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Manifs anti-gouvernementales ou le chantage US/Israël?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Un soulèvement en 2011 a conduit au renversement du président tunisien Zine El Abidine Ben Ali. ©AP

À l’occasion du 10e anniversaire de la révolution tunisienne, le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo finissant, a adressé au nom du gouvernement des États-Unis, jeudi 14 janvier 2021, un message de félicitations au peuple tunisien. Dans ce message publié par l’ambassade des États-Unis à Tunis, Pompeo a eu le culot d'écrire : « Le peuple américain est fier d’avoir été aux côtés du peuple tunisien au cours de la dernière décennie, alors qu’il est devenu un modèle de démocratie inclusive, où les droits des femmes et des minorités et la liberté de s’exprimer et de s’organiser sont constitutionnellement respectés ». « Le fait que la Tunisie ait reçu le prix Nobel de la Paix pour le Dialogue et la Paix témoigne du véritable caractère du peuple tunisien », souligne-t-il.

Et de rappeler que le partenariat entre les deux pays est solide et remonte à plusieurs siècles, notamment à l’époque du Traité de paix et d’amitié de 1797. De ce message particulièrement calibré qui évite royalement la moindre allusion à la normalisation avec Israël, pour qui Pompeo est le principal chantre et qui tombe a peine deux mois après  l'accord militaire de dix ans qu'Esper, ex-ministre US de la Guerre a fait signer à Tunis, une Tunisie désormais littéralement placée sous la surveillance de l'OTAN qui possède sur le territoire libyen voisin, soit à quelques kilomètres des frontières tunisiennes, des bases, rien n'aurait pu sortir de mieux que ce qui vient de se produire : la manifestation de violence généralisée à travers les six villes tunisiennes dont la capitale Tunis et la ville côtière de Sousse, et ce, sous prétexte de « célébrer le dixième anniversaire de la révolution qui a renversé l’ancien président Zine El Abidine Ben Ali et déclenché les soulèvements du fameux « Printemps arabe ». 

Quelques heures avant ce début d'Hirak, le PM avait remanié le cabinet mais rien n'a fait, les Tunisiens comme le rappelle France 24 sont descendu dans la rue : « Les manifestations constituent un défi pour le gouvernement de Hicham Mechichi, qui a remanié le cabinet, avec de nouveaux ministres, dont le ministère de l'Intérieur, de la Justice et de l'Énergie. Des témoins à Sousse ont déclaré que les forces de sécurité avaient tiré des gaz lacrymogènes pour disperser des centaines de manifestants en colère qui ont bloqué des routes et brûlé des pneus. Des sources de sécurité ont déclaré que de jeunes hommes de Sousse avaient fait irruption dans des magasins. Des affrontements ont eu lieu dans la ville de Kalaa Kebira près de Sousse. Une décennie après la révolution contre le chômage généralisé, la pauvreté, la corruption et l'injustice, la Tunisie a fait un chemin sans heurts vers la démocratie, mais sa situation économique s'est détériorée, avec des services publics médiocres et le pays est au bord de la faillite », affirme la chaîne française sans honte ni ambages depuis une capitale française qui venait juste d'être le théâtre d'une manif géante braver la neige, le froid et le reconfirment laquelle avait mobilisé des milliers de Français qui dénoncent la loi répressive sur la sécurité. 

En effet cette prospérité post-Printemps arabe, dont Pompeo se félicite d'être l'un des architectes renvoie surtout à ce que le pays soit l'un des plus endettés du Maghreb et du monde.

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Les stratèges du chaos organisé savent comment à l'approche de chaque saison touristique, principale ressource en devise du pays, commettre un acte terroriste et faire fuir les voyageurs puis pousser le gouvernement à emprunter. Jaune Afrique média de propagande de Francafrqiue écrivait il y a peu : 

« Pour l’économiste tunisien Skander Ounaies, un accord avec le FMI est désormais la seule option pour sortir le pays de sa spirale d’endettement. Mais il craint que ce ne soit pas sans conséquence sur la souveraineté. L’année 2021 verra la Tunisie faire face à trois contraintes économiques majeures. Il s’agit d’une part de l’aggravation du taux de chômage, avec près de 250 000 chômeurs supplémentaires, notamment du fait du taux de croissance négatif du PIB estimé à – 7 % pour 2020 par le FMI et qui pourrait se révéler pire encore. D’autre part, de l’impossibilité quasi-certaine de financer un budget 2021 qui nécessite 4 milliards d’euros de financements extérieurs, une somme très difficilement mobilisable alors que la notation souveraine du pays a été dégradée en novembre par l’agence Fitch Ratings, sa perspective passant de stable à négative. »

Bref une batterie de pressions bien calibrée qui n'est pas sans rapport avec les courageuses prises de position du président anti-israélien de Tunis. Le refus de vouloir se soumettre comme le Maroc au diktat de l'axe US/Israël et vendre son âme, les Américains et leurs alliés de l'OTAN sont sur le point d'en vouloir en faire payer le prix à l'État tunisien. Auront-ils gain de cause? Bien sûr que non, sinon la Tunisie n'aurait pas survécu au choc de 2011. 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV