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Arabie/Israël : la France menace-t-elle militairement l'Iran ?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le président français Emmanuel Macron, à droite, et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu se serrent la main lors d'une conférence de presse conjointe à l'Élysée à Paris, le 5 juin 2018. ©AFP

Dans un entretien accordé il y a deux jours au Journal du Dimanche, le MAE français, Jean-Yves Le Drian s'est laissé emporter et dit :

« L'Iran est en train de se doter de la capacité nucléaire ... Il est urgent de dire aux Iraniens que cela suffit" "L'Iran - je le dis clairement - est en train de se doter de la capacité nucléaire. Il y a également une élection présidentielle en Iran à la mi-juin... Il faut "prendre les dispositions pour que l'Iran et les États-Unis reviennent dans l'Accord de Vienne... Mais l'administration Trump a choisi la stratégie qu'il a qualifié de la pression maximale contre l'Iran.  Le résultat, c'est que cette stratégie n'a fait que renforcer le risque et la menace (iranienne évidemment, NDLR) , il faut donc enrayer cette mécanique (iranienne, NDLR). Il faudra des discussions difficiles sur la "prolifération balistique" et les "déstabilisations par l'Iran de ses voisins dans la région". Je suis tenu par le secret sur le calendrier de ce genre de dossier, mais il y a urgence"! » 

Ce qui précède, c'est un extrait de l' interview accordée il y a deux jours au journal français Journal du Dimanche, par le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian. Ni en France métropolitaine ni ailleurs, aucun analyste, aussi impartial et de bonne foi soit-il, ne saurait convaincre les Iraniens du fait que de pareils propos tenus par le numéro deux de l'Etat français ne constituent pas une déclaration de guerre en bonne et due forme, déclaration de guerre assaisonnée perfidement à la sauce nucléaire! Appeler le Monde entier, comme le fait Le Drian, à « agir en urgence » pour « empêcher l'Iran d'avoir sa bombe nucléaire » et le faire puisque l'intéressé disposerait « d'informations classifiées comme quoi cette "bombe H" iranienne est en stade avancé », cela revient à justifier une campagne de frappe visant les sites nucléaires iraniens.

Avec tous les arts de persuasion du monde, ce grand lobbyiste breton connu pour ses liens de vassalité de longue date avec Israël et qui plus est comme l'a très bien dit le MAE iranien, Zarif, dans son tweet de réponse à son adresse, a bâti sa carrière sur la vente d'arme tantôt en Afrique et au prix du sang africain tantôt au Moyen Orient au prix du sang yéménite, ne pourrait convaincre du contraire. Surtout que pour avoir côtoyé les Iraniens tout au long de 4 ans de mandat humiliant de Trump pour l'Europe, marqué par le retrait US de l'accord de 2015 et le refus catégoriques du trio européen d'aider à ce que cet accord survive, Le Drian sait qu'un dialogue Biden Iran, après tout ce que l'Amérique a fait endurer aux Iraniens, ne serait possible qu'à condition d'une levée totale de l'embargo pétrolier et que même dans ce cas, l'Iran ne négocierait ni ses missile ni comme le dit Le Drian son « influence déstabilisatrice régionale ».

Sous les dehors d'un soi-disant souci pour la paix, c'est donc la cause de la guerre que plaide la France atlantiste, devenue la caisse de résonance des intérêts de Tel-Aviv et des caprices de ses amis golfiens sur quoi l'Elysée a fondé sa politique moyen-orientale. Ces informations « classifiées » auxquelles se réfère le MAE de la Macronie ne sauraient sortir que du Mossad dont le tout dernier crime anti-iranien, à savoir l'assassinant de Fakhrizadeh, n'a été ni condamné ni réprouvé par Paris qui au contraire, a pris le soin d'appeler l'Iran à la retenue, comme si le laxisme pro-Entité sioniste était devenu à ses yeux une règle.

La question qui se pose désormais est donc la suivante : si le blocage USA/Iran persiste sous Biden et que l'Iran continue, comme cela a été dit maintes fois, à poursuivre ses efforts nucléaires parfaitement légitimes puis le PGAC n'existe plus, et ce, pour se doter de l'uranium enrichi à 90% voire plus, sur fond de multiplication de ses cascades de centrifugeuses ultraperformantes, que feraient alors M. Le Drian et son gouvernement ? Plaideraient-ils, comme semble le lui avoir demandé Ben Salmane lors de sa dernière conversation téléphonique à Macron, en faveur des frappes aériennes contre Natanz et Fordo? 

Il y a comme un pressentiment qui pousse à répondre par « oui ». Car la France telle que dirigée par Macron n'est plus qu'une « dictature sécuritaire » dépossédée du sens d'intérêt national avec une armée qui tend à servir partout où elle est présente l'intérêt de l'axe US/Israël, diamétralement opposé à celui des États-nations du Moyen-Orient. Cela a été prouvé au Liban en été 2020 juste après la catastrophe du 4 août et nécessite d'être prouvé au Yémen, en Irak, en Syrie, en Iran voire au Maghreb, bref là où il y a de la Résistance.

Il y a cinq jours, le groupe aéronaval avec le porte-avions Charles-de-Gaulle est parti pour la Méditerranée dans le cadre d'un déploiement au premier trimestre de l'année 2021. La ministre française des Armées Florence Parly ayant affirmé que la démarche s'inscrit dans le cadre de l'opération Chammal. Or Chammal est autre nom de cette ingérence militaire dévastatrice de l'axe US/OTAN en Irak qui a débouché sur Daech. Les agences disent que Charles De Gaule se dirigerait ensuite vers le golfe Persique sans doute pour amarrer aux Émirats où la France commande sa coalition navale anti-Iran. D'ici là, Biden prêtera sans doute serment mais au train où vont les événements il n'aura plus trop le temps à se consacrer à Israël, à Netanyahu et à ses soucis iraniens de nature nucléaire. Espérons que la France n'aille pas jusqu'à commettre comme le laisse supposer la sorte de Le Drian jusqu'à s'impliquer directement dans le clash US-Israël/Résistance qui s'annonce...

Car une France qui a effectué pas plus tard que le 9 décembre 2020 un premier tir d'essai d'un missile nucléaire MBDA ASMPA depuis un chasseur Dassault Rafale, et ce au mépris de tout accord anti-prolifération nucléaire, n'a pas le droit de donner des leçons à l'Iran ni d'inventer « le concept de prolifération balistique ». À moins qu'elle veuille devenir une partie de guerre directe contre à la Résistance...

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV