sur une puissance militaire prête à combattre le terrorisme pour atteindre ses objectifs.
Le journal Al-Binaa rapporte finalement que tout le monde doit comprendre que la stratégie pratique de la Russie dans la situation actuelle repose sur des éléments primordiaux : la désescalade avec toutes les puissances régionales et les grands partis comme le Hezbollah ; éviter l’inimitié ; combler l’absence des autres pays ; examiner les dossiers des crises régionales sans apporter de solutions hâtives et en participant à leur gestion.