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Ben Salmane poussé vers l'exit...

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane. ©AP via Al-Jazeera/Archives

Quel « deal » l’administration Biden envisage-t-elle de faire avec l’Arabie de Ben Salmane ? Un média arabe nous en dit plus…

Lors d’une conférence de presse mardi, la porte-parole de la Maison-Blanche, Jen Psaki, a annoncé que le président américain Joe Biden prévoyait de « recalibrer » les relations entre les États-Unis et l’Arabie saoudite, et qu’il s’entretiendrait désormais avec le roi Salmane plutôt qu’avec le prince héritier Mohammed ben Salmane, rappelle Abdel Bari Atwan, dans son éditorial pour le journal arabophone londonien Rai al-Youm. « En outre, le gouvernement de Biden a promis de rendre public en l’espace de quelques jours un rapport confidentiel sur l’opération de l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi », ajoute Atwan.

D’après l’éditorialiste de Rai al-Youm, il ne serait pas raisonnable que la porte-parole de la Maison-Blanche ait abordé ces questions à la tribune de son point de presse, à moins qu’il existe d’ores et déjà un « dossier » complet et bien garni portant sur les termes exacts de ce « recalibrage » des relations avec l’Arabie saoudite, « un dossier qui redéfinit les piliers de la nouvelle donne de relations Riyad-Washington ».

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« Il est d’ailleurs très peu probable que la publication du rapport sur le meurtre violent de Khashoggi, avec tous les détails, images et sons à l’appui, sur l’assassinat du dissident saoudien au consulat d’Arabie saoudite à Istanbul, soit décidé uniquement pour rassasier la curiosité des médias ». Ce dossier va devoir contribuer, selon Abdel Bari Atwan, aux prises de décisions « essentielles » dans le cadre du recalibrage des liens entre le gouvernement américain et l’Arabie saoudite ; « d’autant plus que la directrice de la CIA, Avril Danica Haines, nous a déjà fourni un bref et important résumé du rapport : “le prince héritier Mohammed ben Salmane est la personne même qui a ordonné à l’équipe de meurtre de tuer la victime et de faire disparaître les traces de son corps ; sinon, pourquoi les assassins devraient porter sur eux scies électriques et acides dissolvants ?” ».

L’éditorialiste de Rai al-Youm ajoute :

« L’administration Biden ne pourrait pas se concentrer sur la fin de la guerre yéménite qu’elle qualifie d’ailleurs de “catastrophe humanitaire”, sans en “punir” le premier responsable qu’est Mohammed ben Salmane, prince héritier et ministre de la Défense du royaume ; et sans nul doute, l’affaire Khashoggi représente le premier pas dans le cadre de cette approche. »

« Le prince héritier d’Arabie saoudite a pigé quant à lui le message des Américains. Ben Salmane aurait également compris qu’évoquer les dossiers des droits de l’homme est une approche privilégiée voire une arme du nouveau gouvernement des États-Unis. C’est pour cette raison qu’il a immédiatement décrété la remise en liberté de quelques fonctionnaires saoudiens ayant la nationalité américaine, et celle notamment de Loujain al Hathloul, célèbre activiste des droits de l’Homme. Mais ces mesures, bien qu’elles soient importantes, paraîtraient insignifiantes par rapport au nombre assez élevé des princes saoudiens restants toujours en détention, dont Mohammed ben Nayef, l’ancien prince héritier et une personne de confiance pour l’administration Obama dans les questions liées à la soi-disant lutte contre le terrorisme, mais encore le prince Ahmed ben Abdelaziz, l’oncle du prince héritier Mohammed ben Salmane. »

Selon le journaliste arabe, « dans leur nouvelle stratégie, les États-Unis de Biden ont intégré la Chine en tête de leur liste d’ennemis ; le président américain ne pourra pas reprocher à Pékin les pressions exercées sur la minorité musulmane ouïgoure et entretenir à la fois des relations étroites avec une Arabie saoudite ayant un bilan des plus lourds dans la violation des droits de l’Homme au Moyen-Orient voire dans le monde, et incapable de trouver une solution pour arrêter la guerre au Yémen ».

Une fois que les détails du rapport confidentiel sur le meurtre de Jamal Khashoggi seront révélés dans les jours à venir, on pourra avoir une idée plus claire de ce recalibrage de relations entre Washington et Riyad. « Et il est très peu probable que Mohammed ben Salmane puisse maintenir sa place importante actuelle ; s’il en reste encore une pour lui », conclut Abdel Bari Atwan.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV