Le samedi 9 janvier, alors même que les troupes US en Irak vivaient l'une des journées les plus terrifiantes post-présidentielles de 3 novembre avec en toile de fond 5 attaques à la bombe visant leurs convois à travers la quasi totalité des artères de communication à Saleheddine, à Nasseriyah, à Samawah, à Hit, les troupes américaines basées dans le nord de Deir ez Zor, soit à Olmar, ce gisement pétro-gazier par où elles contrebandent le pétrole syrien à destination de la Turquie via le Kurdistan irakien, ont tiré sur des maisons des habitants, tuant un enfant de sept ans, Ahed Hani al-Tuqan. Selon SouthFront qui reprend l'info, les obus de mortier qui ont ciblé sa maison, et celles d'autres gens des tribus du nord de Deir ez-Zor, sortaient droit de la bases US à Conoco, cette station de gaz syrienne, prise pour cible il n'y a pas si longtemps d'une attaque aux missiles de la Résistance est-syrienne.
"L'incident" n'a évidemment pas fait la une des médias, n'empêche qu'il a fait toute la lumière sur ce qu'est le vrai état dans lequel se trouve l'US Army en Syrie orientale. En effet à mesure que les manifs anti-US, anti-FDS se multiplient sur la rive est de l'Euphrate, l'armée tribale composée de jeunes anti-occupation de l'est syrien ( Hassaké, Deir ez-Zor) multiplie son action armée, l'une des plus spectaculaires datant de fin novembre et provoquant un lourd bilan non communiqué dans les rangs des GI's et impliquant évidemment des tirs de missiles.
La perspective d'un clash imminent a poussé d'ailleurs cette semaine les forces US à faire relâcher d'abord des dizaines de terroristes daechistes des prisons de Hassaké et de les transférer en renfort à Deir ez-Zor et à al-Tanf et ensuite à procéder à des exercices militaires d'envergure dans l'objectif de "se protéger" contre la Résistance est-syrienne. Le 9 janvier, Conoco a été, un peu à l'image de la Zone verte de Bagdad, le théâtre de l'un de ses exercices qui a tué le petit syrien et que l'US Army organise dans la hâte comme pour contrer à un danger imminent. Ce 10 janvier, les sources militaires, rapportent encore l'arrivée d'un autre convoi militaire bourré de pièces de "Brutus", cette artillerie lourde made in US qui devrait sans doute participer à des exercices supplémentaires vu que la tension anti-US est énorme à Deir ez Zor.
Est-ce suffisant?
Pour les observateurs qui suivent les mouvements de troupes fous des forces américaines entre la Syrie et l'Irak et qui se font visiblement par rotation incessante, la réponse est claire : les Etats Unis d'Amérique auraient perdu les capacités à assurer à leurs troupes au sol tout comme à leurs points de campement en Syrie une Défense aérienne digne de nom d'où la réactivation des "canons" qui n’arriveraient même à la cheville des CESar français comme le reconnaissant Opex360 en août 2019. Mais de quoi est le signe ces exercices à l'artillerie lourde US qui leur vaudraient sans aucun doute l'intensification de la lutte armée anti-US?
Les observateurs politiques qui rappellent le déploiement en mai 2020 à Deir ez-Zor des batteries de missiles Patriot ,dans la foulée de la frappe au missile balistique de précision iranienne contre la base US à Aïn al-Asad, crient au scandale et souligne l'incapacité des USA à les utiliser. Normal puisque ni l'armée syrienne ni l'axe de la Résistance ne sont restées les bras croisés, après des frappes meurtrières de 2019 et de 2020 américano-israéliennes visant les positions des forces syriennes et de leurs alliés irakiennes à Abou Kamal. Ces efforts semblent avoir "neutralisé" de facto tout recours à la force aérienne, atout relatif qui reste encore aux mains des Américains.
Dans un rapport récent, Fox News se réfère à des informations officieuses comme quoi l'armée syrienne serait sur le point d'achever des silos balistiques souterraines, non loin des positions US en Syrie orientale. "En dépit des frappes aériennes américaines et israéliennes de ces deux dernières années, les travaux de construction sont toujours en cours dans une base de missiles iranienne située près de la ville d'Abou Kamal, près de la frontière irakienne, rien qu'en se référant à une image satellite publiée par le compte Twitter Aurora Intel, le 10 janvier, dit la chaîne. " Il s'agirait de la base « Imam Ali », en cours de construction ces derniers temps et où l'armée syrienne semble stocker d'ors et déjà des missiles à guidage de précision que lui a livré l'Iran dans le cadre du pacte militaire signé en juin 2020" .
L'image satellite d'Aurora Intel montre les travaux de construction en cours dans un grand tunnel situé dans la partie nord de la base. Les Syriens et leurs alliés semblent avoir repris la main puisqu'il s'agit d'un silo creusé de plusieurs mètres de profondeur. Même avec la meilleur DCA du monde et-le Patriot a prouvé qu'il n'en était pas une-, les troupes US ne seraient se défendre ni à Deir ez-Zor encore moins à al-Tanf. Et que peut faire les F-18 et les F-35 voire les F-22 US déployés en Jordanie, en Irak, en Arabie saoudite et en Israël contre une cité balistique souterraine où les Iraniens pourraient aider les Syriens à créer leur clip à missiles? Pas grand chose, note un expert cité par SouthFront. " Vendredi 8 janvier, le commandant en chef du CGRI a inauguré une vaste cité balistique souterraine sur les côtes iraniennes en affirmant qu'il s'agit d'une cité parmi des dizaines d'autres. Certes il a évoqué d'abord le territoire iranien mais qui dit que ces "dizaines" n'incluront pas le sol syrien?
L'aviation israélienne a mené une série de frappes contre la base entre 2019 et 2020. Des bâtiments ont été détruits. Mais la construction n'a pas été pour autant interrompue.
Ces jours-ci l'axe de la Résistance célèbre l'un de ses coups historiques et irréversibles infligé à la doctrine militaire US en janvier 2020, à savoir la première attaque de l'histoire post Seconde Guerre mondiale contre une base militaire US. Le fait que le CGRI publie les images de cette cité balistique souterraine a plein de sens, ajoute l'analyste qui se réfère à un article du Washington Post où le journal revient sur " La tragédie d'Aïn al-Asad".
The Washington Post rappelle ensuite les dommages subis qui avaient été dissimulés par le Pentagone, l’Iran ayant utilisé des armes plus puissantes que toutes les armes jamais lancées sur les Américains et encore il n'avait pas cherché à faire saigner l'US Army.
Et le journal d'ajouter : " L’armée américaine a pourtant prétendu qu’aucun soldat américain n’a été tué et 110 survivants ont finalement été diagnostiqués avec des lésions cérébrales traumatiques, certains nécessitant de longues hospitalisations et des thérapies intensives. L'armée a dit plus tard qu'une annonce antérieure de Trump selon laquelle il n'y avait « pas de victimes » était basée sur les meilleures informations dont le Pentagone disposait à l'époque. Or, 29 militaires ont été suffisamment blessés pour recevoir Purple Hearts lors de la frappe. L'un d'entre eux, le major Alan Johnson se livre en ce janvier 2020 aux médias : « J'ai toujours de l'anxiété. J'ai toujours des cauchemars récurrents de réception - juste ce bruit de ces choses qui arrivent. Je ne peux pas penser que quiconque se soit éloigné de cela sans effets, psychologiquement ou émotionnellement, à cause du traumatisme causé par l'événement. Le premier missile a explosé à 1 h 34. Les portes renforcées ont été ouvertes par l'explosion de missiles, qui ont atterri à environ 300 mètres mais semblaient beaucoup plus proches. Affecté à une unité d'aviation de l'armée, je me suis blotti avec des soldats dans un abri en surface. Avec des côtés en plein air et des sacs de sable recouvrant le béton, le bunker a été conçu pour arrêter les petites roquettes, pas les missiles d'une si grande puissance".
Et le journal de conclure : " Johnson n'a aucun souvenir des trois premières explosions et pense que c'est parce que le troisième l'a brièvement assommé, lui et d'autres soldats dans son bunker. Le quatrième missile a explosé à environ 300 mètres. Les cinquième et sixième missiles ont sonné environ 40 secondes plus tard - un à 120 mètres et l'autre à seulement 60 pieds. Johnson a goûté de la « poussière de lune à l'ammoniaque » avant de perdre à nouveau connaissance.
Et en Syrie, les troupes US resteront-elles longtemps à l'abri d'un scénario à Aïn al-Asad bis? Visiblement pas. Et dire que la première cité balistique souterraine syrienne se trouve sur la frontières syro-irakienne, ayant en vue à la fois Aïn al-Asad, Deir ez-Zor et al-Tanf...