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Que veut Biden à Erdogan? Couper M4 du côté ouest

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le président turc Erdogan présente à l'ONU la carte de la zone tampon qu'il entend créer en Syrie. ©AFP/Archives

Un vent glacial souffle sur le nord de la Syrie et les tensions sont devenues systématiques après le retrait des forces turques des postes de contrôle dans les régions encerclées par l’armée syrienne. Celles-ci sont à l’heure actuelle le nouveau théâtre d’un conflit politico-militaire qui a atteint son paroxysme. Devant la poursuite de l’agression contre la Syrie, la Turquie reste vraisemblablement perplexe, selon une analyse publiée par la chaîne Al-Alam.

Les unités d’artillerie turques contournent les normes politiques : elles pénètrent quotidiennement via les frontières communes avec la Syrie dans les territoires occupés par les groupes rebelles et s’installent le long de la ligne de contact avec l’armée syrienne. Les actions de l’armée turque, dont le déploiement de matériel militaire dans ces territoires et l’augmentation du nombre des effectifs, sont suspicieuses. Ankara chercherait ainsi à favoriser son influence lors des réunions à Sotchi, Astana et des sessions du Comité constitutionnel syrien, chargé de rédiger une nouvelle Constitution.

Tuer le temps, faire obstacle à toute confrontation politique avec ses partenaires et ressourcer les groupes de l’opposition syrienne, telles seraient les intentions actuelles d’Ankara. Un aperçu des évolutions dans les zones de désescalade –des montagnes au nord-est de Lattaquié aux provinces d’Alep et d’Idlib– pourrait faire croire que le retrait des forces turques annonce l’installation de nouveaux postes d’observation. Mais ce n’est pas tout puisque des contingents militaires entrent en Syrie par les passages frontaliers traditionnels et ceux érigés durant la guerre.

Depuis que l’armée syrienne a récupéré la ville de Saraqeb (province d’Idlib), l’armée turque expédie quotidiennement des convois et a érigé plus de 65 postes d’observation dans les zones de désescalade. Depuis le cessez-le-feu dans ces zones, elle aurait expédié 8000 véhicules militaires et 10 000 soldats en Syrie. Le nombre de camions, de chars, de VAB et de blindés de l’armée turque s’élèverait à 11 500 depuis février 2020.

Toutes ces évolutions font suite au retrait des forces turques de 7 postes de contrôle – parmi les 12 postes installés dans les régions sous le contrôle de l’armée syrienne dont Morak, Shir al-Maqar dans la banlieue de Hama, Anadan, al-Rachidin, Al-Aïs et Sheikh Aqil dans la banlieue d’Alep.

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Elles ont commencé l’évacuation du village de Tell Tuqan aux alentours d’Idlib. Selon des sources sur le terrain, elles se sont entièrement retirées des villages de Maar Hatat, al-Sana’a, al-Kurani, al-Razba et Qabtan al-Jabal. Elles devraient aussi bientôt évacuer les alentours de Sarareq.

Le déploiement des troupes turques dans le nord de la Syrie est purement stratégique et tactique. De toute évidence, ces mesures viennent empiéter sur la sécurité intérieure de la Turquie qui a préféré servir de tremplin pour la guerre contre un pays voisin.

Au niveau stratégique, le gouvernement turc est persuadé qu’il doit se préparer à l’arrivée de Joe Biden à la Maison-Blanche, qui pourrait lui fournir une nouvelle liste d’options concernant la crise syrienne. Ankara souhaite confondre ses cartes dans tout nouveau développement, le gouvernement Biden semble se préparer à une nouvelle phase d’exploitation du dossier des Kurdes, tandis que Moscou et Téhéran tentent de pousser l’armée turque hors de Syrie en exterminant les groupes terroristes affiliés au gouvernement d’Ankara.

Pour en savoir plus : Pour plaire à Biden, Erdogan fera la guerre à Poutine ?

Sur le plan tactique, la Turquie se concentre sur la réalisation de ses objectifs, y compris stratégiques. D’une part, le gouvernement turc augmente le niveau de dissuasion militaire contre les opérations de l’armée syrienne et de ses alliés, et de l’autre, il augmente sa présence militaire en acquérant plus de contrôle sur les groupes terroristes en Syrie et réduisant leur pouvoir de manœuvre militaire et politique.

La montée des tensions et la recrudescence des batailles indiquent qu’Idlib n’est pas l’endroit approprié pour une reprise des négociations. Elle marque plutôt la fin de l’illusion des groupes terroristes et de leurs acolytes, car les territoires occupés reviendront dans le giron de la Syrie. Les batailles de Saraqeb et de Maarat al-Numan seront déterminantes.

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV