En Syrie, l'alliance militaire irano-russe a fait échec à plus de dix ans d'efforts militaires US/OTAN/Israël à provoquer le démembrement de la Syrie, à en faire de son territoire, un foyer de crise éternelle pour le Moyen Orient. Dans le Haut-Karabakh, le même scénario de création de foyer de terrorisme par Turquie interposée a connu le même échec face à un front uni affiché par la Russie et l'Iran. Mais il existe des "parties moins visibles" de l'iceberg qui inquiète et fait peur quand il s'agit des coopérations Iran-Russie.
Il y a peu Téhéran et Moscou ont signé un accord portant sur la cyber-sécurité, ce qui en dit long sur l'ampleur du partenariat de part et d'autre quand on sait les deux pays font partie des puissances reconnues dans le domaine. La présidence Trump finissante avait accusé d'ailleurs la Russie puis l'Iran et enfin les deux d'avoir été à l'origine des cyber-attaques massives qui ont visé fin 2020 des institutions, étatiques, le Pentagone. Quand à l'Iran, ce nom est régulièrement cité dans les rapports paniqués d’Israël concernant des cyberattaques par intermittence qui ont ciblé ces derniers temps le secteur d’assurance puis IAI, Agence aérospatiale israélienne. Mais un cyber front iran-russe, que signifie-t-il concrètement?
Strike Source, site fondé par un groupe d’officiers de haut rang de la CIA, y revient dans un article intitulé : « Que signifie le cyber partenariat Iran-Russie pour la sécurité nationale américaine ? »
« Le 26 janvier 2021, la Russie et l'Iran ont signé un accord intergouvernemental de coopération pour assurer la sécurité de l'information. Le ministre russe des Affaires étrangères a affirmé qu'en raison de l'importance des questions cybernétiques dans les relations internationales, la coopération avec l'Iran offre l'occasion de coordonner les activités avec '''un partenaire aux vues similaires"". Plus alarmant encore, l’accord rassemble deux des adversaires les plus fervents des États-Unis dans une manifestation publique de solidarité en plus de leur bénéfice mutuel dans le cyberespace. Les acteurs iraniens et russes ont été identifiés dans des actes d'accusation du ministère de la Justice pour avoir commis des cyber-délits contre les États-Unis. En effet, tout partenariat formel a des implications potentielles pour les États-Unis, une telle alliance peut être interprétée comme une démonstration de force pour tester la détermination de la nouvelle administration américaine », indique l’article.
Et de continuer : « Au moment d'écrire ces lignes, il n'y a pas de détails sur l'accord, bien que les principes généraux incluent le renforcement de la sécurité de l'information, la collaboration contre les crimes commis à l'aide des technologies de l'information et de la communication ainsi que la fourniture d'une assistance pour assurer la sécurité nationale et internationale. Cependant, la signature de l'accord tombe à un moment important pour les États-Unis. La nouvelle administration entre en fonction après être sortie d’une élection controversée au cours de laquelle l'Iran et la Russie étaient soupçonnés de mener diverses cyber-opérations contre les campagnes démocrates et républicaines.
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Suite à l'ingérence électorale et aux révélations sur Solar Winds, un accord entre l'Iran et la Russie semble être un geste destiné à montrer aux États-Unis que l'accord Téhéran-Moscou vise à confronter directement les cyber-actions américaines dans le cyberespace. C'est presque une alliance cyber ».
« Par conséquent, il n’est pas surprenant que les deux gouvernements opposés veuillent faire preuve d’unité contre d’éventuelles nouvelles cyber-actions américaines. La Russie s'inquiète en particulier des cyber-représailles américaines pour son présumé rôle dans Solar Winds. Bien qu'ils aient nié leur implication dans l'attaque, les services de renseignement russes ont émis un avertissement de sécurité après les commentaires des États-Unis au sujet d’une réponse potentielle à Solar Winds que Moscou a interprétés comme une menace ».
Pour l’auteur de l’article, « un cyber-pacte entre l'Iran et la Russie n'est pas nécessairement un nouveau développement. En 2015, les ministres de la Défense des deux pays ont convenu de travailler ensemble sur la cyberdéfense mutuelle. L'accord définit les principes de la collaboration et se concentre sur l'identification des menaces mutuelles, la protection des données, les domaines clés et les formes de base de coopération. Il convient de noter qu'un incident impliquant l'utilisation de logiciels malveillants sophistiqués Duqu pour cibler des lieux abritant les pourparlers nucléaires entre l'Iran, les États-Unis, la Chine, la Russie, la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni a peut-être servi de catalyseur pour le calendrier du cyber pacte. Ceci est important et peut donner un aperçu de la manière dont l'Iran et la Russie réagissent aux cyber menaces ».
« En attendant de voir si cet accord porte davantage sur la posture que sur la collaboration réelle, les États-nations utilisent de plus en plus le cyberespace pour mettre en œuvre des différences géopolitiques et économiques. Les pays occidentaux bénéficient depuis longtemps de partenariats traditionnels d'échange de renseignements tels que les «Five Eyes» et l'OTAN, qui offrent un lieu de coopération sur ces cyber menaces. A ce qu'il parait l'Iran et la Russie se dirigent droit en ce sens. C'est significatif quand on sait que les Iraniens travaillent parallèlement à un pacte de défense commune avec leurs alliés dans la région face à Israël», réaffirme l’auteur.
Et de conclure : « La réaction du gouvernement américain à Solar Winds peut très bien avoir un impact sur la nature de l'accord cybernétique Iran-Russie. Une réponse disproportionnée peut renforcer un pacte apparemment symbolique, catalysant ces deux adversaires dans une posture plus agressive. Ne rien faire ou ne pas en faire assez risque de faire comprendre à ces deux cyber pouvoirs que l’actuelle administration américaine n'a pas défini de position en matière de cyberattaques ».
