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"C'est l'Iran qui nous fera perdre notre bataille navale contre Russes et Chinois" (National Interest) 

Le navire iranien, Jamaran, en plein exercice avec la Russie dans le nord de l'océan Indien, 16 février 2021.©DefaPress

Les bruits et les fureurs qui entourent ces jours-ci le vrai-faux retour de l'Amérique de Biden à l'accord nucléaire de 2015, vrai-faux retour qui n'a visiblement pas l'air d'avoir pu leurrer cette fois les Iraniens ne peut le cacher, si l'Amérique fait tout pour ramener l'Iran à la table des négociations, c'est que sur le plan militaire, que ce soit dans l'air ou en mer, puisque ce sont là qui se sont déroulées ces quatre dernières décennie les guerres USA/Iran, elle n'a cessé de perdre.

Car l'épisode du Global Hawk abattu en juin 2019 dans le ciel iranien ou encore cette frappe aux 13 missiles balistiques Qiam et Fateh 313 visant la base américaine en Irak, Aïn al-Asad n'ont été que la pointe de l'iceberg : en mer, la bataille a commencé très exactement  en 2016 quand le CGRI a capturé une vingtaine de Marines US pour avoir eu le culot de violer  les eaux territoriales iraniennes. Les images humiliantes des marines aux mains ligotées, à la tête baissée et attendant que le CGRI scelle leur sort, n'ont jamais quitté les pires cauchemars des stratèges du Pentagone qui, craintifs à l'idée d'avoir à revivre un effet de "boule de neige" avec en toile de fond des marines US traquées en mer de Chine, en mer Noire en péninsule coréenne par Chinois, Russes, Nord-coréens, se sont mises à en accuser "une puissance de feu insuffisante pour faire face aux vedettes rapides iraniennes "avec quoi l'Iran "à la puissance navale inexistante" menace " les superbes porte-avions US".

L'US Navy a donc tenté de se rattraper d'abord avec son Cyclone et son Marc 6, vedettes rapides eux aussi, et munis l'un et l'autre de deux canons, de mitraillettes 12.7mm, de deux lance-grenades, de six lance-missiles Stinguer, de AGM-176 Griffin entre autre. Il n'a fallu que quelques mois à la Ve flotte US de comprendre que cet "arsenal embarqué", certes bien capables de manœuvrer dans les "eaux peu profondes du golfe Persique", ne saurait tenir le coup, en cas d'un face-à-face. Et pourquoi? Le camp d'en face est bien plus malin : ces " fameuses vedettes rapides", petites et presque invisibles, n'en sont pas restées au canon, au lance-grenades, au lance-missiles..comme Cyclon et Marc 6 mais se sont très vite équipés de missiles de croisière anti-navires, de drones de reconnaissance et de combat tout en maîtrisant l'art de synchroniser leur assaut, suivant une logique d'essaimage. Ce fut une idée inouïe, asymétrique, trop "axe de la résistancienne" et propre à désarmer l'US Navy qui n'a pas tardé de retiré le projet Cyclon sous prétexte de "coûts exorbitants". 

Mais n'en déplaise aux analystes occidentaux bien leurrés part le discours anti-Chine, anti-Russie des USA, le Moyen-Orient n'est pas une contrée que les colons anglo-saxonne puissent lâcher si facilement. L’obsession des vedettes rapides a poussé l'US Navy à se lancer dans autre projet,  Littoral Combat Ship (LCS),  un programme de construction de frégates légères "furtives", dit The National Interest, "duquel sont issues les classes Freedom et Independence, avec en toile de fond quelque 52 navires à rallier à la Ve flotte de Bahreïn pour faire face au CGRI, puis devaient entrer en service pour mettre au pas les "vedettes rapides iraniennes" mais l'Amérique s'est vite désenchantée pour cause de problèmes de fiabilité et des dépassements de budgets ont entraîné un retrait prématuré du programme, limité à 35 navires, 16 Freedom et 19 Independence. En 2017, cet autre nouveau programme de frégates FFG-X qui a été  lancé, là encore pour contrer l'Iran. Des 52 navires promis, on n'en a vu que 35 dont 5 à 7 rôdent régulièrement dans le golfe Persique sans oser toutefois de s'engager dans un moindre face-à-face avec l'Iran. Pourquoi? 

Et bien la classe Freedom et Independance, destroyer et navire compris que l'US Navy dit être spécialisé dans les combats "sous marin", dans le déminage et évidemment dans la guerre anti vedette rapide et que leurs constructeurs  à savoir Lockheed Martine et de Général Electrics donnent pour être furtifs et ayant une vitesse de 87 km/H, une fois placés en face des vedettes rapides iraniennes et de leur puissance du feu, se sont sentis ne pas être "assez blindés" pour pouvoir contrer l'ennemi. Puis le constructeur leur avait promis des missiles NLOS d'une portée de 40 kms, promesse qui n'a pas été tenue. Freedom et Independance ont fini par se contenter de Hellfire d'une portée de 8 à 11 kilomètres, pas assez pour contrer les vedettes rapides iraniennes. Outre ceci, il y a d'autres failles qui se sont refait surface liés au propulseur au point même que l'US Navy cherche à retirer USS Detroit, USS Little! 29 milliards de dollars investis dans le LCS pour en arriver là...

Il y a quinze jours le chef du CentCom Mckenzie reconnaissant à demi mot la défaite de l'US Navy face à l'Iran, a annoncé une curieuse mesure, la militarisation de la côte ouest de l'Arabie saoudite, "pour éviter que les troupes US ne soient prises en otage dans les bases américaines au golfe Persique" en cas de face-à-face avec l'Iran. La mesure a précédé de quelques jours, l'annonce d'un exercice naval conjoint Iran-Russie propre à faire froid dans le dos des Américains. Car chassés de "facto" du golfe Persique, les USA y voient une "tentative russe et iranienne" d'en faire autant dans l'océan Indien. L'exercice a proprement parler s'est déroulé sur une superficie de 17 000 km2, au confluant de trois des plus importants passages maritimes que sont le détroit d'Hormuz, de Bab el-Mandeb et de Malacca. Est-ce le cas? 

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Dans un article publié le 17 février sur le site web du National Interest, Kris Osborn, ancien expert militaire au Pentagone évoque « cette ceinture de sécurité maritime irano-russe » pour souligner : « Ni la Russie ni l'Iran ne possèdent une capacité de guerre navale suffisante pour rivaliser avec la marine américaine […]. Cependant, il semble que le développement puisse être une source de préoccupation au Pentagone pour un certain nombre de raisons clés. Il existe une simple équation en matière de géographie et de surveillance ; tout type d'opérations de collaboration ou de partage de données entre les Russes et les Iraniens renforce leur capacité à surveiller ou à menacer les activités américaines dans la région. Alors que l'Iran exploiterait des navires d'assaut amphibies et des frégates, et une flotte redoutable de vedettes rapides ultra-armées, la plus grande menace navale que pourrait représenter l’Iran reste de nature asymétrique. Or cette menace asymétrique tend désormais à se conjuguer à celle d'une Russie dont la force navale classique est de nature à compromettre l'action de l'US Navy.», a-t-il expliqué. 

Et d'ajouter : "Cette évaluation est justifiable par les activités navales iraniennes au cours des dernières années […]. On pense que les tactiques iraniennes de petits bateaux présentent une menace pour la marine américaine qui doit les prendre très au sérieux. Après tout, ces tactiques présentent un scénario possible dans lequel les défenses des navires américains pourraient en fait être inondées ou submergées par des points d'attaque dispersés et à manœuvres rapides.

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Les menaces liées aux petits bateaux font partie des raisons pour lesquelles la marine américaine a perfectionné certaines technologies d'armes à feu et amélioré les défenses des navires telles que son système d'armes rapprochées (CIWS) […] mais sans grand succès...Dans le même temps, une attaque iranienne par des navires plus grands et armés de missiles de croisière ou balistique iraniens fait également partie de l'équation de menace. Bref dans un face-à-face d'égale à égale Marine russe-US Navy, c'est l'Iran qui fera pencher la balance en faveur de l'une ou de l'autre partie. Avec l'exercice conjoint avec la Russie l'a prouvé, les Iraniens ont choisi leur camp. Reste à savoir si oui ou non le président Biden saura, via un accord de dernière minute avec l'Iran, contrer cette terrifiante dynamique : l'Iran est sur le point de jouer à fond la carte russe et c'est effrayant" , ajoute le texte.

Et d'ajouter : "D’ailleurs le choix des exercices tout comme les équipements sont particulièrement révélateur : Iraniens et Russes se sont exercés à libérer des otages de supposés pirates de mer, à l’image de ce qui pourrait être un combat naval contre l’ennemi mais encore ont simulé le sauvetage d’un navire en feu. Alors que les Iraniens ont mobilisé leurs destroyers Sahand et Jamaran, la Russie a fait impliquer un navire de la classe Stereguschiy qui ont une conception furtive et qui réduisent considérablement la signature radar. Les signatures acoustiques, infrarouges, magnétiques et visuelles ont également y sont réduites en incorporant la technologie furtive dans la construction des navires de guerre. Et puis le navire russe avait à lui seul, un canon de 100 mm AK-190, deux DCA AK-630, huit missiles anti-navires KH-35 de 130km de portée, des lance-torpilles Paket-NK et 12 lanceurs missiles Redut avec des missiles verticaux de 10, de 40 et de 120 kms, de quoi donner des idées aux forces navales iraniennes. Et the last but not the least, les Russes avaient fait installer une batterie de S-350 à bord, soit leur DCA dernier cri comme pour rappeler qu’en termes de défense aérienne, ils partagent avec l’Iran la même vision anti-US Army. Le S-300 russe se trouve d’ailleurs dans l’arsenal de défense aérienne iranienne. Ceinture de sécurité a presque préfiguré le Casus belli Iran-Russe contre l’US Navy  ».

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SOURCE: FRENCH PRESS TV