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Erdogan «sioniste» ou la trahison des Frères

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le président turc, Recep Tayyip Erdogan. (Photo d'archives)

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré vendredi que son pays souhaitait de meilleures relations avec Israël, ce qui est en pleine contradiction avec ses anciennes prises de position en soutien à la Palestine. Quelles seront les conséquences d’un tel virage pour la Turquie et les courants de l’islam politique dans la région?
À l’issue de la prière du vendredi de cette semaine, Recep Tayyip Erdogan a prononcé des déclarations inhabituelles qui différaient totalement de ses idées précédentes : « La Turquie souhaiterait de meilleures relations avec Israël […] et les pourparlers au niveau du renseignement ont repris entre les deux parties. »
La Turquie et Israël ont nommé, à nouveau, des ambassadeurs qu’ils avaient rappelés en 2018 suite à l’escalade des offensives israéliennes contre la bande de Gaza, selon le quotidien Rai al-Youm

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Le quotidien en ligne continue : « Les relations entre la Turquie et le régime israélien sont anciennes et remontent à 1949 où le gouvernement turc a reconnu la fondation du régime israélien et a donné son feu vert à un échange de délégations diplomatiques entre les deux parties. Bien que les relations turco-israéliennes aient été ternies en 2010 après l’attaque de commandos israéliens contre la flottille de Mavi Marmara, chargée d’aides humanitaires à destination des habitants de Gaza, leurs relations économiques n’ont toutefois pas été touchées si bien que le volume des transactions commerciales entre la Turquie et Israël est passé à 10 milliards de dollars et que les compagnies aériennes turques organisent 60 vols chaque semaine à destination de Tel-Aviv. 

Par ailleurs, la Turquie était, pendant de longues années, un important client d’armes israéliennes. Les transactions d’armes entre les deux parties ont atteint leur apogée en 1974 lorsque la Turquie a occupé le nord de Chypre. À cette époque-là, l’Europe et les États-Unis refusaient de vendre d’armements à la Turquie ». 
Pourquoi ce changement de position ?
Erdogan est actuellement sous le coup des sanctions des États-Unis et de l’Union européenne. Les Américains ont boycotté la Turquie pour avoir acheté le système de défense antimissile russe S-400 et l’Union européenne a, pour sa part, sanctionné Ankara pour des agissements dans l’est de la Méditerranée. Cela dit, Erdogan pourrait demander aux lobbies israéliens aux États-Unis et en Europe d’alléger un peu les sanctions visant son pays, selon Rai al-Youm
Le quotidien continue : « Une autre raison qui pourrait pousser Erdogan à améliorer ses relations avec Tel-Aviv concerne Joe Biden. Il se peut que le président élu américain décide de défendre les Kurdes ou l’opposition turque dont le mouvement Gülen. Dans ce cas-là, Recep Tayyip Erdogan aurait besoin d’un allié comme Israël pour empêcher toute nouvelle tension avec Washington.»

Selon Rai al-Youm, « la décision de certains pays arabes de normaliser leurs relations avec Israël a encouragé Erdogan à les rejoindre afin de réparer ses liens avec l’Arabie saoudite et l’Égypte ». 
« En outre, le président turc n’a pas critiqué le Maroc pour l’accord de compromis qu’il a signé avec le régime israélien alors que la Turquie et le Maroc n’entretiennent vraiment pas d’importantes relations ; parmis les pays du Maghreb arabe, c'est plutôt sur la Tunisie et l'Algérie que se focalise Ankara », a indiqué Rai al-Youm.  

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Le quotidien arabophone conclut : « Erdogan commet une grande erreur s’il projette de mettre fin à son isolement, au niveau régional et international, via la normalisation des relations turco-israéliennes, car il perdra ainsi ses autres amis ». 
Bien que les nouveaux gestes d’Erdogan contredisent visiblement ses positions précédentes, en réalité le président turc n’a jamais été un véritable soutien de la Résistance, et ce qui se passe dans la région vient à l’appui de cette affirmation. 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV