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Les USA ont-ils peur d'un ICBM "iranien" à dévoiler tout prochainement?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Parade militaire de l'armée nord-coréenne, janvier 2021. ©AP

Ce mot du chef de l'état-major adjoint US , le général John Hayton qui estime que la DCA US devra surtout s'inquiéter non pas des missiles iraniens, russes ou chinois mais de ceux de la Corée du Nord a beacoup de sens. Ce sont des propos que le haut gradé US tient alors même que l'Iran a suspendu depuis mardi les clauses volontaires au titre du protocole additionnel et qu'il refuse à raison de re-négocier un accord nucléaire déjà négocié, signé puis foulé au pied par les USA et qu'il exige surtout que le camp d'en face revienne immédiatement sur son embargo à défaut de quoi d'ici trois mois, l'Iran pourrait tout bonnement se retirer du TNP.

Parler des missiles intercontinentaux de la Corée du Nord dans un pareil contexte, et ce, de la part du commandant en chef US ne pourrait qu'être le signe d'une crainte, celle de voir la connexion se faire entre Téhéran et Pyongyang en termes de fabrication de missiles intercontinentaux. Le chef d'état-major adjoint interarmées des États-Unis, a déclaré : « La capacité de défense antimissile américaine est clairement centrée sur la Corée du Nord, et non sur la Chine, la Russie et l'Iran, et nous devons continuer à progresser pour contrer les menaces nord-coréennes », a-t-il déclaré.

Selon l'agence de presse Yonhap, le général John Hayton, chef d'état-major adjoint de l’US Army, a déclaré lors d'une réunion virtuelle organisée par le groupe de réflexion du Center for International and Strategic Studies basé à Washington que « nous prêtons attention à l'Iran parce qu'il continue de fabriquer des missiles de manière significative. Et nous devons être en mesure d'y répondre ».

« Mais la Corée du Nord est une menace immédiate pour les États-Unis parce qu'elle a la capacité réelle d'utiliser ses armes contre les États-Unis », a déclaré le général Hayton sans manquer de souligner la nécessité de continuer à maintenir et à développer les capacités de défense US contre la Corée du Nord.

« Sans entrer dans les détails, je dis juste d'aller regarder la vidéo du défilé nord-coréen, et vous voyez différentes sortes de missiles y passer », a déclaré le chef adjoint des chefs d'état-major interarmées.

Pour mémoire, la Corée du Nord a fait défiler, le 14 janvier dernier, un missile balistique pouvant être lancé d'un sous-marin lors d'une parade militaire à Pyongyang.

« L'arme la plus puissante du monde, les missiles balistiques lancés par un sous-marin ont défilé sur la place l'un après l'autre, démontrant la puissance des forces armées révolutionnaires », a-t-il dit ensuite.

Des photos de ce fameux défilé montrent en effet au moins quatre missiles dotés d'ogives noires et blanches défilant au milieu de la foule qui agite des drapeaux. Le missile balistique à lancement sous-marin (SLBM) Pukguksong 5 a été dévoilé lors de cette parade. Il s'agit d'une version mise à jour du missile Pukguksong 4, qui avait déjà été présenté en octobre dernier. Dans un discours du congrès du Parti des travailleurs au pouvoir, le dirigeant nord-coréen s'est d'ailleurs engagé à renforcer les capacités militaires et l'arsenal nucléaire de son pays, sans manquer de décrire les États-Unis comme le principal ennemi de son pays.

" Il semblerait que certains milieux militaires aux États-Unis commencent à se désarmer face à la puissance balistique iranienne et son extension à ses alliés. C'est un fait que l'Iran ne se dissociera jamais de ses missiles à longue portée qui lui garantissent une sécurité et une capacité de défense inégalées. Par contre, ce qui inquiète le plus ces mêmes milieux c'est chercher à ne pas permettre à l'Iran de se lancer dans le domaine de fabrication des missiles intercontinentaux. Le premier satellite militaire iranien mis en orbite en avril 2020 avec son lanceur triphasé et à combustible solide Salman a été un choc pour les Américains qui ont vu l'ébauche d'un missile intercontinental. S'il est vrai qu'une bombe atomique est toujours sujette à la polémique, et que rien que l'évocation de son nom pourrait provoquer des grincements de dents, un ICBM est une arme conventionelle mais presque autant dissuasive. Le fait que l'Iran se serait déjà lancé dans ce domaine et qu'un coup de main nord -coréen pourrait lui être bénéfique n'échappe pas aux milieux militaires US, estime un observateur. 

Commentant la mise en orbite réussie de Nour-1 The European Leadership Network (ELN) écrivait il y a peu : « C'est une percée à n'en pas douter, l'Iran ayant prouvé sa maîtrise de nouvelles technologies spatiales dont et surtout l'usage de propergol solide et même combiné avec du combustible liquide, d'une tuyère mobile pour le contrôle de vol ainsi que d'une composite en fibre de carbone légère. Qassed est un lanceur à trois étages. Utilisant le moteur-fusée à ergol liquide "Ghadr" dans le premier étage, le moteur à propergol solide "Salman" dans le deuxième étage et un petit moteur inconnu comme troisième étape. Il y a peu de nouveauté dans le choix d'un "Ghadr" dans le premier étage de "Qassed": il s'agit d'une version améliorée de "Shahab 3", le "Ghadr" à  combustible liquide a déjà servi de base au lanceur iranien "Safir". La véritable innovation du lanceur "Qassed" réside dans sa deuxième étape: le moteur à propergol solide "Salman".»

Et d'ajouter : " Dévoilé pour la première fois en février dernier, Salman utilise un ensemble de technologies sophistiquées, notamment un propergol solide, une tuyère mobile pour le contrôle de vol et une enveloppe en fibre de carbone légère. Malgré ses petites dimensions , le moteur à propergol solide "Salman" semble bien performant dans la construction des lanceurs spatiaux. Mais à bien des égards, il sert de démonstrateur pour les technologies cruciales pour le développement de missiles modernes à longue portée, y compris les ICBM (Missiles intercontinetaux). L'utilisation de cette technologie marque un développement significatif dans le programme spatial régulier de l'Iran, qui repose sur une technologie de combustible liquide relativement ancienne."

Le numéro deux de l'état-major US a sans doute ses raisons pour s'inquiéter davantage des ICBM nord-coréens que des missiles à longue portée chinoise. Avec la Chine et la Russie le face-à-face a déjà commencé. Face à l'Iran, les Américains sont en milieu du chemin, tiraillés entre l'incapacité à déclencher une guerre totale et l'échec de leur politique de pression maximale. Une connexion Corée du Nord et Iran serait la pire des choses à imaginer. 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV