Parmi beaucoup d’autres sujets qu’il a évoqués dimanche lors de son discours télévisé, le Leader de la Révolution islamique, l’Ayatollah Seyyed Ali Khamenei, a également mentionné la guerre au Yémen. Évoquant le feu vert donné en 2015 par le gouvernement démocrate d’Obama au lancement de la guerre, suivi par un appui en armements fournis par les États-Unis à la coalition de guerre contre le Yémen, l’Ayatollah Ali Khamenei s’est adressé au camp occidental en ces termes : « Saviez-vous, dès le début, à quoi ressemblerait le bourbier vers lequel vous alliez conduire l’Arabie saoudite ? Qu'elle continue aujourd’hui la guerre ou non, l’Arabie saoudite a tout perdu… »
« Cet imbroglio est le résultat de l’attitude des alliés des États-Unis de se fier à une Amérique qui ne connaît ni la région, ni ses peuples, et qui y enchaîne des erreurs », a ajouté le Leader de la Révolution islamique. Ces déclarations tombent alors que sur le terrain, l’Arabie saoudite fait face depuis peu à des attaques importantes et sans précédent visant son territoire.
Dans les deux dernières attaques menées par Ansarallah contre l’Arabie saoudite, le journal Rai al-Youm voit quelque chose de différent par rapport aux attaques précédentes. À travers ces attaques, Ansarallah a ainsi transmis un message tout à fait différent, selon le journal.
Un récent éditorial de Rai al-Youm s’attarde sur les raisons qui rendent la récente attaque du mouvement populaire yéménite Ansarallah contre les installations d’Aramco à Riyad « très différente des précédentes ».
« Parmi les attaques menées par Ansarallah contre les cibles économiques vitales dans les profondeurs du territoire saoudien, les deux dernières attaques qui ont visé le port pétrolier de Ras Tanura aux premiers jours de ce mois de mars, et celle notamment menée le mardi 9 mars contre la raffinerie de pétrole à Riyad, marquent un point culminant dans la guerre au Yémen qui est entrée dans sa septième année il y a quelques jours », d'après Rai al-Youm qui en évoque par la suite les raisons :
« Premièrement : l’attaque contre Ras Tanura, une première du genre, signifie que les exportations de pétrole dont l’épine dorsale est exactement ce port saoudien, ne sont plus sûres et seront désormais plus vulnérables à toute éventuelle menace.
Deuxièmement : le bombardement des locaux et de la raffinerie de pétrole au cœur de la capitale saoudienne, Riyad, constitue un énorme coup psychologique et moral pour le gouvernement saoudien qui tire sa légitimité en assurant la sécurité de ses citoyens.
Troisièmement : le fait que les missiles d’Ansarallah peuvent atteindre les installations du géant pétrolier Aramco à Riyad, Djeddah, Dammam, Ras Tanura et Jizan affaiblira considérablement sa valeur financière sur les marchés régionaux et internationaux, or, le royaume saoudien compte beaucoup sur cette compagnie, ses actions et ses énormes revenus pour rattraper son grand déficit budgétaire et financer les projets d’infrastructure vitaux.
Quatrièmement : l’échec des systèmes de défense made in USA qui ont coûté pas moins de dizaines de milliards de dollars aux Saoudiens constitue un coup dur pour l’industrie militaire américaine et nuit largement à sa réputation sur les marchés mondiaux. »
Cette intensification des attaques contre les installations pétrolières, les aéroports et les ports saoudiens ne devrait pas être considérée séparément de l’escalade actuelle de combat dans la ville stratégique de Maarib, pour prendre le contrôle d’énormes réserves de pétrole et de gaz yéménites ; or, l’aviation saoudienne tente d’entraver la progression des forces d’Ansarallah au cœur de la ville, ajoute le journal.
« Les drones équipés de bombes et les missiles balistiques d’Ansarallah portent un message clair qu’une source proche des décideurs au sein du mouvement Ansarallah nous explique : “Ne vous attendez pas à ce que vos installations pétrolières soient en sécurité, tant que vous continuez votre guerre en imposant blocus et famine à notre peuple, en fermant le port de Hudaydah et en nous empêchant de subvenir à nos besoins énergétiques et alimentaires et tant que vous essayez d’empêcher nos forces de s’emparer des réserves pétrolières et gazières de Maarib, la dernière des provinces du nord échappant à notre contrôle.”»
Ce qui est certain, d’après cette source, c’est que « le gouvernement saoudien a saisi le contenu de ce message, mais il continue de l’ignorer ; son orgueil l’empêche de mettre en œuvre ce qui lui est demandé. C’est ainsi que le gouvernement saoudien compte toujours et encore sur les États-Unis pour qu’ils lui montrent la sortie de la crise ; et c’est ainsi que Riyad se laisse tromper par des communiqués de condamnation d’attaques, émis par quelques pays arabes ou non-arabes ; et combien ils ont tort dans cette position ».
« Le porte-parole des forces armées yéménites, le général de brigade Yahya Saree vient de réitérer que les attaques se poursuivraient aussi longtemps que l’agression saoudienne, ce qui veut dire que les prochains jours pourraient être marqués par de nouvelles attaques contre le territoire saoudien», conclut le journal londonien Rai al-Youm.