Le Washington Post s'est intéressé au dernier message de vengeance du Leader de la Révolution en représailles à l'assassinat du général Soleimani lors d'une frappe au drone de l'armée américaine en Irak. Le Leader iranien a apporté son soutien au développement de l'industrie des drones du pays dans son message publié sur Twitter.
Dans sa récente édition, le Washington Post a rapporté que le drone est devenu l'arme de choix dans le monde entier. Pour James Rogers, chercheur associé au sein de LSE IDEAS à la London School of Economics, que l'Iran et la Turquie sont devenus des puissances mondiales en matière de drones. Le Leader iranien, a tweeté une photo de Trump sous laquelle l'ombre d'un drone ou d'un avion joue au golf. Une image dans laquelle le mot «vengeance» est inscrit en persan et souligné en rouge.
Le meurtre d'un chef militaire iranien de premier plan dans un pays tiers comme l’Irak - sans l’autorisation de ce pays - a soulevé des préoccupations internationales concernant les frappes ciblées de drones. Pire, la mort de ce dernier a fait jeter aux oubliettes le "Code du drone" et justifie une utilisation massive des drones. Cette attaque de drone a violé en effet le territoire irakien et a été la première en son genre visant un responsable d’une autre nation ».
Sous le président Barack Obama, les frappes s’effectuaient de façon limitée sous le nom de légitime défense. Bien que juridiquement douteuse, la justification de la légitime défense n'a pas été déformée pour inclure les terroristes d'État. A l’époque de l'administration Trump, les responsables gouvernementaux sont devenus des cibles légitimes, critique-t-il. « Les frappes de drones ont ces12 derniers mois déplacé la trajectoire des conflits du Yémen et de la Libye jusqu'au Caucase. En examinant les puissances régionales, telles que l’Iran et la Turquie, il est clair que l'ère des drones a modifié les règles de la guerre. 102 pays ont entamé des programmes de drones militaires. Certains gouvernements adoptent la puissance et le prestige de la technologie des drones pour protéger leurs intérêts nationaux. Et au moins 57 groupes armés à travers le monde sont capables de déployer des drones. »
L’Iran développe des systèmes de drones modernes
Le journal fait référence au rôle majeur du martyr Soleimani dans le transfert de la technologie des drones sophistiqués à d’autres pays amis et à la tactique intelligente de l’ancien commandant en chef de la Force Qods dans la région : « Le programme de drones iraniens s'est développé avec des drones sophistiqués produits localement, qu'il fournit aux alliés régionaux. Soleimani lui-même aurait orchestré ce programme, adoptant une stratégie conçue pour garantir que d’autres gouvernements et groupes de la région utilisent des drones identiques ou similaires. »
Ici, Rogers parle des frappes aériennes par drones d’Ansarallah du Yémen, sans aucune allusion aux bombardements continus des villes yéménites par les avions de la Coalition militaire dirigée par l’Arabie saoudite.
Après les attaques de drones de septembre 2019 contre les installations pétrolières d'Aramco en Arabie saoudite qui ont interrompu 6 % de la production mondiale de pétrole, il était particulièrement difficile pour la communauté internationale d'en identifier les auteurs. Les Houthis ont initialement revendiqué l'attaque et disposaient de la technologie fournie par l'Iran. Pourtant, des preuves montraient l'implication directe de l'Iran. Ce déni plausible et la confusion commode qui a suivi, ont entravé les tentatives de la communauté internationale de demander des comptes au coupable.
Washington Post évoque par la suite la puissance considérable des drones de la Turquie qui peut aider le président turc à concrétiser ses « ambitions ». La Turquie est devenue l’un des utilisateurs de drones les plus prolifiques au monde. Le drone ultra-sophistiqué de l’armée turque, le Bayraktar TB2, est un drone armé développé par le gendre du président Recep Tayyip Erdogan. Son temps de vol varie jusqu'à 27 heures et il peut transporter une charge de 150 kg.
Rogers évoque le potentiel élevé des drones construits en Turquie et leur utilisation au Moyen-Orient, en Afrique du Nord et au Caucase : La Turquie a déployé des drones en Syrie, dans le nord de l'Irak et dans le Caucase - et a utilisé des drones pour protéger ses intérêts pétroliers en Méditerranée. Elle est également intervenue dans la guerre civile libyenne. Ainsi le monde a été témoin de ce qu'un responsable de l'ONU a appelé « la plus grande guerre de drones au monde ».
Les TB2 turcs ont soutenu le gouvernement d’Union nationale (GNA) reconnu par l’ONU contre l’armée nationale libyenne du chef militaire Khalifa Haftar, elle-même soutenue par les puissants drones Wing Loong-II des EAU, fabriqués en Chine. Les drones turcs ont aidé le GNA à modifier le cours de la guerre. L’auteur souligne par ailleurs le rôle majeur des drones turcs dans la victoire de l’armée d’Azerbaïdjan dans le conflit du Haut Karakakh :
« Forte de ce succès, la Turquie a également été impliquée dans un autre conflit majeur "drone contre drone" en 2020. Alors que l'Arménie et l'Azerbaïdjan se battaient pour la suprématie aérienne au-dessus du territoire contesté du Haut-Karabakh dans le Caucase du Sud, la Turquie a soutenu l'armée azerbaïdjanaise. En décembre, l'Arménie a accepté de céder une partie du territoire contesté et de permettre aux soldats de la paix russes de maintenir les frontières redessinées. » Pour conclure, l'auteur avertit contre «l'utilisation abusive de drones» par les Etats Unis ont ouvert la boîte du pandore...